Au G20, première rencontre depuis la guerre en Ukraine entre Blinken et Lavrov
Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken a rencontré brièvement jeudi - en marge du G20 qui s'est achevé sans communiqué commun - son homologue russe Sergueï Lavrov, le premier échange en face-à-face depuis le début de la guerre en Ukraine.
Leur précédent entretien en tête-à-tête remontait à janvier 2022, quelques semaines avant l'invasion russe de l'Ukraine, le 24 février. Ils avaient toutefois discuté depuis au téléphone mais sur d'autres sujets que l'Ukraine.
La rencontre de jeudi en Inde entre M. Blinken et le chef de la diplomatie russe, en marge d'une réunion des ministres des Affaires étrangères du G20 à New Delhi, a duré moins de 10 minutes, d'après un responsable américain s'exprimant sous couvert de l'anonymat.
M. Blinken a voulu "envoyer ce message directement" à son homologue russe, a fait valoir le responsable. La veille, Antony Blinken avait pourtant assuré ne prévoir aucune rencontre de la sorte.
L'Inde avait souhaité que sa présidence du G20 cette année se concentre sur des questions telles que la réduction de la pauvreté et le réchauffement climatique. Mais la guerre en Ukraine a éclipsé les autres points de l'ordre du jour. Le secrétaire d'Etat américain a par ailleurs demandé que la Russie renouvelle l'accord sur les exportations de céréales ukrainiennes, qui expire ce mois-ci.
Cet accord scellé en juillet 2022 entre l'ONU, l'Ukraine, la Russie et la Turquie a permis de limiter la grave crise alimentaire mondiale provoquée par l'invasion de l'Ukraine par la Russie. Il a été reconduit mi-novembre pour les quatre mois d'hiver et expire le 18 mars.
- "Comportement obscène" -
En marge du G20, Sergueï Lavrov s'est également entretenu avec son homologue chinois Qin Gang, dont le pays entretient des liens étroits avec Moscou.
MM. Qin et Lavrov ont "unanimement rejeté les tentatives d'ingérence dans les affaires internes d'autres pays, d'imposer des approches unilatérales par le chantage et les menaces", selon un communiqué de la diplomatie russe.
Devant ses homologues du G20, le chef de la diplomatie russe a fustigé le "comportement obscène d'une série de délégations occidentales, qui ont transformé le travail sur l'agenda du G20 en une farce", d'après l'agence publique russe TASS.
"Nous devons tous reconnaître que le multilatéralisme est en crise aujourd'hui", avait asséné plus tôt le Premier ministre indien Narendra Modi dans une déclaration pré-enregistrée, à l'ouverture de cette réunion.
"L'expérience de ces dernières années - crise financière, changement climatique, pandémie, terrorisme et guerre - montre clairement que la gouvernance mondiale a échoué", a-t-il souligné, appelant le G20 à s'entendre pour surmonter leurs différences.
L'Inde, qui préside cette année le Groupe des Vingt, entretient une amitié de longue date avec la Russie et n'a pas condamné l'invasion de l'Ukraine.
New Delhi est par ailleurs un important client de Moscou dans le domaine militaire et a accru depuis un an ses importations de pétrole russe, à rebours des pays occidentaux.
- Retrait des troupes russes -
La réunion des ministres des Affaires étrangères du G20 est intervenue après celle la semaine dernière des ministres des Finances, qui n'ont pu s'entendre samedi sur un communiqué commun en raison de leurs divergences concernant le conflit en Ukraine.
Jeudi, la Chine a de nouveau rejoint la Russie et refusé de signer le communiqué commun à l'issue de la réunion des ministres des Affaires étrangères du G20.
Les deux pays ont fait part de leur opposition à un paragraphe exigeant le "retrait complet et inconditionnel de la Russie du territoire de l'Ukraine", selon un résumé des discussions du G20 publié par la présidence indienne.
La Russie souhaitait par ailleurs inscrire dans le document la nécessité d'une enquête "impartiale", après les explosions qui ont endommagé en septembre les gazoducs russes Nord Stream 1 et 2 en mer Baltique, a indiqué devant la presse M. Lavrov.
Les pays occidentaux et la Russie se rejettent la responsabilité de ces explosions. Les enquêtes menées jusqu'à présent par les autorités suédoises, danoises et allemandes n'ont pas permis d'imputer la responsabilité à un pays ou à un acteur en particulier.
H.Brunner--HHA