Nikos Christodoulides, ex-chef de la diplomatie et plus jeune président de Chypre
L'ancien chef de la diplomatie chypriote Nikos Christodoulides, élu dimanche président de l'île, a travaillé des années au sein du gouvernement conservateur du chef de l'Etat sortant avant de s'en démarquer et se présenter comme "indépendant".
Agé de 49 ans, cet homme soutenu par des partis du centre est le plus jeune chef d'Etat jamais élu à la tête de cette île divisée de Méditerranée orientale, membre de l'Union européenne.
Il a remporté près de 52% des suffrages, devant son rival Andreas Mavroyiannis, qui a obtenu quelque 48% des votes.
Se présentant comme "indépendant", M. Christodoulides était donné favori par les sondages déjà avant le premier tour, même s'il proposait aux électeurs un programme proche de la ligne de Disy, le parti conservateur du président sortant, Nicos Anastasiades, et grand perdant du scrutin.
"Les trois principales questions qui préoccupent les électeurs sont le coût de la vie et du logement, l'immigration et le problème chypriote", la division de l'île méditerranéenne, estime ce diplomate qui fut également professeur à l'Université de Chypre.
Depuis 2017, les pourparlers de paix sont au point mort à Chypre, divisée depuis l'invasion par la Turquie en 1974 du tiers nord de l'île, en réponse à un coup d'Etat de nationalistes chypriotes-grecs qui souhaitaient rattacher le pays à la Grèce.
L'annonce de sa candidature à la présidence en mai 2022 avait suscité des tensions au sein de Disy, qui avait choisi un autre candidat, Averof Neofytou. M. Christodoulides avait fini par être exclu du parti.
Eliminé au premier tour, M. Neofytou avait qualifié M. Christodoulides de "traître".
- Diplomate -
Titulaire d'un doctorat en sciences politiques de l'Université d'Athènes, M. Christodoulides a aussi étudié à Malte et à New York, aux Etats-Unis.
Ayant débuté en 1999 sa carrière diplomatique, il a grimpé les échelons au ministère des Affaires étrangères pour finir par occuper les fonctions de ministre entre 2018 et 2022.
La République de Chypre n'exerce son autorité que sur la partie sud de l'île, séparée par la Ligne verte, une zone démilitarisée contrôlée par l'ONU, de la République turque de Chypre-Nord (RTCN), autoproclamée et reconnue seulement par Ankara.
Tout au long de la campagne électorale, Nikos Christodoulides s'est montré plus rigide que ses adversaires sur la question de la reprise des pourparlers sur la réunification de l'île.
Et s'est dit ouvert à l'idée d'intégrer dans son gouvernement des partis d'extrême droite comme Elam, arrivé à la quatrième place au premier tour avec 6% des votes et fortement opposé à tout projet de réunification de l'île.
- Prises de position critiquées -
M. Christodoulides a également prôné une "tolérance zéro" face à la corruption après le scandale des "passeports dorés". Ce programme d'octroi de passeports contre des investissements sur l'île a été annulé en raison d'allégations de corruption, entachant l'image du gouvernement sortant où il était ministre.
Critiqué par ses pairs européens pour ses prises de position considérées comme prorusses, il a finalement durci progressivement le ton à l'égard de la Russie, après son invasion de l'Ukraine.
Autre sujet brûlant pour le nouveau chef d'Etat: l'afflux de migrants sur l'île. Les autorités affirment que 6% des 915.000 personnes vivant dans le sud de l'île sont des demandeurs d'asile.
Chypre détient le deuxième taux le plus élevé de primo-demandeurs d'asile par rapport à sa population dans l'Union européenne (UE), derrière l'Autriche, selon des chiffres de l'UE.
M. Christodoulides a promis un examen plus rapide des demandes d'asile avec pour objectif 3.000 dossiers par mois.
Marié, il est père de quatre filles.
H.Beehncken--HHA