Hamburger Anzeiger - Avoir 18 ans en Ukraine: la vie malgré la solitude, l'éloignement ou la douleur

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Avoir 18 ans en Ukraine: la vie malgré la solitude, l'éloignement ou la douleur
Avoir 18 ans en Ukraine: la vie malgré la solitude, l'éloignement ou la douleur / Photo: Genya SAVILOV - AFP

Avoir 18 ans en Ukraine: la vie malgré la solitude, l'éloignement ou la douleur

Depuis un an, la guerre a bouleversé leur existence et suspendu les projets de Marko, Oleksandra et Nikol, trois jeunes ukrainiens qui entendent bien continuer à vivre malgré la solitude, l'éloignement ou la douleur.

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Dans l'appartement familial à Kiev où il vit désormais seul, Marko montre le sapin de Noël 2021 qui trône encore dans un coin du salon.

"C'est un peu symbolique, comme si la vie s'était arrêtée depuis la guerre", dit le jeune étudiant en informatique, qui fêtera ses 18 ans dans deux mois.

Il avait quitté Kiev le 14 février 2022, dix jours avant le début de l'invasion russe, pour aller à Lviv, dans l'ouest.

Il est retourné dans la capitale ukrainienne fin juin, après avoir passé plusieurs semaines successivement en Pologne, en Angleterre et en Espagne, chez des proches ou des amis. Séparés, sa mère est installée aux Pays-Bas, son père vit entre Lviv et Kiev.

- "Stress" -

"J'étais vraiment heureux de revenir ici, même si c'est une expérience très stressante (...) Mes amis n'étant plus là - ils étaient en Europe, très peu sont revenus -, je me suis senti totalement isolé dans ma ville (...) Cela a été assez difficile à gérer psychologiquement", relate-il.

Depuis, il s'est refait un cercle d'amis pour sa première année à l'université, mais il a dû à partir d'octobre subir les frappes russes sur les infrastructures énergétiques de la capitale, qui provoquent des coupures de courant quotidiennes.

"Au début j'étais abasourdi, c'était difficile de retourner étudier, j'étais mentalement distrait (...) C'est aussi assez effrayant car on ne sait pas où les missiles vont tomber", se souvient-il.

A Bonn, en Allemagne, où elle se trouve chez une tante depuis fin mars 2022, Oleksandra, 19 ans, évoque aussi ses amis restés en Ukraine qui lui parlent "des coupures de courant, des raids aériens, des attaques massives de missiles, et comment la vie est difficile".

"On ne peut pas s'empêcher de penser à ce qui se passe là-bas (...) Vos amis, vos parents, vos proches, toute votre vie est restée" en Ukraine, explique la jeune femme, qui vivait et étudiait le droit à Kharviv (est), ville assiégée par les Russes au début de la guerre.

Au début elle pensait rester deux semaines en Allemagne, puis retourner dans sa ville.

"Je n'avais pas envisagé cette vie pour moi. Jusqu'au 24 février (2022), tout se passait comme prévu, je voulais étudier le droit. Maintenant je n'ai pas cette possibilité", regrette-t-elle lors d'un entretien téléphonique.

"J'espère que la guerre va s'arrêter dans six mois, dans un an, et que je pourrai reprendre mes études" à Kharkiv, espère-t-elle.

Nikol, 22 ans, "rêve" aussi de retourner chez elle à Marioupol (sud), la cité portuaire en grande partie détruite après avoir été assiégée des mois durant par l'armée russe, et qui est tombée en mai.

Diplômée en relations internationales et sans emploi, elle vit avec sa sœur à Kiev.

Sa mère, malade et évacuée de Marioupol où les médicaments manquaient, est décédée à l'hôpital de Zaporijjia (sud) où elle avait été transportée.

"Je peux être triste à cause de certains souvenirs et moments de la vie, mais je ne peux pas dire que je suis malheureuse", dit-elle à l'AFP.

"Je ne peux m'empêcher d'être reconnaissante d'être assise ici et de vous parler. Quand votre vie est en danger et que vous auriez pu mourir 1.000 fois mais que cela n'est pas arrivé, on apprécie juste ce qu'il nous reste", ajoute-t-elle.

- Loin du front -

Marko se dit aussi "très heureux d'être en vie", même si "c'est stressant, un stress constant, en partie à cause de la guerre, en partie parce que c'est difficile de passer à la vie d'adulte dans ces conditions".

"Je suis assez loin de la ligne de front, je vis ici dans un confort relatif, je n'ai pas à prendre un fusil chaque matin pour défendre le pays", dit-il, en se demandant s'il serait "bon" dans l'armée, "assez courageux pour ça".

"Si tes camarades doivent s'occuper de sauver quelqu'un qui est en état de choc sur la ligne de front, alors tu peux être un fardeau. Je ne veux pas être cette personne", ajoute l'étudiant, qui a apprécié être bénévole dans une ONG ukrainienne, pour aider à déblayer les gravats de maisons détruites, notamment à Boutcha et Irpin, dans la banlieue de Kiev.

Oleksandra, elle, a un ami âgé de 25 ans qui est depuis une semaine sur la ligne de front à Bakhmout (est), épicentre des combats entre forces ukrainiennes et russes.

"C'est effrayant, mais nous devons le faire", lui a dit son jeune ami.

E.Mariensen--HHA