A Milan, 50.000 manifestants honorent les victimes de la mafia
Deux mois après l'arrestation très médiatisée en Sicile du boss en cavale Matteo Messina Denaro, quelque 50.000 personnes ont manifesté mardi à Milan, la métropole du nord du pays, pour honorer la mémoire des victimes de la mafia.
Dans la foule rassemblée devant la cathédrale de Milan à l'occasion de cette journée nationale des victimes de la mafia figuraient des centaines de leurs proches. Nombre d'entre eux, qui attendent encore justice, portaient les photos de leurs êtres chers.
"Cela fera 28 ans à la fin du mois, et nous attendons toujours la vérité", a confié à l'AFP Paolo Marcone, 50 ans, dont le père a été tué en 1995 par la mafia à Foggia, dans la région des Pouilles (sud).
Francesco Marcone, un fonctionnaire local, venait de rentrer chez lui quand on lui a tiré dans le dos. C'est sa fille qui a trouvé son corps dans les escaliers du domicile familial.
Son fils pense qu'il avait découvert quelque chose qu'il n’aurait pas dû. "Ces journées sont nécessaires pour maintenir vivantes les mémoires et en même temps demander justice et vérité (...) Nous ne perdons jamais espoir", a-t-il commenté.
Selon la police, 50.000 personnes étaient présentes mardi devant la cathédrale, où un drap blanc portant les noms de nombreuses victimes avait été étendu sur le sol.
Elisabetta Di Caterina, 52 ans, a participé à la manifestation en mémoire de son beau-frère Riccardo Angelo, tué à 21 ans dans une embuscade de la Camorra, la mafia napolitaine, près de Caserte. Le tueur a été pris et est mort en prison, mais "nous demandons justice et vérité pour toutes les familles qui attendent encore".
Beaucoup en effet ne savent toujours pas comment leurs proches sont morts, c'est pourquoi "nous demandons à la justice d'aller de l'avant".
Vincenzo Luciano, 55 ans, a perdu ses deux frères, Aurelio et Luigi, tués par la mafia de Foggia en 2017 après avoir été pris dans une fusillade.
"Il a fallu les morts de deux autres personnes innocentes pour que l'Etat se réveille et comprenne que la mafia était ici", a-t-il expliqué à l'AFP. "Les politiques devraient nous aider davantage, il devrait y avoir des lois plus sévères".
Recherché durant trente ans par toutes les polices d'Italie, Matteo Messina Denaro, dernier représentant de la vieille garde de Cosa Nostra, a finalement été arrêté le 16 janvier à Palerme.
A.Baumann--HHA