Ukraine et tension sino-américaine au programme de la Conférence de Munich sur la sécurité
La guerre en Ukraine, près d'un an après l'invasion russe, et les tensions exacerbées entre Pékin et Washington constituent les principaux enjeux de la Conférence de Munich sur la sécurité qui débute vendredi.
Plus de 150 représentants gouvernementaux vont se retrouver pour cette grand-messe consacrée aux questions de sécurité internationale qui se tient chaque année dans la capitale bavaroise.
Le chancelier allemand Olaf Scholz et le président français Emmanuel Macron figureront parmi les têtes d'affiche vendredi.
Le chef de la diplomatie chinoise Wang Yi, la vice-présidente américaine Kamala Harris, le chef de la diplomatie Antony Blinken ainsi que le chef de l'Otan Jens Stoltenberg, qui quittera ses fonctions à l'automne, seront aussi présents.
Aucun responsable russe n'a été invité cette année.
Les dirigeants occidentaux devraient renouveler leur engagement à soutenir Kiev aussi longtemps qu'il le faudra pour repousser l'agression russe, engagée le 24 février 2022, à la fois financièrement et militairement.
Car le conflit qui s'enlise actuellement dans l'est et notamment à Bakhmout ne donne aucun signe d'apaisement.
Dans ce contexte, le ministre des Affaires étrangères ukrainien Dmytro Kouleba, attendu aussi à Munich, exclut à ce stade toute chance de mettre un terme au conflit par la diplomatie, dans un entretien au groupe de média Funke.
"Comment une telle initiative pourrait-elle fonctionner? Est-ce que le prix pour la paix devrait vouloir dire que la Russie reste dans les territoires qu'elle occupe en Ukraine?", s'est-il interrogé, estimant que cela n’empêcherait pas le Kremlin de reprendre son offensive militaire plus tard.
- Nouveau paquet de sanctions -
Après une année de combats qui ont fait des dizaines de milliers de victimes dans les deux camps, l'Otan appréhende une prochaine nouvelle offensive russe.
"Nous devons être préparés pour le long terme, cela peut durer de très nombreuses années", a averti Jens Stoltenberg dans un entretien à l'AFP jeudi.
Les pays occidentaux soutiennent notamment Kiev via des livraisons d'armements à Kiev et des sanctions économiques à l'encontre de la Russie.
A cet égard, Washington et ses alliés préparent l'adoption d'"un nouveau gros paquet de sanctions" "autour du 24 février”, a indiqué jeudi Victoria Nuland, secrétaire d'Etat adjointe aux affaires politiques.
Ces sanctions cibleront des personnes, renforceront les restrictions bancaires et toucheront des pays tiers permettant à la Russie de contourner les sanctions, a-t-elle précisé.
Les chefs de la diplomatie des pays du G7 doivent se réunir samedi en marge de la conférence de Munich sur la sécurité.
Les pays occidentaux ont déjà imposé des sanctions drastiques contre la Russie depuis son invasion de l'Ukraine frappant au plus haut niveau de l'Etat russe, ainsi que son industrie, ses banques et le secteur pétrolier.
- Tensions avec la Chine
Les tensions entre les Etats-Unis et la Chine, exacerbées par le survol du sol américain par un ballon chinois, risquent aussi de figurer en bonne place au menu des discussions à la conférence.
Pékin a insisté sur le fait qu'il s'agissait d'un ballon à usage civil et a riposté en accusant les Etats-Unis de faire voler des ballons au-dessus de leur territoire. Anthony Blinken avait reporté sa visite en Chine dans la foulée.
Ces dissensions tombent mal à un moment où les Européens, notamment l'Allemagne et la France, espèrent toujours convaincre la Chine, qui reste un proche allié de Moscou, de faire pression sur Vladimir Poutine afin qu'il mette un terme à la guerre.
En novembre, Olaf Scholz s'était rendu à Pékin où il avait rencontré le président Xi Jinping.
Et L'Elysée a confirmé jeudi qu'une visite d'Emmanuel Macron en Chine "au premier semestre" était bien "en cours de préparation". Le président français a personnellement reçu Wang Yi mercredi.
Ce dernier doit se rendre à Moscou, après une tournée européenne. Ses interlocuteurs français l'ont notamment "encouragé" à "transmettre des messages" pour que "la Russie revienne à la table des négociations" et "cesse les bombardements" contre les civils, a indiqué un conseillé du chef de l'Etat français.
F.Schneider--HHA