Retraites: 5e jour de mobilisation avant un vote toujours hypothétique à l'Assemblée
Avant de "mettre à l'arrêt" la France le 7 mars, les syndicats organisent jeudi leur cinquième journée de mobilisation contre la réforme des retraites pour maintenir la pression sur les députés, qui espèrent encore pouvoir débattre de l'âge légal d'ici vendredi minuit grâce au retrait de nombreux amendements.
En pleine période de vacances scolaires, à l'exception de l'Ile-de-France et de l'Occitanie, la participation aux grèves s'annonce en nette baisse.
A Marseille, où les manifestants ont commencé à se rassembler sur le Vieux Port, Théo Serres, 30 ans, reconnait qu'"il y aura peut-être un petit peu moins de monde", tout en prévenant que "si on nous force à durcir le mouvement et aller vers une grève plus dure, eh bien on sera là!".
Les perturbations sont limitées dans les transports, avec 4 TGV sur 5 en circulation et un trafic normal dans le métro parisien. Néanmoins, des vols sont annulés, dont 30% des vols à Paris-Orly, et des agents d'EDF ont baissé la production d'électricité, sans provoquer de coupures de courant.
Après un samedi qui a mobilisé 963.000 manifestants selon les autorités, la police dit attendre entre 450 et 650.000 personnes dans la rue, dont 40 à 70.000 à Paris.
Mais, une fois n'est pas coutume, les numéros un des huit principaux syndicats manifesteront à Albi (50.000 habitants), pour "braquer le projecteur" sur cette France des villes moyennes très mobilisée, selon les termes de Laurent Berger (CFDT).
"L'idée c'est de maintenir la mobilisation" mais "aujourd'hui, les chiffres importent peu", a souligné dans cette ville le patron de la CGT Philippe Martinez, ajoutant qu'"après cette période de congé scolaire, il y a besoin de hausser le ton".
Faute de réussir à infléchir l'exécutif, l'intersyndicale a adressé un courrier aux parlementaires, hormis ceux du RN, pour leur demander de rejeter la réforme "et plus particulièrement son article 7", qui porte le recul de l'âge légal de départ de 62 à 64 ans.
- "Epreuve de vérité" -
Le temps est compté pour les députés qui, après plusieurs jours d'empoigne stérile, abordent la dernière ligne droite de leurs débats jusqu'à vendredi minuit, heure couperet de l'examen du texte avant sa transmission au Sénat.
Pour accélérer, la gauche a décidé de retirer de nombreux amendements. Dans l'hémicycle, les débats avancent péniblement jeudi, avec des députés d'opposition interpellant le gouvernement sur le dispositif de carrières longues: 43 à 44 ans de cotisation selon l'âge d'entrée dans le monde du travail avant 21 ans.
Si certains espèrent "passer au vote le plus vite possible" sur l'article 7, à l'instar du socialiste Philippe Brun, une partie de la gauche redoute cependant qu'un vote ne "porte un coup au mouvement social", selon le chef du groupe communiste André Chassaigne.
"Ils ont peur du vote", a répliqué sur France Inter Aurore Bergé (Renaissance), convaincue que la majorité "aura les voix" pour faire passer cet article clé qui "revient à voter la réforme".
De son côté, le RN a déposé mercredi une motion de censure, afin de savoir qui est "pour ou contre la réforme", a affirmé sa cheffe de file Marine Le Pen.
Et répondre ainsi à Emmanuel Macron qui ironisait en Conseil des ministres mercredi sur des oppositions qui "n'ont plus de boussole".
Une petite phrase qui a aussi agacé le député LR Aurélien Pradié, dénonçant la "méthode de fracturation" du chef de l'Etat.
Vote ou pas, les syndicats se réservent pour la journée du 7 mars, l'intersyndicale ayant appelé à "mettre la France à l'arrêt", une action soutenue par 58% des Français selon un sondage Elabe pour BFMTV.
Ce sera "l'épreuve de vérité", a affirmé le député LFI François Ruffin, le moment "où on doit arrêter Macron".
"Il faut que plus rien ne fonctionne le 7 mars", a déclaré Murielle Guilbert (Solidaires), lors d'un meeting féministe mercredi soir. Et le 8 mars, journée internationale des droits des femmes, "toutes les femmes doivent être dans la rue et partout !".
Et, alors que quelques lycées sont bloqués et des sites universitaires fermés, les principales organisations de jeunesse annoncent une journée de mobilisation nationale le 9.
De quoi donner des envies de grèves reconductibles à partir du 7 mars. Si l'intersyndicale n'y a pas appelé, certaines confédérations comme Solidaires y sont favorables. Les syndicats de la RATP l'ont déjà annoncé ainsi que la CGT éboueurs.
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E.Bekendorp--HHA