Retraites: entre le 49.3 et les motions de censure, des rassemblements sur le territoire
Après l'activation du 49.3 et avant le débat sur les motions de censure contre le gouvernement, les opposants à la réforme des retraites comptent bien mettre à profit le week-end pour exprimer leur colère, avec rassemblements, grèves et poubelles qui s'amoncellent.
Dans la foulée du recours par Elisabeth Borne à l'article 49.3 de la Constitution, qui permet l'adoption d'un texte sans vote, sauf motion de censure, l'intersyndicale a appelé jeudi à des rassemblements ce week-end, ainsi qu'à une 9e journée de grèves et manifestations le 23 mars.
A Besançon (Doubs), 300 manifestants ont allumé un brasero samedi matin et certains y ont brûlé leur carte d’électeur, selon un correspondant de l'AFP. "Que vais-je répondre à des jeunes qui me disent +voter ça sert à rien+ ? Moi, j’ai élu mon député et il est privé de vote. On est en plein déni démocratique", déclare Nathalie, trentenaire, qui n'a pas souhaité donner son nom de famille. "Je brûle aujourd’hui ma carte d’électeur symboliquement parce que M. Macron vient de nous prouver que ça ne servait à rien".
Au moins deux raffineries, celle de PetroIneos à Lavéra (Bouches-du-Rhône) et la raffinerie de Normandie de TotalEnergies à Gonfreville-l'Orcher (Manche), pourraient être mises à l'arrêt, au plus tard lundi, selon la CGT. Jusqu'à présent, les grévistes s'étaient contentés de bloquer les expéditions de carburant, mais les raffineries continuaient à produire.
- "Limiter les risques d'épidémie" -
Le ministre de l'Industrie Roland Lescure a laissé entendre samedi que le gouvernement pourrait procéder à des réquisitions en cas de mise à l'arrêt de ces installations. "On a montré à l'automne qu'on savait prendre là encore nos responsabilités, on les prendra", en référence aux réquisitions alors prises pour débloquer des sites pétroliers lors de grèves pour les salaires, a déclaré le ministre sur France Info.
Il a indiqué que de telles mesures étaient "en train d'être déployées" avec les éboueurs parisiens. Dans la capitale, 10.000 tonnes de poubelles s'entassent toujours sur les trottoirs, selon la mairie.
Les grévistes des trois sites d'incinération de déchets produits par Paris ont mis en place des "barrages filtrants" pour laisser passer des camions de collecte des ordures, a indiqué une déléguée syndicale, au 13e jour de grève contre la réforme. Laisser passer des camions est une "décision de sécurité pour limiter les risques d'épidémie", a-t-elle expliqué. En milieu de matinée samedi, seuls trois sont passés.
Les unions régionales de syndicats, notamment la CGT, ou d'autres organisations ont appelé à se rassembler tout au long du week-end, dans la capitale et en région: place d'Italie à Paris à 18H00, à Montpellier, Marseille, Brest, Toulon etc, sans compter des rassemblements spontanés
A Nantes, le périphérique a été bloqué samedi matin, à hauteur d'un rond-point qui dessert le centre commercial Atlantis, l’un des plus grands de la région. Une opération levée à la mi-journée. Dans la matinée, un millier de personnes se sont regroupées dans le calme place de l'Hôtel de ville au Havre.
- "Battre en retraite" -
Les entrées de la faculté de lettres et de sciences humaines de l'Université Bordeaux-Montaigne sont barricadées par des poubelles, grilles en fer et un amoncellement de chaises et de tables en bois. Sur un des murs, l'inscription "Faisons-les battre en retraite".
La veille et l'avant-veille, à Paris, des milliers de personnes se sont retrouvées place de la Concorde dans la soirée, à quelques centaines de mètres de l'Assemblée nationale et de l'Elysée. L'opposition à la réforme y a pris vendredi soir un tournant plus radical, porté par de jeunes militants lassés des cortèges hebdomadaires et prêts à en découdre, avec 61 interpellations au final.
Samedi matin, une cinquantaine de militants ont protesté contre les interpellations, devant le commissariat du 1er arrondissement de la capitale.
Des heurts et des dégradations se sont produits à Lyon vendredi soir, et la mairie du 4ème arrondissement prise pour cible.
Les motions de censure, déposées par le groupe indépendant Liot et par des élus du Rassemblement national (RN), seront débattues et mises au vote de l’Assemblée nationale lundi à partir de 16H00, une conférence des présidents de l’institution devant donner peu avant son ultime feu vert au déroulé, a-t-on appris de sources parlementaires.
La motion déposée par le petit groupe Libertés, Indépendants Outre-mer et Territoires (Liot) est "transpartisane" et cosignée par des élus de la Nupes.
Cette dernière a davantage de chances d'être votée par des députés de droite défavorables à la réforme des retraites que celle du RN. Mais la barre de la majorité absolue pour faire chuter le gouvernement paraît difficile à atteindre.
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T.Schmidt--HHA