Retraites: coup de semonce des LR avant une 5e journée d'action
Après avoir rejeté un article du texte mais sans remettre en cause leur soutien au projet de réforme des retraites, les Républicains ont continué de mettre la pression sur le gouvernement mercredi, à la veille d'une nouvelle journée de mobilisation.
Le patron des LR Eric Ciotti a alterné le chaud et le froid mercredi, rappelant l'appui de son parti à cette "nécessaire" réforme tout en justifiant le rejet la veille de l'article "alibi" instaurant un index des seniors.
Un premier revers majeur du gouvernement à l'Assemblée sur ce projet de loi.
"Ma famille politique a voté hier une motion à la quasi unanimité disant que nous souhaitions voter cette réforme parce qu'elle est nécessaire", a-t-il néanmoins rappelé.
Le vote négatif de mardi apparaît comme une nouvelle preuve de la grande complexité de l'équation du gouvernement, qui mise sur un accord avec LR pour faire adopter le texte.
Le ministre délégué chargé des Relations avec le Parlement Franck Riester n'y voit "pas du tout" un avertissement des LR au gouvernement.
"On continue de discuter avec eux", a-t-il assuré sur Sud Radio, alors que mardi la Première ministre Élisabeth Borne avait dévoilé de nouvelles concessions aux Républicains sur les carrières longues.
- "Mentir" -
Face aux nombreuses demandes de clarifications, le ministre du Travail Olivier Dussopt a surtout tenté d'expliciter mercredi sur France Inter les nouveaux dispositifs sur les carrières longues, tout en soulignant que "dire sur un plateau +personne ne travaillera jamais plus de 43 ans jour pour jour+, ce serait mentir parce qu'il y a toujours des effets de génération".
Le revers du gouvernement a en tout cas requinqué les oppositions. Pour le vice-président du RN Sébastien Chenu, cela prouve qu'on "peut s'opposer à la réforme des retraites à travers le vote et pas à travers l'obstruction" comme la Nupes.
De leur côté, les dirigeants de la Nupes et de plusieurs syndicats se retrouvent à Paris mercredi à la mi-journée pour des discussions stratégiques, a-t-on appris de sources concordantes.
Selon la secrétaire nationale d'EELV, Marine Tondelier, il s'agit pour les participants de se concerter "sur la meilleure manière de procéder chacun à son poste pour gagner".
Des tensions sont en effet apparues au sein de la coalition de gauche, et entre les syndicats et les parlementaires de la Nupes, concernant la stratégie de la France insoumise de ralentir les débats avec des milliers d'amendements.
Le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, et son homologue de la CGT, Philippe Martinez, ont tous deux souhaité que le débat et le vote puisse avoir lieu sur l'article 7, qui porte la mesure d'âge.
A l'Assemblée, les députés vont redémarrer à 15H00 sur une série d’amendements de la Nupes après l’article 2, pour la taxation des "superprofits" ou des dividendes.
"Les trois jours vont être compliqués et ça va se tendre de plus en plus à l’approche de la fin", s’inquiète une cadre Renaissance.
- "Un million de signatures" -
L'intersyndicale prévoit une nouvelle journée de mobilisation jeudi, et menace de mettre le pays "à l'arrêt" le 7 mars si le gouvernement ne renonce pas à reporter l'âge de la retraite à 64 ans.
Lancée en janvier, la pétition des 8 syndicats (CFDT-CGT-FO-CFE-CGC-CFTC-Unsa-Solidaires-FSU) contre une réforme des retraites jugée "injuste et brutale" a atteint le cap symbolique d'un million de signatures, selon la plateforme change.org.
Jeudi, les numéros un de l'intersyndicale défileront à Albi, symbole de cette France des petites villes très mobilisée contre la réforme. A Paris, la manifestation partira de Bastille en direction de la place d'Italie.
Après 963.000 manifestants, selon les autorités, plus de 2,5 millions selon les syndicats samedi, l'affluence devrait être moindre jeudi. Au plan national, une source policière dit attendre entre 450 et 650.000 personnes, dont 40 à 70.000 personnes à Paris.
Les perturbations s'annoncent limitées dans les transports, avec 4 TGV sur 5 en circulation et un trafic normal dans le métro parisien. Seul 1 TER sur 2 circulera en revanche dans les régions et à Paris, et le service sera partiellement perturbé sur certains trains de banlieue.
De même, 30% des vols à Orly seront annulés, et des aéroports en région affectés.
L.Keller--HHA