La Turquie s'apprête à approuver l'entrée de la Finlande dans l'Otan
La Turquie s'apprêtait jeudi soir à devenir le dernier membre de l'Otan à ratifier l'adhésion de la Finlande après un vote attendu au Parlement.
L'entrée de ce petit pays nordique dans l'Alliance atlantique devait être approuvée dans la soirée après l'examen de plusieurs projets de lois soumis aux députés, selon le journaliste de l'AFP sur place.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a donné mi-mars son feu vert à l'entrée dans l'Otan de la Finlande, après dix mois de blocage en soumettant aux députés le texte de ratification, une décision aussitôt saluée par l'Alliance atlantique.
"Nous avons décidé d'entamer le processus d'adhésion de la Finlande à l'Otan dans notre parlement", avait alors déclaré M. Erdogan à l'issue d'une rencontre à Ankara avec le président finlandais Sauli Niinistö.
La ratification ne fait a priori aucun doute, la commission parlementaire turque des Affaires étrangères l'ayant approuvée la semaine dernière.
La Turquie est le dernier pays à le faire après la ratification lundi par le parlement hongrois mais elle laisse en revanche, comme Budapest, la Suède à la porte de l'Otan.
Les demandes d'adhésion finlandaise et suédoise ont pourtant été présentées conjointement l'an dernier à la suite de l'invasion de l'Ukraine par la Russie. Toutes deux nécessitent d'être approuvées à l'unanimité des trente Etats membres de l'Otan.
Le président finlandais avait affirmé son "espoir" pour une ratification avant les élections présidentielle et législatives turques prévues le 14 mai, le Parlement turc devant interrompre ses travaux environ un mois avant la tenue du double scrutin.
M. Erdogan bloquait depuis mai 2022 l'entrée dans l'Alliance atlantique de la Finlande et, plus encore, de son voisin suédois.
La Turquie accuse notamment Stockholm de passivité face à des "terroristes" kurdes réfugiés en Suède, réclamant des extraditions sur lesquelles le gouvernement n'a pas le dernier mot.
-Menaces du Kremlin-
La Finlande, soumise à une neutralité forcée par Moscou après sa guerre avec l'Union soviétique lors du deuxième conflit mondial, partage la plus longue frontière européenne (1.340 km) avec la Russie, derrière l'Ukraine.
Le Kremlin, qui a d'abord semblé minimiser l'importance de la candidature de la Finlande et de la Suède, a durci le ton ces dernières semaines, estimant mardi que les deux pays deviendraient, une fois admis, dans l'Otan, des "cibles légitimes" de "représailles de Moscou", y compris "militaires".
La Suède avait, dans la foulée mercredi, annoncé la convocation de l'ambassadeur russe à Stockholm.
Le président russe Vladimir Poutine a par ailleurs affirmé la semaine dernière que Moscou allait déployer des armes nucléaires "tactiques" sur le territoire de son allié, le Belarus, situé aux portes de l'Union européenne.
La situation reste délicate pour la Suède qui reste confrontée aux objections d'Ankara.
"Il n'y a eu aucune mesure positive prise par la Suède en ce qui concerne la liste des terroristes", a déploré M. Erdogan, évoquant plus de 120 demandes d'extraditions formulées par Ankara.
L'autodafé d'un exemplaire du Coran par un extrémiste dans la capitale suédoise, en janvier, avait conduit à la suspension des pourparlers entre Ankara, Helsinki et Stockholm.
Le président turc avait alors laissé entendre que la Turquie était prête à approuver séparément l'adhésion de la Finlande, alors que les deux pays souhaitaient à l'origine avancer "main dans la main".
Stockholm espère toutefois boucler l'entrée de son pays dans l'Alliance avant le prochain sommet de l'Otan prévu en juillet à Vilnius, en Lituanie.
E.Bekendorp--HHA