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Frappes russes massives en Ukraine, au moins six morts
Frappes russes massives en Ukraine, au moins six morts / Photo: Sergei SUPINSKY - AFP

Frappes russes massives en Ukraine, au moins six morts

Des frappes russes massives en Ukraine, les plus importantes depuis des semaines, ont fait au moins six morts jeudi et privé de courant une partie de la population, ainsi que la centrale nucléaire de Zaporijjia.

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La Russie a qualifié ces bombardements, qu'elle affirme avoir effectué notamment à l'aide de nouveaux missiles hypersoniques Kinjal, de "représailles" à une incursion sur son territoire le 2 mars de "saboteurs" ukrainiens.

Parallèlement, les séparatistes prorusses de Transdniestrie, en Moldavie, ont eux affirmé avoir déjoué un attentat que Kiev aurait préparé contre ses dirigeants, faisant craindre de nouvelles tensions dans ce territoire instable situé au sud-ouest de l'Ukraine.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a dénoncé les "misérables tactiques" russes après des bombardements qui ont touché neuf régions du pays et sa capitale Kiev, et visé des infrastructures énergétiques.

Selon l'armée ukrainienne, la défense antiaérienne a abattu 34 des 81 missiles lancés par Moscou, et quatre drones explosifs Shahed de fabrication iranienne.

Depuis le mois d'octobre, après plusieurs revers militaires, la Russie bombarde régulièrement avec des missiles et des drones des installations énergétiques clés d'Ukraine, plongeant des millions de personnes dans le noir et le froid.

Ces frappes étaient moins nombreuses les dernières semaines. Mais jeudi, les autorités ukrainiennes ont indiqué que des missiles avaient visé à l'aube dix régions, dans l'est, le sud et l'ouest, ainsi que Kiev.

Dans la région de Lviv (ouest), un tir sur un quartier résidentiel a tué au moins cinq personnes, a rapporté le gouverneur, tandis que le gouverneur de la région de Dnipro (centre-est) a lui indiqué qu'un homme de 34 ans avait été tué.

L'artillerie russe a aussi bombardé Kherson (sud) tuant deux personnes sur un arrêt de transport et une troisième dans un magasin à côté, ont indiqué les autorités locales.

"La Russie essaye de détruire complètement les infrastructures civiles de l'Ukraine, voilà pourquoi il faut (lui) fournir de quoi se défendre", a réagi le chef de la diplomatie de l'UE, Josep Borrell, depuis Stockholm.

- Risque d'accident nucléaire -

La gigantesque centrale nucléaire de Zaporijjia, occupée par l'armée russe dans le sud de l'Ukraine, a également été coupée jeudi du réseau électrique ukrainien, après une frappe russe, a annoncé l'opérateur ukrainien Energoatom.

"On joue avec le feu et si nous permettons à cette situation de se prolonger, un jour notre chance va tourner", a prévenu depuis Vienne le directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) Rafael Grossi.

Selon Energoatom, l'opérateur ukrainien, "des attaques de missiles" russes ont entraîné la déconnexion de la dernière ligne reliant encore la centrale au réseau, et des générateurs diesel de secours ont été enclenchés pour assurer une alimentation minimale des systèmes de sécurité.

Mais l'opérateur a averti d'un risque d'accident nucléaire si l'alimentation électrique extérieure n'était pas rétablie.

L'administration d'occupation russe a confirmé le lancement de ces générateurs diesel, mais a indiqué que cette mesure était liée à un "court-circuit" sur une autre ligne électrique, sans en préciser la cause.

A Kiev, le maire Vitali Klitschko a fait état de plusieurs explosions dans le sud, puis l'ouest de la ville, où selon la police au moins trois personnes ont été blessées.

Sur Prospekt Peremoguy, dans l'ouest de la capitale, trois voitures garées près d'un haut immeuble d'habitation ont été carbonisées, a constaté un correspondant de l'AFP, et plusieurs autres abîmées.

"Il y a eu une très forte explosion", témoigne Igor Iéjov, 60 ans, qui a évacué l'immeuble avec son épouse. "Quand cela arrive tout près, chez toi, c'est vraiment un sentiment de peur."

L'administration militaire a affirmé que 40% des usagers de la capitale étaient privés de chauffage. Des coupures d'électricité préventives, selon les autorités, sont par ailleurs toujours en vigueur dans certains quartiers.

Des coupures d'électricité ont également été signalées dans la région d'Odessa (sud-ouest).

- Tensions en Transdniestrie -

En Moldavie, les séparatistes prorusses de Transdniestrie ont assuré jeudi que l'Ukraine avait voulu commettre un attentat dans le centre de leur capitale, Tiraspol, pour "éliminer" leurs dirigeants et faire "un grand nombre de victimes".

La Moldavie et l'Occident accusent régulièrement Moscou d'utiliser la Transdniestrie pour déstabiliser encore davantage l'Ukraine voisine.

Ces accusations et frappes de grande envergure suivent aussi une rencontre mercredi des 27 ministres de la Défense de l'UE à Stockholm, avec leur homologue ukrainien Oleksiï Reznikov, pour négocier un plan de livraisons d'obus et de munitions à Kiev, qui pourrait être porté à deux milliards d'euros.

Par ailleurs, dans l'est de l'Ukraine, la bataille pour la ville-symbole de Bakhmout continue de faire rage.

Après avoir annoncé la veille la prise de la partie orientale de la cité, le patron de l'organisation paramilitaire russe Wagner, Evguéni Prigojine, a affirmé jeudi que ses combattants avaient conquis le petit village de Doubovo-Vassylivka, au nord de Bakhmout.

Bakhmout pourrait tomber "dans les prochains jours", a averti mercredi le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, ajoutant cependant que "cela ne reflète pas nécessairement un quelconque tournant dans la guerre".

J.Berger--HHA