Hamburger Anzeiger - Retraites: les syndicats veulent "garder l'opinion" face à un pouvoir inflexible

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Retraites: les syndicats veulent "garder l'opinion" face à un pouvoir inflexible

Retraites: les syndicats veulent "garder l'opinion" face à un pouvoir inflexible

Déterminés à "garder l'opinion" en évitant toute violence, les syndicats tablent sur un "regain de mobilisation" pour la neuvième journée d'action contre la réforme des retraites, au lendemain d'une intervention du président de la République qui a hérissé les opposants.

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Cette journée est la première organisée au niveau national après l'adoption de la loi via l'arme constitutionnelle du 49.3, le 16 mars.

Peu avant le départ du cortège parisien, le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger a noté un "regain de mobilisation" et appelé "à la non-violence", ajoutant que "jusqu'au bout il va falloir garder l'opinion" qui est une "pépite".

A ses côtés, son homologue de la CGT Philippe Martinez a estimé qu'Emmanuel Macron avait "jeté un bidon d'essence sur le feu" avec son interview, rappelant que les syndicats avaient écrit au chef de l'Etat pour l'alerter sur la "situation explosive" du pays.

Les premiers cortèges étaient fournis, davantage que lors de la dernière journée de mobilisation, mais sans atteindre les records, comme à Clermont-Ferrand où ils étaient selon les autorités 13.500, ou à Agen (4.000) et Bayonne (9.500).

La police attend "entre 600 et 800.000 personnes sur environ 320 actions", dont 40 à 70.000 à Paris.

Environ 500 gilets jaunes et 500 éléments radicaux sont attendus, alors que le cortège est parti vers 14h30 de la Bastille en direction de la place de l'Opéra. Et "en province plus d'une dizaine de villes verront des démonstrations de l'ultra gauche". Après une semaine marquée par des échauffourées quotidiennes, la crainte de débordements est amplifiée par la fermeté de l'exécutif.

- "Une gifle" -

Emmanuel Macron n'a en effet pas dévié de son cap, réaffirmant mercredi que sa réforme était "nécessaire", qualifiant les auteurs de violences de "factieux" et égratignant au passage les syndicats, et particulièrement la CFDT, accusés de ne pas avoir su "propose(r) un compromis".

"Cibler la CFDT, c'est idiot. Je n'ai jamais renoué le dialogue en mettant une gifle à quelqu'un", a répondu Laurent Berger jeudi. Pour le patron du premier syndicat français, ces propos ont "sans doute renforcé la détermination pour les manifestations".

Les autres leaders syndicaux ont dénoncé à l'unisson le "mépris" et le "déni" du chef de l'Etat, attendu jeudi en début d'après-midi à Bruxelles pour un conseil européen.

Pendant ce temps, les grèves entrainaient de nombreuses perturbations, notamment dans les transports. A la SNCF, seule la moitié des TGV Inoui et Ouigo et le tiers des TER circulaient, tandis que la RATP faisait état d'un trafic "très perturbé".

A Quimper, des manifestants ont bloqué les accès à la gare et occupé les voies dès l'aube. Des dépôts de bus ont aussi été bloqués par des manifestants à Rennes, Saint-Brieuc et Evreux.

A tel point que le gouvernement a pris un arrêté de réquisition à l'égard des grévistes de la raffinerie TotalEnergies de Normandie.

Un peu plus d'un quart des salariés d'EDF (25,3%) étaient en grève à la mi-journée, selon la direction.

- Baroud d'honneur -

Des monuments ont également été fermés, dont la Tour Eiffel ou le château de Versailles.

Dans l'Education nationale, le ministère a comptabilisé 23,22% de grévistes dans le primaire et 19,61% dans le secondaire.

Premier syndicat dans les écoles, le Snuipp-FSU prévoyait entre 40 et 50% de grévistes chez les professeurs du primaire et son homologue du second degré, le Snes-FSU, 50% dans les collèges et lycées.

L'agitation gagne aussi une partie de la jeunesse. Le ministère de l'Education nationale faisait état jeudi midi de "77 incidents dans les lycées en France", dont 27 blocages, tandis que des universités étaient aussi bloquées.

Même la peu révolutionnaire faculté de droit d'Assas, à Paris, où Redouane, étudiant de 23 ans, veut "montrer le mécontentement face à cette réforme".

"Pour nous, la retraite c'est loin, mais on se sent quand même concernés", expliquait Emma, 19 ans, devant le prestigieux lycée Louis-le-Grand. A Montpellier, Elia, 15 ans, lycéenne affirmait que "les gens n'en peuvent plus d'avoir un gouvernement qui les ignore. Le 49.3, c'est tout sauf démocratique".

La mobilisation de jeudi sera-t-elle un baroud d'honneur, ou un bouquet final avant que la contestation ne s'éteigne ?

Selon une source proche du gouvernement, l'exécutif espère que la mobilisation "s'étiole" après jeudi, et que tout rentre dans l'ordre "ce week-end".

Mais l'intersyndicale ne désarme pas: elle se retrouvera jeudi soir au siège de la CFDT à Paris.

bur-sl-clw-gbh/grd/gvy

H.Brunner--HHA