La guérilla de l'ELN tue neuf soldats dans le nord-est de la Colombie
Neuf soldats sont morts mercredi dans le nord-est de la Colombie dans l'attaque la plus meurtrière attribuée à la guérilla de l'ELN depuis le début des négociations de paix avec le gouvernement en novembre dernier.
"Nous avons été informés de la mort de neuf de nos soldats" à El Carmen, dans le département du Norte de Santander, a annoncé l'armée dans un communiqué, attribuant cette attaque à l'Armée de libération nationale (ELN).
Le président colombien Gustavo Petro a vivement condamné, sur Twitter, cette action. Sans faire référence à l'ELN, il a estimé que les soldats tués avaient été victimes de "ceux qui aujourd'hui sont absolument éloignés de la paix et du peuple".
Il a relevé que sept d'entre eux effectuaient leur service militaire obligatoire. Ils étaient âgés d'une vingtaine d'années, a précisé un haut responsable de l'armée.
Selon le bureau du gouverneur du département du Norte de Santader, à la frontière avec le Venezuela, huit autres soldats ont été blessés.
L'attaque a eu lieu à l'aube, dans la municipalité d'El Carmen, au cours d'une opération classique de sécurisation et non d'une action offensive, a affirmé l'armée, soulignant que les assaillants étaient des membres du "Front Camilo Torres".
La patrouille a été visée par des engins piégés et des tirs d'armes automatiques. Le patron de l'armée, le général Luis Ospina, s'est rendu sur place.
Le ministre de la Défense Ivan Velasquez a "condamné cette attaque contre la volonté de paix exprimée par le gouvernement".
Le président Petro a "appelé la délégation gouvernementale" aux pourparlers en cours avec l'ELN pour qu'elle "examine ce fait réellement très grave". "Nous allons examiner concrètement la situation", a commenté le ministre Velasquez.
Le commandant des forces armées, le général Helder Giraldo, a assuré que ses hommes poursuivraient "les opérations militaires dans la région contre les responsables" de l'attaque.
La dernière grande guérilla encore en activité en Colombie et le gouvernement sont en pourparlers depuis novembre, après une interruption de quatre ans, pour tenter de mettre fin à près de six décennies de conflit armé.
Le 10 mars, les deux parties se sont engagées à entamer des pourparlers en vue d'un cessez-le-feu, au terme du deuxième cycle des négociations au Mexique. Le gouvernement colombien a accordé à l'ELN au cours de ces discussions le statut d'"organisation politique armée rebelle", un geste salué par cette guérilla comme indispensable à la poursuite du processus de paix.
- Cycle de négociations -
Le premier cycle de négociations avait pris fin en décembre avec l'annonce de la libération d'otages et des actions humanitaires mais sans accord de cessez-le-feu.
Depuis le début de l'année, des violences et des tensions ont cependant refroidi les relations entre les deux parties. Neuf membres présumés de l'ELN ont été tués fin janvier dans une offensive de l'armée colombienne.
Le Jour de l'An, le président Petro avait par ailleurs annoncé un cessez-le-feu de six mois avec cinq groupes armés et gangs de trafiquants de drogue, dont l'ELN. Cependant, trois jours plus tard, la guérilla guévariste avait démenti tout accord avec le gouvernement qui, en conséquence, a suspendu son cessez-le-feu trois jours plus tard.
Un troisième cycle de négociations, cette fois-ci à Cuba, a été annoncé début mars sans toutefois que la date en soit précisée.
La Havane avait accueilli les négociations qui ont abouti en 2016 à la démobilisation des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), qui ont été pendant des années la principale guérilla en Colombie.
Les pourparlers entre le gouvernement colombien et l'ELN avaient initialement débuté en 2018 dans la capitale cubaine, pendant la présidence de Juan Manuel Santos (2010-2018).
Son successeur à la tête de la Colombie, Ivan Duque (2018-2022), y avait mis fin en 2019 à la suite d'une attaque de la guérilla contre une école de police à Bogota qui avait fait 23 morts.
O.Rodriguez--HHA