Le jour anniversaire de l'invasion, l'Ukraine veut "la victoire cette année"
Le président ukrainien a dit vendredi viser une "victoire" cette année contre la Russie, tandis que les premiers chars occidentaux étaient livrés à l'Ukraine, le jour du premier anniversaire de l'invasion russe.
A Moscou, le numéro deux du Conseil de sécurité russe Dmitri Medvedev a lui aussi juré la "victoire", affirmant que la Russie était prête à aller jusqu'aux "frontières de la Pologne".
En visite à Kiev, le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki a pour sa part annoncé l'arrivée en Ukraine des quatre premiers chars de combat Leopard 2, et que d'autres blindés arriveraient "dans quelques jours". Il a également déclaré que la Pologne était "prête" à former des pilotes ukrainiens sur des F16 américains, avions que l'Ukraine réclame sans succès depuis des mois.
Assis à un bureau dans un clair-obscur, vêtu d'un pull sombre frappé des armoiries ukrainiennes, un trident jaune, il a juré de punir "les meurtriers russes (...) par un tribunal international, par le jugement de Dieu ou par nos soldats".
Kiev travaille "dur" à une contre-offensive, a ajouté son ministre de la Défense, Oleksiï Reznikov promettant de frapper la Russie dans "les airs, sur terre, en mer".
Selon lui, l'Occident voit l'Ukraine comme son "bouclier" face à la Russie. Américains et Européens multiplient les livraisons d'armements, envoyant désormais des chars et des munitions de plus longue portée pour aider Kiev à surmonter son déficit numérique avec des armes plus précises que celles des Russes.
Après avoir annoncé l'arrivé des quatre premiers chars Leopard en Ukraine, le Premier ministre polonais a assuré que des PT-91, modèle modernisé du T-72 soviétique, arriveront "dans quelques jours".
Des dizaines d'autres doivent être livrés dans les semaines à venir par d'autres alliés occidentaux. La Suède va livrer "environ" dix chars Leopard à Kiev, a annoncé vendredi le gouvernement suédois.
Le président Zelensky, qui prévoit une conférence de presse vendredi, a rendu hommage aux soldats ukrainiens sur le front et ceux tombés au combat, lors d'une cérémonie de remise de décorations organisée dans la matinée sur le parvis de la cathédrale Sainte-Sophie de Kiev.
- Petit frère à la guerre -
Le drapeau national bleu et jaune y a été hissé, avant que ne résonne l'hymne ukrainien: "Ni la gloire ni la liberté de l'Ukraine ne sont mortes..."
Des commémorations ont eu lieu localement, notamment à Boutcha, théâtre d'un massacre de civils imputé aux troupes russes.
Galyna Gamoulets, 64 ans, est une habitante de cette banlieue de Kiev. Aujourd'hui, "le petit frère de mon mari est à la guerre, à Bakhmout (...) Il dit que c'est très dur", raconte-t-elle, en référence à cette ville de l'Est, théâtre d'une bataille acharnée depuis l'été.
A Kramatorsk, dans l'est, Mykhaïlo Sikirine, un garde national de 30 ans mort au combat a été enterré. "Il est mort pour l'indépendance et la souveraineté de l'Ukraine", déclare le prêtre au pied de la tombe, "c'est le plus grand sacrifice auquel tout homme aspire".
Dans le monde, le ton était généralement à la solidarité avec l'Ukraine.
L'Assemblée générale de l'ONU a exigé jeudi à une majorité écrasante un retrait "immédiat" des troupes russes. Mais il y a eu des abstentions notables, à commencer par la Chine, partenaire stratégique de la Russie.
Les dirigeants de l'Otan, de la France, de l'Allemagne, du G7 et de l'UE ont tous professé leur soutien à l'Ukraine, le chancelier allemand Olaf Scholz promettant ainsi que Vladimir Poutine "n'atteindra pas ses objectifs impérialistes".
A Paris, la Tour Eiffel a été illuminée jeudi soir aux couleurs du drapeau ukrainien. En plein coeur de Berlin, la carcasse d'un char russe a été installée devant l'ambassade de Russie, le canon tourné vers celle-ci.
- Guerre par procuration -
Les Occidentaux vont aussi renforcer les sanctions imposées à Moscou. La Maison Blanche a annoncé vendredi notamment réduire l'accès russe à des technologies sensibles comme les semi-conducteurs.
La Pologne bloquait en revanche une nouvelle série de sanctions européennes, selon des diplomates européens. Le Premier ministre Morawiecki a martelé depuis Kiev que le 10e train de mesures préparé par l'UE était "trop mou, trop faible".
La Chine a elle appelé à tenir des pourparlers de paix russo-ukrainiens, évoquant le respect de l'intégrité territoriale ukrainienne et des revendications sécuritaires russes. Une équation jusqu'ici impossible.
Vladimir Poutine a déclenché au petit matin du 24 février 2022 le pire conflit en Europe depuis la Deuxième Guerre mondiale.
Un an plus tard, des villes entières ont été détruites, une partie du pays est occupée et le bilan humain est de plus de 150.000 morts et blessés dans les deux camps selon des estimations occidentales. Quelque huit millions d'Ukrainiens ont été déplacés.
Passé le choc initial, l'armée ukrainienne a infligé une série de revers au Kremlin, repoussant l'envahisseur de Kiev, du nord, du nord-est et dans le sud. Depuis l'hiver, le front s'est stabilisé, mais les deux camps préparent de nouvelles offensives.
Outre la Crimée annexée en 2014, la Russie revendique comme siennes quatre régions de l'est et du sud ukrainien.
Vladimir Poutine, qui n'a pas prévu de s'exprimer vendredi, a accusé toute la semaine l'Occident de mener une guerre par procuration pour anéantir la Russie, et prétendu que l'Ukraine est dirigée par un régime néonazi génocidaire. Il a juré de poursuivre "méthodiquement" son offensive.
La Russie, face à l'étendue des pertes, a mobilisé depuis septembre des centaines de milliers de réservistes sur le front et espère au moins conquérir les quatre régions partiellement occupées.
Les combats se concentrent dans l'est, autour de la ville-forteresse de Bakhmout, où les forces russes grignotent difficilement du terrain. Le groupe paramilitaire Wagner y a revendiqué vendredi la prise du village de Berkhivka.
Enfin, la diplomatie russe a accusé vendredi Kiev de vouloir s'en prendre militairement à la Transdniestrie voisine, territoire séparatiste prorusse de Moldavie, où Moscou dispose d'un contingent. Le gouvernement moldave, dirigée par des pro-occidentaux, a rejeté ces allégations.
I.Hernandez--HHA