Hamburger Anzeiger - Rare rencontre entre Blinken et Wang Yi à Munich

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Rare rencontre entre Blinken et Wang Yi à Munich
Rare rencontre entre Blinken et Wang Yi à Munich / Photo: Odd ANDERSEN - AFP

Rare rencontre entre Blinken et Wang Yi à Munich

Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a rencontré samedi soir à Munich le Chinois Wang Yi au moment où les relations entre les Etats-Unis et la Chine se sont tendues après l'incident du ballon chinois abattu par l'armée américaine, a indiqué un porte-parole du département d'Etat.

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La rencontre, qui faisait l'objet de multiples spéculations alors que les deux hauts diplomates se trouvent à Munich (Allemagne) pour la Conférence sur la sécurité, s’est déroulée dans un lieu non immédiatement dévoilé, à l'abri des médias.

Elle intervient après que le président américain Joe Biden a manifesté cette semaine sa volonté d'apaiser les tensions entre les deux grands rivaux, se disant même prêt à parler au dirigeant chinois Xi Jinping malgré l'affaire du ballon qui a ravivé les tensions entre Washington et Pékin.

La rencontre, ardemment souhaitée du côté des responsables américains, intervient après que le secrétaire d'Etat américain ait dû reporter in extremis un rare déplacement début février à Pékin en raison de l'incident.

Plus tôt samedi, le chef de la diplomatie chinoise avait pourtant livré une violente charge contre Washington, dénonçant sa réaction "hystérique" au survol d'un ballon et son "protectionnisme" économique.

Devant un parterre de dirigeants et d'experts internationaux , Wang Yi a dressé un réquisitoire contre les Etats-Unis.

Première cible: la réaction américaine, jugée "absurde et hystérique" au survol du territoire américain par un ballon chinois.

Cet aéronef, un ballon d'espionnage selon Washington, un objet "civil" assure Pékin, a été abattu le 4 février par un avion de l'armée de l'air américaine.

"Il y a beaucoup de ballons dans le ciel, de différents pays. Voulez-vous abattre chacun d'entre eux? Cela ne montre pas que l'Amérique est forte", s'est emporté à la tribune Wang Yi.

Pour ce haut-diplomate, "c'est un abus à 100% de l'utilisation de la force".

Il s'agissait d'un simple ballon de recherche météo ayant dérivé accidentellement dans l'espace aérien américain, a répété le chef de la diplomatie.

- "Intrusion" -

"Nous demandons instamment aux Etats-Unis de ne pas faire de telles choses absurdes simplement pour détourner l'attention de leurs problèmes intérieurs", a mis en garde Wang Yi.

"Nous avons demandé aux Etats-Unis de gérer cette situation de manière calme et professionnelle", a-t-il estimé.

"Malheureusement, les Etats-Unis ne tiennent pas compte de ces faits et utilisent des avions de chasse de pointe pour abattre un ballon avec leurs missiles, ce qui est, selon moi, absurde et hystérique", a fustigé Wang Yi.

Le chef de la diplomatie chinoise s'est dans la foulée entretenu avec le ministre japonais des Affaires étrangères, Yoshimasa Hayashi. "J'ai dit que si un ballon pénètre dans l'espace aérien de notre pays sans autorisation, cela serait considéré comme une intrusion, quel que soit le pays d'où il provient", a déclaré le ministre japonais à l'issue de la rencontre.

Wang Yi a présenté son pays comme un champion de la "paix", un mot répété une trentaine de fois, et redit que Moscou et Kiev devaient "s'asseoir autour de la table et trouver" une issue "politique" au conflit.

La vice-présidente américaine, Kamala Harris, également présente à Munich, a mis en question la neutralité affichée par la Chine.

- "Récompenser l'agressio" -

Les Etats-Unis sont "troublés par le fait que Pékin a approfondi ses relations avec Moscou depuis le début de la guerre", a-t-elle souligné.

"Toute démarche de la Chine visant à fournir un soutien létal à la Russie ne ferait que récompenser l'agression, poursuivre les tueries et saper davantage un ordre fondé sur des règles", a prévenu la vice-présidente.

Les Européens de leur côté, notamment l'Allemagne et la France, espèrent toujours convaincre la Chine de faire pression sur le président russe Vladimir Poutine afin qu'il mette un terme à la guerre.

Paris avait estimé jeudi que "le temps de la reconnexion" avec la Chine, où le président français Emmanuel Macron se rendra bientôt, était venu.

Mais entre Washington et Pékin, les différends sont nombreux : déséquilibre des relations commerciales, situation à Hong Kong, relations américaines avec Taïwan, droits de l'Homme ou encore rivalité technologique.

C'est sur ce dernier aspect que Wang Yi a poursuivi sa charge, dénonçant les restrictions américaines aux exportations de puces électroniques.

Ces restrictions relèvent à "100%" du "protectionnisme". Elle sont à "100% égoïstes, 100% unilatérales" et sont "en grave violation du principe de libre échange", a fait valoir le chef de la diplomatie chinoise.

Le chef de l'Otan, Jens Stoltenberg, également présent à Munich, a appelé samedi les Occidentaux à "ne pas faire la même erreur avec la Chine" qu'avec la Russie, qui a créé des liens de dépendance énergétique avec l'Europe.

H.Eggers--HHA