Un an après, l'Ukraine commémore le massacre de Boutcha
L'Ukraine commémore vendredi l'anniversaire du retrait russe de la ville-martyre de Boutcha, où les occupants avaient laissé derrière eux des cadavres de civils froidement exécutés, faisant de cette localité proche de Kiev le symbole le plus criant des atrocités imputées aux troupes de Moscou.
Le 31 mars 2022, l'armée russe se retirait de cette ville et de tout le nord de Kiev, un mois après avoir lancé l'invasion du pays sur ordre du président Vladimir Poutine. Deux jours après le retrait, le massacre était connu.
Des journalistes de l'AFP ont découvert à Boutcha le 2 avril des carcasses calcinées de véhicules, des maisons détruites et surtout, éparpillés sur plusieurs centaines de mètres, les cadavres de vingt hommes en civil, dont l'un avait les mains liées dans le dos.
Ces scènes ont choqué dans le monde entier, Kiev et les Occidentaux dénonçant des exécutions sommaires de civils et des crimes de guerre. Le Kremlin lui dément toute implication et évoque une mise en scène.
Lors de sa visite sur place deux jours après la découverte, le président ukrainien Volodymyr Zelensky, visiblement bouleversé, avait dénoncé "des crimes de guerre" qui seront "reconnus par le monde comme un génocide".
Depuis, la quasi totalité des dirigeants étrangers s'étant rendus en Ukraine ont fait un détour pour se rendre à Boutcha.
Dernier en date, le Premier ministre japonais Fumio Kishida y avait fait part de son "fort sentiment d'indignation" la semaine dernière.
Un an après la libération de Boutcha, des journalistes de l'AFP ont constaté jeudi des travaux de reconstruction dans cette ville de banlieue paisible qui comptait 37.000 habitants avant la guerre.
Plusieurs dizaines d'artisans du bâtiment s'affairent au milieu de pelleteuses, de tractopelles et de camions-benne, pour reconstruire les maisons et refaire la chaussée.
- "Que le mal soit puni" -
Si le traumatisme reste présent, des habitants interrogés par l'AFP ont reconnu que la "douleur s'atténue" car il faut "continuer à vivre".
S'il ne veut pas oublier les morts, l'archiprêtre Andriï, qui gère la paroisse locale, souligne qu'il est important "de ne pas vivre dans le passé, mais dans l'avenir".
"Il faut non seulement gagner, vaincre les occupants (...) Il faut que les criminels soient condamnés, que le mal soit puni", dit-il.
Les forces russes ont été accusées de multiples exactions par les autorités ukrainiennes après la découverte de centaines de corps à Boutcha et dans d'autres villes, de centaines de tombes près d'Izioum ou de "salles de torture" dans des villes reprises, selon Kiev.
La Cour pénale internationale a émis en mars un mandat d'arrêt contre Vladimir Poutine pour la "déportation" de milliers d'enfants ukrainiens vers la Russie.
Kiev insiste de son côté sur la création d'un tribunal spécial pour juger les plus hauts responsables russes pour le "crime d'agression" contre l'Ukraine, mais sa forme exacte soulève des questions juridiques complexes et réticences.
La Russie, elle, continue de nier toute exaction par ses forces.
Jeudi, la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova a une nouvelle fois dénoncé l'affaire de Boutcha comme "une provocation grossière et cynique" de Kiev.
L.Keller--HHA