Retraites: le Sénat se penche sur l'emploi des seniors, forte mobilisation attendue mardi
Le Sénat, qui a voté dans la nuit la fin de plusieurs régimes spéciaux, se penche dimanche sur l'emploi des seniors, deux jours avant une nouvelle mobilisation des syndicats qui ambitionnent de mettre la "France à l'arrêt" contre le projet de réforme des retraites.
Les sénateurs, majoritairement de droite, ont voté l'extinction pour les futurs embauchés de plusieurs régimes spéciaux, dont ceux de la RATP et des énergéticiens.
Le Sénat doit ensuite examiner un autre point névralgique de la réforme, "l'index seniors". Rejeté, mi-février, par l’Assemblée nationale au grand dam du gouvernement, cette mesure prévoit une obligation pour les entreprises de plus de 50 salariés de publier des indicateurs sur l’emploi des plus de 55 ans.
Le bras de fer social continue à se tendre. Les syndicats comptent mobiliser mardi, sixième journée d'action, davantage encore que le 31 janvier, où la police avait recensé 1,27 million de participants et l'intersyndicale plus de 2,5 millions.
De source policière, entre 1,1 et 1,4 million de manifestants sont attendus, dont 60 à 90.000 à Paris.
"La mobilisation passe à "la vitesse supérieure", assure le leader de la CGT Philippe Martinez, dimanche au JDD.
"Le 7 mars va être très gros", juge Simon Duteil, co-délégué général de Solidaires. "On va casser la baraque", renchérit le secrétaire général adjoint de l'Unsa, Dominique Corona.
- "A genoux" -
De fortes perturbations sont attendues dans les transports urbains et ferroviaires, l'ensemble des syndicats ayant appelé à la grève reconductible à la RATP et à la SNCF, à partir de mardi.
"Ca va être très dur", a prévenu le ministre délégué aux Transports Clément Beaune, appelant ceux qui le peuvent à télétravailler.
Dans les airs, la Direction générale de l'Aviation civile (DGAC) a demandé aux compagnies de renoncer mardi et mercredi à entre 20 et 30% de leurs vols, en prévision de la grève des contrôleurs aériens.
A l'invitation de la CGT, d'autres professions sont appelées à une grève reconductible "jusqu'au retrait de la réforme": raffineurs, électriciens et gaziers, éboueurs, dockers, ouvriers du verre et de la céramique...
Le secrétaire général de la fédération CGT de la Chimie, Emmanuel Lépine, s'est dit prêt à "mettre à genoux l'économie française" pour obtenir gain de cause.
Dans l'énergie, le mouvement a débuté dès vendredi avec des baisses de production dans plusieurs centrales nucléaires.
Les enseignants seront aussi à nouveau en grève, parfois de manière reconductible.
Et, dans le secteur de l’agroalimentaire, la CGT appelle les grands sucriers français à se mettre à l'arrêt à partir de mardi.
Les syndicats s'attendent en outre à des initiatives plus inhabituelles: chantiers à l'arrêt, rideaux de magasins fermés, péages ouverts, routes bloquées...
D'autres mobilisations sont prévues, en parallèle des débats au Sénat, qui s'achèveront quoi qu'il arrive le 12 mars.
- "Moment de rupture" -
Le 8 mars, Journée internationale des droits des femmes, sera cette année placée sous le signe d'une réforme des retraites jugée particulièrement injuste pour elles.
Et les mouvements lycéens et étudiants ont annoncé une journée de mobilisation le 9. "Bloquez tout ce que vous pouvez", les a encouragés le leader LFI Jean-Luc Mélenchon.
L'intersyndicale se réunira dans la soirée mardi pour déterminer les suites à donner à la contestation. La date du 11 a été évoquée, sans être confirmée à ce stade.
Sollicité par l'AFP, Yvan Ricordeau, secrétaire national CFDT, a mis en garde contre "le moment de rupture qui est en train de se passer dans le monde du travail".
Les leaders syndicaux attendent une réponse rapide de l'exécutif à leurs revendications.
La Première ministre Elisabeth Borne a prévu de s'exprimer lundi soir sur France 5.
En attendant, le ministre du Travail Olivier Dussopt a défendu samedi dans le Parisien une "réforme de gauche" "sans perdants".
En marge d'une visite du salon de l'agriculture, son homologue des Comptes publics Gabriel Attal a haussé le ton, dénonçant des grèves qui vont bloquer les Français "qui triment".
Invitée sur Europe 1 dimanche, Aurore Bergé, présidente du groupe Renaissance à l’Assemblée nationale, a assuré qu'"il n’y a pas d’arnaque" sur la revalorisation des retraites minimales, alors que le gouvernement s’est enlisé depuis plusieurs mois dans une communication brumeuse sur cette question. La réforme est "indispensable" pour financer le système, a-t-elle martelé.
Les sénateurs sont, eux, favorables à l'examen d'une autre piste. Ils ont voté pour le lancement d'une étude sur un système de retraite mixte par capitalisation, une demande de la droite qui estime que c'est le "meilleur moyen de consolider" le dispositif.
T.Schmidt--HHA