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Turkménistan: législatives sous l'oeil de la puissante famille au pouvoir
Turkménistan: législatives sous l'oeil de la puissante famille au pouvoir / Photo: Igor SASIN - AFP

Turkménistan: législatives sous l'oeil de la puissante famille au pouvoir

Le Turkménistan élit dimanche ses députés lors des premières élections législatives depuis la réforme constitutionnelle qui a consolidé en janvier la mainmise de la famille Berdymoukhamedov sur ce pays reclus et autoritaire d'Asie centrale.

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Les bureaux de vote de ce pays, quasiment entièrement recouvert par les sables bordant la mer Caspienne, ont ouvert à 07H00 locales (02H00 GMT) et fermeront à 19H00 (14H00 GMT), selon la commission électorale.

L'économie turkmène repose quasi exclusivement sur la commercialisation de ses immenses réserves de gaz, d'autant plus convoitées depuis l'invasion russe de l'Ukraine. Ces derniers mois, le président turkmène a notamment rencontré ses homologues russe Vladimir Poutine et chinois Xi Jinping.

Ex-république soviétique, le Turkménistan est dirigé depuis plus de 16 ans par les Berdymoukhamedov et aucune élection n'a été jugée libre et équitable par des observateurs occidentaux.

Le fils Serdar, quadragénaire au visage austère, a pris en mars 2022 la succession de son père de 65 ans, Gourbangouly, connu pour sa démesure et son culte de la personnalité débridé durant son règne débuté en 2006.

Mais loin de se mettre en retrait, Gourbangouly Berdymoukhamedov, a proposé en janvier d'abolir la chambre haute du Parlement, pourtant créée à sa demande en 2021, et de revenir à un système monocaméral.

Après cette proposition votée à l'unanimité, M. Berdymoukhamedov a été nommé président d'un nouvel organe suprême.

Ce Conseil populaire a la main mise sur les grandes orientations de la politique intérieure et extérieure du Turkménistan, reléguant de facto l'Assemblée et ses 125 députés au second plan.

-Opposition absente-

M. Berdymoukhamedov père, déjà officiellement "Héros-Protecteur" (Arkadag), a été fait "chef de la nation turkmène" et une ville en son honneur est en cours de construction.

Pour cet ex-dentiste, "la participation active de notre peuple au processus électoral démontre clairement l'engagement de la société turkmène envers les principes d'une authentique démocratie".

Le président Serdar Berdymoukhamedova a assuré que "ces élections se dérouleront selon des principes démocratiques, en accord avec la législation locale et le droit international".

Et ce, alors que l'opposition est absente du scrutin et la censure règne dans ce pays qui occupe les tréfonds du classement de RSF pour la liberté de la presse, en compagnie de la Corée du Nord, l'Erythrée et l'Iran.

Mais l'enthousiasme des électeurs semble relativement mesuré.

"Je ne connais pas les programmes des candidats", reconnaît Agamourad Bïachimov, retraité de 65 ans rencontré par un correspondant de l'AFP à Achkhabad l'avant-veille des élections. "Malheureusement, je n'ai vu nulle part d'affiches appelant à aller voter", poursuit-il.

Car hormis la biographie détaillée des 258 candidats égrainée par "Turkménistan neutre", successeur du journal du parti communiste turkmène à l'époque soviétique, il est difficile de trouver la trace d'un programme.

Visages fermés, cravates et costumes noirs pour les hommes et costumes traditionnels colorés pour les femmes, ces candidats sont issus de trois partis et 116 ont été soutenus par des groupes de citoyens.

Si ce pays refermé, le seul au monde à n'avoir jamais reconnu la moindre contamination au Covid-19, ne communique pas sur le niveau de chômage, la situation économique est loin d'être idyllique. Et le régime n'a pas relâché son emprise sur la population, avec une censure toujours présente.

"J'ai regardé l'an dernier l'investiture du président, beaucoup attendaient du jeune chef d'Etat d'importantes réformes", raconte à l'AFP Maksat Redjenov, entrepreneur.

"On attendait que de nouvelles usines soient construites, que le pays s'ouvre, que les touristes viennent, que le contrôle étatique diminue", explique-t-il, déçu.

Vendeur au marché d'Achgabat, Achir Ovezov, la trentaine, fait partie des abstentionnistes. "Je dois travailler du matin au soir pour nourrir ma famille et ne connais pas les candidats", dit-il.

Une absence qui ne devrait pas empêcher le taux de participation d'avoisiner les 90%.

E.Steiner--HHA