Hamburger Anzeiger - Avec 100 juges confirmés, Biden veut diluer la marque de Trump sur les tribunaux

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Avec 100 juges confirmés, Biden veut diluer la marque de Trump sur les tribunaux
Avec 100 juges confirmés, Biden veut diluer la marque de Trump sur les tribunaux / Photo: POOL - GETTY IMAGES NORTH AMERICA/AFP

Avec 100 juges confirmés, Biden veut diluer la marque de Trump sur les tribunaux

Le Sénat des Etats-Unis a confirmé mardi le 100e juge fédéral nommé par Joe Biden qui, avec la diversité comme credo, tente de diluer l'empreinte conservatrice laissée sur les tribunaux par son prédécesseur Donald Trump.

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Gina Mendez-Miro, une juriste de 49 ans, a obtenu le soutien de 54 sénateurs sur 100 et va devenir magistrate dans le tribunal fédéral de Puerto Rico.

Spécialiste du droit du travail, hispanique et lesbienne, elle incarne ces nouveaux profils mis en avant par le président démocrate qui, dans un communiqué, s'est dit "fier" d'avoir promu des candidats "représentant la diversité" des Etats-Unis.

"76% des juges confirmés sous mon administration sont des femmes et 68% des personnes de couleur", a-t-il noté, en soulignant avoir également choisi des carrières atypiques avec une expérience dans la défense des personnes démunies par exemple.

Il a aussi fait entrer, pour la première fois de l'histoire, une femme noire, Ketanji Brown Jackson, à la Cour suprême.

Selon la Constitution américaine, le président nomme à vie les juges de la Cour suprême et les magistrats fédéraux. Il revient ensuite à la Chambre haute du Congrès de confirmer ce choix par un vote.

Les démocrates ayant le contrôle du Sénat depuis deux ans, Joe Biden a pu faire valider ses candidats à un rythme accéléré. A ce stade de son mandat, Donald Trump n'avait pu faire confirmer "que" 85 juges.

Ayant conservé le Sénat aux élections de novembre, Joe Biden pourra continuer à ce rythme jusqu'en 2024. Après Mme Mendez-Miro, les sénateurs ont d'ailleurs confirmé deux autres de ses candidats.

- Hommes blancs -

Son intérêt pour la diversité représente un revirement majeur: en quatre ans, Donald Trump a fait entrer plus de 230 juges dans les tribunaux fédéraux, dont trois quarts d'hommes et 85% de personnes blanches.

Ses critères étaient ailleurs: pour plaire à ses électeurs conservateurs, le républicain avait promis de choisir des magistrats opposés à l'avortement, défenseur du port d'armes et des libertés religieuses.

Il a ainsi laissé une marque durable sur le système judiciaire, dont les effets se font particulièrement ressentir à la Cour suprême, qui a nettement viré à droite depuis son remaniement.

En juin, la haute juridiction, dont il a renouvelé un tiers des Sages, a dynamité le droit à l'avortement, étendu celui à porter une arme à feu et a limité les moyens du gouvernement fédéral de lutter contre le réchauffement climatique.

Pour inverser la tendance, Joe Biden agit vite. Une cinquantaine de juges choisis par ses soins attendent leur confirmation.

Pour lui donner des marges de manoeuvre, plusieurs juges de sensibilité démocrate ont pris une retraite ou pré-retraite. A l'heure actuelle, près de 90 sièges, sur les quelque 870 au total, sont à pourvoir.

- "Shopping judiciaire" -

S'il rivalise avec Donald Trump pour ce qui est de la cadence, Joe Biden n'a toutefois pas le même impact car le républicain avait pu remplacer des juges nommés par des présidents démocrates, changeant la coloration politique des tribunaux.

Pendant son mandat, trois des treize influentes cours d'appel fédérales sont ainsi passées d'une majorité de juges nommés par des présidents démocrates à une majorité de magistrats choisis par des présidents républicains.

Joe Biden est en voie d'en "reprendre" une, seulement.

Donald Trump a pu avoir cet impact, parce que les républicains, qui avaient repris la chambre haute en 2014, avaient bloqué une grande partie des juges choisis par Barack Obama dans les deux dernières années de son mandat.

Une centaine de postes étaient donc à pourvoir quand Donald Trump est entré à la Maison Blanche.

Ces jeux politiques ont mis à mal l'image d'impartialité des tribunaux américains et renforcé le "shopping judiciaire", qui consiste à déposer plainte de manière stratégique dans un tribunal précis.

Dernier exemple en date: des opposants à l'avortement ont déposé plainte contre la pilule abortive à Amarillo, au Texas, où le seul juge fédéral, nommé par Donald Trump, est connu pour ses vues ultra-conservatrices. Leur espoir? qu'il interdise la mifépristone (ou RU 486) sur tout le territoire américain.

F.Carstens--HHA