En grève et dans la rue, les médecins libéraux exigent un meilleur traitement
Cabinets fermés et manifestation à Paris: remontés contre l'Assurance maladie et le gouvernement, les médecins libéraux continuent à faire pression mardi, pour obtenir de meilleurs tarifs et bloquer une réforme qui facilite l'accès à d'autres soignants.
Tous les syndicats de médecins libéraux, des généralistes aux spécialistes, des internes aux remplaçants, appelaient "à la grève ce mardi" et à "une manifestation unitaire à Paris".
Quelques milliers de praticiens ont répondu au rendez-vous et se sont rassemblés en début d'après-midi près du ministère de la Santé, a constaté un journaliste de l'AFP.
Derrière leurs chefs de file arborant en tête de cortège une banderole "Tous unis face au mépris", le cortège s'est élancé vers 13H30 en direction du Sénat, où une proposition de loi sur "l'accès direct" à certains paramédicaux (infirmiers, kinés, orthophonistes) doit être examinée en fin de journée.
Un texte accusé de "mettre en danger la santé" de la population "en contournant la fonction de coordination du médecin traitant". Même l'Ordre des médecins s'en est ému, pointant le risque d'une "médecine à deux vitesses" et annonçant sa présence dans le cortège.
Des arguments battus en brèche par leur ministre François Braun. Il a affirmé mardi sur franceinfo que cette réforme visait à "donner plus de temps de soin" aux médecins. "Je comprends leur inquiétude, pas leur hostilité", a-t-il ajouté.
La réforme est aussi soutenue par les infirmiers, dont 50 syndicats et associations ont dénoncé mardi "une opposition systématique des médecins à toute évolution des (autres) professions de santé".
L'Association des maires de France s'est aussi dite "favorable" à cette proposition de loi, selon une note consultée par l'AFP. De même que les associations de patients, dont la fédération, France Assos Santé, a jugé que le texte contenait "des progrès concrets sur l'accès aux soins"
- "Donnant-donnant" -
Les syndicats de médecins dénoncent au contraire un "démantèlement de la médecine en France et la destruction de notre système de santé". Ils espèrent faire mieux que leur défilé du 5 janvier, qui avait rassemblé entre 2.300 et 4.000 praticiens.
Une jauge qui pourrait être dépassée, car la colère a encore enflé début février, quand l'Assurance maladie a proposé une hausse d'à peine 1,50 euro de la consultation de base - de 25 à 26,50 euros. "Une provocation" pour les syndicats, qui n'attendent pas moins de 30 euros, montant que M. Braun lui-même a jugé "pas absurde".
D'autres réclament un acte à 50 euros, comme le collectif Médecins pour demain, à l'origine de précédentes fermetures des cabinets en décembre et pendant les Fêtes. Sa présidente Sophie Bauer a estimé sur franceinfo qu'il en coûterait "5 milliards d'euros", le prix à payer selon elle pour "rattraper des années d'indigence".
"La négociation n'est pas terminée", a répondu sur France Inter le directeur de l'Assurance maladie, Thomas Fatôme, soulignant que son offre représente déjà 500 millions d'euros, soit "7.000 euros d'honoraires supplémentaires" par an et par médecin.
Avant de recevoir à nouveau les syndicats jeudi, il s'est dit prêt à "aller plus loin dans ces revalorisations, mais dans une logique de donnant-donnant". Des contreparties sont donc attendues, afin que les médecins s'engagent à "prendre davantage de patients, faire des gardes, assurer des soins non-programmés", a-t-il précisé.
Cette ligne reste soutenue par le gouvernement, dont le porte-parole Olivier Véran a expliqué sur France 2 qu'il fallait "aussi que cet effort financier puisse aider au changement des pratiques", tout en rappelant que l'exécutif veut également augmenter le nombre d'assistants médicaux subventionnés, afin "que le temps médical disponible soit du temps médical utile pour les malades qui en ont besoin".
M.Schneider--HHA