Blinken affiche son soutien au Kazakhstan, allié de Moscou
Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken a affiché mardi son soutien au Kazakhstan lors d'une visite destinée à renforcer l'influence des Etats-Unis en Asie centrale pendant que l'allié traditionnel russe est accaparé par son invasion de l'Ukraine.
Le chef de la diplomatie américaine doit rencontrer ses homologues des cinq républiques ex-soviétiques d'Asie centrale (Kazakhstan, Ouzbékistan, Tadjikistan, Kirghizstan, Turkménistan) dans la capitale kazakhe Astana, lors de cette tournée qui intervient quelques jours après l'anniversaire de l'invasion russe de l'Ukraine.
Sa venue a pour but de renforcer l'empreinte des Etats-Unis dans cette région prise en étau entre le puissant voisin russe, ex-puissance tutélaire, et l'influence grandissante de la Chine.
"Comme vous le savez, les Etats-Unis soutiennent fermement la souveraineté du Kazakhstan, son intégrité territoriale et son indépendance", a déclaré le secrétaire d'Etat américain.
"En cette période particulière, ces mots ont encore plus de résonance que d'habitude", a ajouté M. Blinken, en référence à l'invasion russe de l'Ukraine et alors que le Kazakhstan partage quelque 7.500 kilomètres de frontière avec la Russie.
L'invasion de l'Ukraine par la Russie a suscité des inquiétudes chez certains de ses autres voisins. Si Moscou et Astana continuent d'entretenir des relations étroites, des tensions sont apparues ces derniers mois.
Le Kazakhstan, pays grand comme cinq fois la France, semble particulièrement soucieux de ménager son importante minorité russophone, n'ignorant pas que le président russe Vladimir Poutine a notamment prétexté de prétendues exactions contre les russophones en Ukraine pour justifier son invasion.
Antony Blinken a assuré mardi que les Etats-Unis étaient "déterminés à renforcer" leurs relations avec le Kazakhstan, pays qui a su depuis la chute de l'Union soviétique promouvoir une diplomatie multivectorielle, selon la terminologie officielle, nouant des alliances avec différents partenaires malgré l'influence écrasante de Moscou.
- "Partenaire fiable" -
M. Blinken, qui s'envolera dans la soirée pour l'Ouzbékistan voisin, s'est entretenu avec le président Kassym-Jomart Tokaïev. Ce dernier s'est félicité de cette visite "particulièrement importante pour donner un nouvel élan à la construction de la coopération stratégique" entre les deux pays.
Le président kazakh, réélu avec plus de 81% des voix en novembre lors d'une présidentielle sans concurrence, a remercié les Etats-Unis de leur "soutien constant et fort" et assuré vouloir "approfondir et renforcer" le partenariat entre Astana et Washington.
Si Washington ne se fait aucune illusion sur la possibilité que ces cinq pays lâchent leur partenaire historique russe, ni sur l'influence de leur autre puissant voisin, la Chine, les Etats-Unis jouent, comme ailleurs en Afrique ou en Amérique latine, la carte du "partenaire fiable".
"Nous avons des choses à offrir en termes d'engagement économique mais aussi en termes de valeurs", a ainsi fait valoir le plus haut diplomate en charge de l'Asie centrale au département d'Etat américain, Donald Lu.
En pleine guerre en Ukraine, les dirigeants de ces pays d'Asie centrale sont sur la corde raide en raison d'accords de défense formels avec Moscou et du poids économique et sécuritaire de la Russie. Ils ont ainsi adopté une position d'équilibre dans le conflit.
Depuis le début du conflit, les cinq ex-républiques soviétiques d'Asie centrale n'ont soutenu aucune des résolutions des Nations unies condamnant l'invasion russe de l'Ukraine.
Une étude récente de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) a révélé un pic des exportations européennes et britanniques vers le Kazakhstan, l'Arménie et le Kirghizstan, trois pays faisant partie d'une union douanière avec la Russie. Selon la BERD, ce flux inhabituel s'explique par la volonté de contourner les sanctions occidentales massives contre la Russie.
Mais parallèlement, Washington cherche à épargner l'Asie centrale des mesures prises contre la Russie, en accordant par exemple une exemption de sanctions au Caspian Pipeline Consortium, qui achemine le pétrole kazakh vers les marchés européens via la Russie.
A.Roberts--HHA