Hamburger Anzeiger - La Russie dans la ligne de mire du Conseil des droits de l'Homme de l'ONU

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La Russie dans la ligne de mire du Conseil des droits de l'Homme de l'ONU
La Russie dans la ligne de mire du Conseil des droits de l'Homme de l'ONU / Photo: Fabrice COFFRINI - AFP/Archives

La Russie dans la ligne de mire du Conseil des droits de l'Homme de l'ONU

L'invasion russe en Ukraine sera au coeur de la session du Conseil des droits de l'Homme de l'ONU qui s'ouvre lundi, avec en point d'orgue la publication d'une enquête sur les crimes de guerre commis dans le pays.

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Iran, Ethiopie, Syrie, Haïti, Nicaragua... de nombreuses situations de violations des droits humains animeront les débats pendant près de six semaines à Genève, dans un contexte de vives tensions internationales.

Jamais le Conseil des droits de l'Homme (CDH) n'a siégé aussi longtemps, signe selon certains de son importance au moment où la Déclaration universelle des droits de l'Homme célèbre ses 75 ans. Mais pour certains pays peu réputés pour leur respect des droits humains et qui mènent la charge pour mettre fin aux mandats d'enquêteurs onusiens, ce calendrier à rallonge est le fruit d'une trop grande ingérence de l'institution onusienne dans les affaires des Etats.

Près de 150 hauts dirigeants, dont les chefs des diplomaties française, américaine, chinoise, iranienne et ukrainienne, prendront la parole de lundi à jeudi, un record.

Moscou devrait envoyer jeudi son vice-ministre des Affaires étrangères Sergueï Riabkov. Malgré les appels des ONG, il n'est pas sûr que les diplomates quittent la salle au moment de son discours comme ils l'avaient fait l'an dernier pour son chef Sergueï Lavrov, qui était intervenu en visioconférence.

"On peut s'attendre à des discours assez forts, certaines divergences", a prévenu l'ambassadeur suisse Jürg Lauber.

Le ton sera donné dès lundi par le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres et le Haut-Commissaire aux droits de l'homme Volker Türk, avec des discours très attendus sur la guerre en Ukraine après l'adoption à une très large majorité d'une résolution par l'Assemblée générale des Nations unies exigeant un retrait "immédiat" des troupes russes.

La tension sera également vive à la fin de la session lors du vote sur la poursuite des travaux des enquêteurs sur l'Ukraine, qui présenteront leur premier rapport écrit le 20 mars après avoir déjà fait état en septembre de crimes de guerre.

L'ambassadrice ukrainienne Yevheniia Filipenko plaide pour un "renforcement" de la résolution définissant le mandat des enquêteurs, mais il n'est pas sûr que le texte final reflète cette volonté car Kiev et ses alliés occidentaux devront convaincre certains pays hésitants à critiquer Moscou de ne pas grossir les rangs des abstentionnistes.

- "Mur anti-résolutions" -

Pour la patronne d'Amnesty International Agnès Callamard, l'invasion russe souligne "l'affaiblissement d'un système international basé sur l'état de droit".

Pour cette raison et face au "grand nombre de violations commises par les forces russes dans le cadre du conflit", elle appelle le CDH à adopter une "position ferme".

Le renouvellement du mandat du Rapporteur sur la situation des droits humains en Russie fera également l'objet d'âpres discussions.

Le mandat du Rapporteur sur l'Iran est également en jeu, après la répression des manifestations qui ont éclaté à la suite de la mort en détention d'une jeune femme.

"Si le peuple iranien est prêt à descendre dans la rue, il appartient à la communauté internationale de s'assurer qu'il y aura une responsabilisation pour les crimes", a affirmé la directrice exécutive par intérim de Human Rights Watch, Tirana Hassan.

"La priorité c'est que ce mandat soit renouvelé. Mais la deuxième priorité c'est que le texte reflète la terrible dégradation de la situation qui s'est produite ces derniers mois depuis l'assassinat de Mahsa Amini", a assuré un diplomate occidental.

Le dossier éthiopien devrait aussi attiser les tensions. Le gouvernement éthiopien, tout en rejetant le rapport des enquêteurs de l'ONU qui accuse Addis Abeba de possibles crimes contre l'humanité au Tigré, s'est lancé dans une offensive diplomatique pour bloquer le renouvellement de leur mandat.

"Nous pensons que c'est un peu prématuré de supprimer ce mécanisme. La difficulté va être de trouver un point d'équilibre entre les uns et les autres, sachant que quand le groupe africain est solidaire, beaucoup d'autres régionaux le soutiennent de façon quasiment automatique", a expliqué à l'AFP un diplomate européen.

En général, a-t-il ajouté, "nous allons devoir être très dynamiques et très actifs pour que les autres résolutions pays passent et éviter qu'un axe Chine-Russie-Iran-Venezuela-Cuba ne construise un mur anti-résolutions pays".

J.Berger--HHA