Frappes aériennes israéliennes sur Gaza, un Palestinien tué en Cisjordanie
L'armée israélienne a frappé lundi avant l'aube un camp militaire du Hamas à Gaza et mené une nouvelle incursion dans la ville de Naplouse, en Cisjordanie occupée, au cours de laquelle un Palestinien a été tué.
Disant agir "en riposte" à une roquette tirée samedi soir à partir de la bande de Gaza et détruite par la défense antiaérienne israélienne, l'armée a déclaré avoir frappé "un complexe souterrain contenant des matières premières utilisées pour la fabrication de roquettes appartenant" au Hamas, le mouvement islamiste palestinien au pouvoir à Gaza.
Ces nouveaux affrontements surviennent sur fond de craintes d'un déchaînement de violence incontrôlable alors que le conflit israélo-palestinien connaît une nette escalade depuis le début de l'année.
Des journalistes de l'AFP à Gaza ont vu plusieurs explosions illuminer la nuit.
Selon le porte-parole du ministère de l'Intérieur à Gaza, les frappes nocturnes ont fait de "gros dégâts à quatre maisons, une salle de mariage et une station-essence" à proximité du camp militaire visé par les missiles israéliens, dans la sud-ouest de la ville de Gaza. Aucune victime n'a été recensée.
Mince territoire côtier, la bande de Gaza et ses 2,3 millions d'habitants sont sous blocus israélien depuis que le Hamas y a pris le pouvoir en 2007.
A Naplouse, ville du nord de la Cisjordanie occupée, où l'armée multiplie depuis près d'un an ce qu'elle présente comme des opérations nocturnes "antiterroristes" à la recherche de "suspects", les forces israéliennes ont mené un nouveau raid dans la nuit de dimanche à lundi.
Selon l'armée, les soldats y ont arrêté cinq Palestiniens, dont deux accusés d'avoir tué un soldat israélien en octobre 2022.
- 56 morts depuis janvier -
Les forces israéliennes ont encerclé un bâtiment du centre de la ville, et des affrontements armés ont eu lieu durant cette incursion, selon des témoins.
Le ministère de la Santé a fait état de la mort d'un Palestinien de 21 ans, Amir Ihab Boustami, à Naplouse pendant la nuit. Un photographe de l'AFP a vu le cadavre dans un hôpital de la ville.
Depuis le début de l'année, le conflit israélo-palestinien a coûté la vie à 47 Palestiniens (parmi lesquels des membres de groupes armés et des civils, dont des mineurs), neuf civils israéliens (dont trois mineurs) et une Ukrainienne, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de sources officielles israéliennes et palestiniennes.
Dans un geste susceptible d'exacerber les tensions, le cabinet de sécurité israélien a annoncé dimanche qu'il allait légaliser neuf colonies juives en Cisjordanie occupée. Le cabinet a présenté cette mesure comme une réponse à une série d'attaques palestiniennes à Jérusalem-Est (occupée et annexée par Israël), dont une ayant fait trois morts vendredi.
Ces colonies étaient jusque-là illégales au regard du droit israélien car établies sans l'aval du gouvernement, mais pour l'ONU toute l'entreprise de colonisation juive en Cisjordanie est illégale au regard du droit international.
- "Punir et boycotter" -
"La décision du gouvernement israélien de +légitimer+ [ces colonies], s'inscrit dans le cadre des mesures d'annexion pratiquées par ce gouvernement extrémiste", a réagi le Premier ministre palestinien Mohammad Shtayyeh lundi en Conseil des ministres.
"Il est temps que le monde punisse Israël pour son mépris des résolutions des Nations unies", a-t-il ajouté, appelant à "punir Israël, à le boycotter et à le considérer comme un État hors-la-loi".
Israël occupe la Cisjordanie depuis la guerre israélo-arabe de juin 1967. Plus de 475.000 Israéliens résident dans des colonies en Cisjordanie (hors Jérusalem-Est), où vivent 2,8 millions de Palestiniens.
Le cabinet de sécurité a également fait savoir qu'il avait l'intention d'annoncer un nouveau cycle de constructions de logements pour les colons en Cisjordanie, mesure susceptible de susciter une large condamnation internationale.
En visite à Jérusalem et à Ramallah (Cisjordanie) pour tenter d'apaiser les tensions, le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken avait mis en garde fin janvier contre toute expansion des colonies juives.
A Amman, le ministère des Affaires étrangères jordanien a appelé "la communauté internationale à agir de toute urgence pour faire cesser les mesures unilatérales israéliennes qui sapent toutes les chances de paix", et jugé que les dernières annonces israéliennes ne feraient qu'entraîner "davantage de violences".
P.Meier--HHA