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Retraites: la censure du gouvernement peu probable malgré la colère
Retraites: la censure du gouvernement peu probable malgré la colère / Photo: Alain JOCARD - AFP

Retraites: la censure du gouvernement peu probable malgré la colère

L'Assemblée nationale va examiner lundi à partir de 16H00 deux motions de censure contre le gouvernement d'Élisabeth Borne qui ont peu de chances d'être votées, ouvrant la voie à l'adoption définitive de la réforme des retraites malgré la colère dans le pays qui ne faiblit pas.

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Le déclenchement jeudi de l'arme constitutionnelle du 49.3 par la Première ministre pour faire passer sans vote la réforme n'a fait qu'attiser la contestation, qui dépasse souvent le sujet du recul de l'âge de la retraite de 62 à 64 ans.

Depuis jeudi, des rassemblements organisés ou spontanés se déroulent sur tout le territoire, dans le calme ou avec des débordements.

Lundi matin, plusieurs manifestations provoquaient de grandes perturbations du trafic à Rennes.

Des arrêts de travail de surveillants sont également redoutés dans les lycées, pour la première journée des épreuves de spécialité du bac 2023. En cas de retard dû à une grève des transports, un aménagement du temps d'épreuve sera possible.

En attendant une nouvelle journée d'actions jeudi à l'appel de l'ensemble des syndicats, la grève s'est durcie dans les raffineries et les éboueurs poursuivent leur mouvement à Paris, Rennes ou Nantes. Environ 20% des vols seront annulés mardi et mercredi à Paris-Orly et Marseille-Provence, a annoncé la Direction générale de l'aviation civile.

Face à cette situation, Emmanuel Macron a demandé dimanche que la réforme "puisse aller au bout de son cheminement démocratique dans le respect de tous". Le président a rappelé les "mois de concertations politique et sociale" et les "plus de 170 heures de débat qui ont abouti sur le vote d'un texte de compromis" entre sénateurs et députés en commission mixte.

- Pradié votera la censure -

Deux motions de censure seront présentées aux députés: une transpartisane du groupe Liot et une autre du RN. Cosignée par des députés de la Nupes, la motion Liot (Libertés, Indépendants Outre-mer et Territoires) a davantage de chances d'être votée par des élus de droite défavorables à la réforme des retraites. Mais la barre de la majorité absolue de 287 voix paraît difficile à atteindre.

Il faudrait qu'une trentaine de LR, soit la moitié du groupe d'Olivier Marleix, joignent leurs suffrages à ceux de la gauche, du RN et de Liot. Or le parti de droite a soutenu la réforme et ne veut pas "rajouter du chaos au chaos" en faisant tomber le gouvernement.

Une poignée de députés LR pourraient néanmoins voter la censure. Farouchement opposé à la réforme, Aurélien Pradié a annoncé lundi qu'il voterait le texte Liot pour provoquer "un électrochoc" au gouvernement. Selon lui, "une quinzaine" de députés de son groupe le suivront.

Réclamant "un peu de courage" aux députés de droite, Marine Le Pen leur a promis lundi qu'ils n'auraient pas de candidat du RN face à eux en cas de législatives à la suite d'une dissolution.

"Cette réforme est nécessaire", avait martelé jeudi à la tribune Élisabeth Borne, en déclenchant sous les huées son 11e 49.3. Elle est "la pierre d'angle de la transformation économique de la France", a complété lundi le ministre de l'Économie Bruno Le Maire.

Alors que les députés n'auront finalement jamais voté l'ensemble du texte, son homologue au Travail, Olivier Dussopt, s'est inquiété que la chute du gouvernement crée "de l'instabilité" en plus du "rejet du texte de la réforme".

- "Ils ne peuvent plus gouverner" -

La suite des événements reste incertaine tant la crise est profonde.

"Ils ne peuvent plus gouverner", a analysé lundi le député Liot Charles de Courson, estimant que le président Macron devait "changer" ou "renvoyer au peuple", par le biais d'une dissolution.

Le rejet probable des motions vaudra adoption définitive de la réforme, avant sa promulgation par le chef de l'État, qui pourrait s'exprimer dans les prochains jours.

Même si les motions sont rejetées, la gauche n'a pas dit son dernier mot: un référendum d'initiative partagée est dans les tuyaux, et des recours au Conseil constitutionnel se préparent.

Le numéro un de la CGT Philippe Martinez estime lui que "c'est de la responsabilité" d'Emmanuel Macron "si la colère est à ces niveaux-là".

"Nous sommes passés du sentiment d'être méprisés à un sentiment de colère, notamment parce qu'on a privé les salariés du résultat de leur mobilisation", à savoir, selon lui, le rejet du texte à l'Assemblée nationale s'il était passé au vote.

Deux tiers des Français (68%) assurent en effet ressentir de la colère devant l'utilisation du 49.3 par le gouvernement pour faire adopter la réforme sans vote à l'Assemblée, selon un sondage Elabe pour BFMTV publié lundi. Ils sont autant à espérer que le gouvernement tombe lundi.

O.Meyer--HHA