Chypre: Christodoulides donné vainqueur de la présidentielle (sondages)
L'ancien chef de la diplomatie chypriote Nikos Christodoulides est donné vainqueur dimanche de l'élection présidentielle dans l'île de Méditerranée orientale, rapportent des chaînes de télévision en se basant sur des sondages de sortie des urnes.
Le second tour l'opposait à un autre diplomate, Andreas Mavroyiannis, lors d'un scrutin centré essentiellement sur la lutte contre l'inflation et la corruption. Le taux de participation était de 72,2% selon une source officielle
Selon la chaîne CyBC, M. Christodoulides obtiendrait un score entre 50,5% et 53,5%, devançant son rival, Andreas Mavroyiannis, qui aurait entre 46,5% et 49,5%.
Les bureaux de vote ont fermé à 18H00 (16H00 GMT) et les résultats officiels sont attendus d'ici 21H00 (19H00 GMT).
Le scrutin était serré: Nikos Christodoulides, 49 ans, chef de la diplomatie entre 2018 et 2022, était arrivé en tête au premier tour, le 5 février, avec 32,04% des suffrages, devançant de peu un autre diplomate chevronné, Andreas Mavroyiannis, 66 ans (29,59%), ancien ambassadeur en France et en Irlande.
Le premier, soutenu par les partis centristes, comme le deuxième, appuyé par le parti communiste Akel, première force d'opposition du pays, se présentaient comme indépendants.
- "Vivre ensemble" -
Louis Loizides, 51 ans, estimait au contraire que le nouveau président devrait se concentrer sur la politique intérieure. "A mon sens, l'immigration et l'économie sont les deux priorités", confiait-il.
Le vainqueur succèdera au président de droite Nicos Anastasiades, 76 ans, qui achève deux mandats de cinq ans.
Après la défaite de son candidat au premier tour, son parti Disy, qui a exclu M. Christodoulides pour s'être porté candidat contre l'avis du parti, avait refusé de donner des consignes de vote, laissant le jeu ouvert.
La hausse des prix de l'énergie et de la nourriture reste en tête des préoccupations des Chypriotes. L'inflation a atteint 10,9% en 2022, avant un ralentissement en janvier, à 7,1%.
Les communistes ont été très critiqués pour leur gestion de la crise financière de 2012-2013, qui a failli précipiter Chypre, pays membre de la zone euro, dans la faillite.
Pour rassurer, M. Mavroyiannis avait par avance annoncé le nom de celui qui serait son ministre de l'Economie, choisissant un juriste connu, Charalambos Prountzos, expert en droit des entreprises et de l'énergie.
Vasso Pelekanou, une femme de 47 ans, estime que le nouveau président devrait aider les classes moyennes, abandonnées selon elle par le gouvernement sortant. "Les riches sont devenus encore plus riches", déplore-t-elle.
- Lutte contre la corruption -
Le futur chef de l'Etat sera aussi appelé à relancer les pourparlers de paix à l'arrêt depuis 2017. L'île de Chypre, qui a rejoint l'Union européenne en 2004, est divisée depuis l'invasion par la Turquie en 1974 de son tiers nord, en réponse à un coup d'Etat de nationalistes chypriotes-grecs qui souhaitaient rattacher le pays à la Grèce.
La République de Chypre n'exerce son autorité que sur la partie sud de l'île, séparée par la Ligne verte, une zone démilitarisée contrôlée par l'ONU, de la République turque de Chypre-Nord (RTCN), autoproclamée et reconnue seulement par Ankara, où vivent les Chypriotes-turcs.
M. Mavroyiannis, ancien chef des négociateurs chypriotes-grecs dans les pourparlers sur la réunification (2013-2022), avait promis s'il est élu de rouvrir les discussions dès le premier jour. M. Christodoulides affiche une position plus dure.
La lutte contre la corruption a dominé aussi le débat électoral, notamment après le scandale des "passeports en or". Ce programme d'octroi de passeports contre des investissements sur l'île a dû être annulé en raison d'allégations de corruption.
Autre sujet sensible sur cette île proche des côtes du Moyen-Orient et de la Turquie: l'afflux de migrants, pour lequel les deux candidats ont promis d'agir. Les autorités affirment que 6% des 915.000 personnes vivant dans le sud de l'île sont des demandeurs d'asile.
F.Schneider--HHA