Retraites: discussions à Matignon, les syndicats en réunion
A la veille d'un rendez-vous très attendu entre les responsables syndicaux et la Première ministre, les consultations politiques se poursuivent mardi à Matignon pour tenter de sortir de la crise des retraites, avant une 11e journée de mobilisation.
Discuter encore, malgré les désaccords. Après les ténors de la droite et du centre lundi, Élisabeth Borne a rendez-vous avec la cheffe des écologistes, Marine Tondelier, depuis 12H15, puis le patron des socialistes, Olivier Faure, à 17H30.
Les deux ont fait savoir qu'ils ne souhaitaient pas parler des retraites.
Mais le sujet sera l'éléphant dans la pièce: la première veut parler "du maintien de l'ordre" et "du climat de violence", le second de "la situation générale du pays". Manières détournées de renvoyer la responsabilité du désordre à l'exécutif et à sa réforme, qu'ils rejettent en bloc.
D'autres ont simplement décliné l'invitation à Matignon, dont le communiste Fabien Roussel, qui a préféré se rendre à l'Elysée avec une poignée de députés de son groupe, pour remettre une lettre demandant à Emmanuel Macron de renoncer à la réforme des retraites.
Sans illusion, puisque le chef de l'Etat considère le dossier clos depuis l'adoption du texte au forceps du 49.3 et s'en remet désormais à la décision cruciale du Conseil constitutionnel, attendue le 14 avril.
Des voix s'élèvent toutefois aussi au centre de l'échiquier politique pour réclamer un sursis au gouvernement. Comme celle du député Bertrand Pancher, co-président du groupe Liot, qui a demandé lundi à Mme Borne de "suspendre son projet" pour "apaiser la situation" et "ouvrir de véritables négociations", notamment avec les syndicats.
"Il est indispensable de briser la glace avec ces organisations", a également estimé le chef de file des sénateurs UDI, Hervé Marseille, qui a appelé la Première ministre à "travailler davantage à l'écoute des syndicats les plus réformistes", citant "tout particulièrement la CFDT".
- Accorder les violons -
C'est justement au siège parisien du premier syndicat français que les responsables des huit principales organisations doivent se retrouver à 14H00 pour accorder leurs violons avant leur rendez-vous à Matignon mercredi matin.
Laurent Berger recevra ses homologues, dont la nouvelle secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, élue la semaine dernière au terme d'un Congrès mouvementé. L'occasion de clarifier sa ligne, après une première sortie tranchante - "pas de trêve, pas de suspension, pas de médiation" - qui contraste avec les tentatives récentes de l'intersyndicale pour trouver une porte de sortie à la crise.
Pour le leader de l'Unsa, Laurent Escure, l'objectif est avant tout de "conserver comme un bien précieux" cette union qui persiste depuis bientôt trois mois.
"Nous allons redire à la Première ministre notre opposition aux 64 ans. Lui parler de l'opposition forte des salariés et des citoyens. Et lui demander de ne pas appliquer ce texte et lancer un dialogue social sur le travail et les retraites", explique le secrétaire national de la CFDT Yvan Ricordeau.
Mais au-delà de la onzième journée d'action prévue jeudi, la suite du mouvement social reste incertaine. La participation, en net repli la semaine dernière, sera scrutée de près, tout comme les débordements en marge des cortèges.
De nouvelles perturbations sont attendues dans les transports, les écoles ou les raffineries.
Mardi matin, plusieurs manifestations dans l'ouest du pays ont provoqué des blocages de route à Vannes, Morlaix, Saint-Brieuc ou Nantes.
Une "retraite aux flambeaux" est par ailleurs prévue en début de soirée à Rennes, à l'appel de plusieurs syndicats. Et à Paris, où les trottoirs ont été débarrassés des monceaux d'ordures accumulés en mars, la CGT appelle de nouveau les éboueurs à la grève "reconductible" à partir du 13 avril, veille de l'avis du Conseil constitutionnel.
A.Swartekop--HHA