Nouvelles violences à Gaza après un raid israélien meurtrier en Cisjordanie
Israël et des groupes armés palestiniens de la bande de Gaza se sont affrontés jeudi en tirant des roquettes et des missiles au lendemain de l'incursion militaire la plus meurtrière en Cisjordanie occupée depuis 2005.
Les forces israéliennes ont tué mercredi 11 Palestiniens parmi lesquels un adolescent de 16 ans, et, selon le ministère de la Santé palestinien, blessé par balles plus de 80 personnes lors de cette opération à Naplouse (nord).
Selon un scénario récurrent, ces violences ont été suivies dans la nuit par des tirs de roquettes depuis la bande de Gaza vers Israël, suivies par des frappes aériennes israéliennes, au petit jour, sur ce territoire sous contrôle du mouvement islamiste palestinien Hamas depuis 2007.
Aucune victime n'a été immédiatement recensée à la suite de cette nouvelle passe d'armes, qui intervient près de deux mois après l'investiture d'un nouveau gouvernement en Israël, l'un des plus à droite de l'histoire d'Israël.
Après l'opération à Naplouse, le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, avait déclaré que la situation en Cisjordanie était "la plus inflammable depuis des années".
"Notre priorité immédiate doit être d'empêcher une escalade supplémentaire, de réduire les tensions et de rétablir le calme", avait-il ajouté, avant même les échanges de tirs entre Gaza et Israël.
Paris a exhorté "tous les acteurs à s'abstenir de toute action qui pourrait nourrir (l')engrenage" de la violence et les Etats-Unis se sont dits "extrêmement préoccupés" par le niveau de violence en Cisjordanie, territoire palestinien occupé depuis 1967 par Israël.
- "Crime majeur" -
Après le raid israélien, le ministre palestinien des Affaires civiles, Hussein al-Cheikh, a dénoncé un "acte criminel prémédité et barbare" et appelé la communauté internationale à "intervenir immédiatement".
A Naplouse et dans d'autres villes de Cisjordanie, mais aussi à Jérusalem-Est, occupée en annexée par Israël, les commerces sont fermés jeudi matin à l'appel d'une grève générale, selon des journalistes de l'AFP.
Depuis le début de l'année, le conflit israélo-palestinien a coûté la vie à 61 Palestiniens (parmi lesquels des membres de groupes armés et des civils incluant des mineurs) et à neuf civils (dont trois mineurs) et un policier israéliens ainsi qu'une Ukrainienne, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de sources officielles israéliennes et palestiniennes.
Jeudi, le ministère palestinien de la Santé a annoncé la mort d'un Palestinien de 30 ans, blessé par balles plus tôt en février à Jénine, dans le nord de la Cisjordanie.
A Gaza, autre territoire palestinien, sous blocus israélien depuis 2007, six roquettes ont été tirées avant l'aube vers Israël, selon l'armée israélienne.
Ces tirs ont été revendiqués par le Jihad islamique palestinien, qui avait appelé "les forces de résistance" à répondre "sans hésitation" au "crime majeur" commis selon lui par l'armée israélienne à Naplouse.
L'armée israélienne a déclaré avoir intercepté cinq roquettes à l'aide de son système de défense antiaérienne.
Elle a ensuite mené des frappes aériennes contre plusieurs cibles dans la bande de Gaza, visant selon elle "une usine de fabrication d'armes" et un "camp militaire" appartenant tous deux au Hamas.
- Combattants -
Mercredi après-midi à Naplouse, une foule compacte dans laquelle se trouvaient des hommes armés a participé aux funérailles de neuf des personnes tuées dans l'opération militaire israélienne.
Un dixième mort a été inhumé dans le camp de réfugiés palestiniens voisin de Balata.
Le onzième mort, âgé de 66 ans, est décédé dans la soirée des suites de l'inhalation de gaz lacrymogène, selon le ministère palestinien de la Santé.
Qassem Daghlas, directeur de l'hôpital Rafidia de Naplouse, a indiqué à l'AFP que quatre des Palestiniens blessés mercredi étaient toujours en soins intensifs.
Selon l'armée israélienne, son opération menée mercredi en secteur autonome palestinien à Naplouse était à caractère "antiterroriste". "Trois suspects recherchés et impliqués dans des attaques armées (en Cisjordanie) et planifiant des attaques dans un avenir immédiat (ont) été neutralisés" au cours de ce raid, indique-t-elle.
Les forces israéliennes multiplient depuis près d'un an ce qu'elles présentent comme des opérations "antiterroristes" à la recherche de "suspects" dans le nord de la Cisjordanie, particulièrement à Naplouse et Jénine, bastions de groupes armés palestiniens.
Ch.Brandes--HHA