"Bienvenue" à la Finlande dans l'Otan, la Suède en ligne de mire
Après trois décennies de non-alignement militaire et en pleine guerre en Ukraine, la Finlande est devenue mardi le 31e pays membre de l'Otan, une "journée historique" saluée par les dirigeants de l'Alliance qui se tourne désormais vers la Suède.
Dans un signal fort envoyé à la Russie qui a dénoncé une "atteinte" à sa sécurité et promis des "contre mesures", les pays alliés de l'Otan ont accueilli en grande pompe le pays nordique et aussitôt appelé à l'adhésion de son voisin suédois "aussi vite que possible".
Le président américain Joe Biden s'est dit "fier" d'accueillir Helsinki dans l'alliance militaire occidentale.
"Quand (Vladimir) Poutine a lancé sa guerre d'agression brutale contre le peuple ukrainien, il pensait pouvoir diviser l'Europe et l'Otan. Il avait tort. Aujourd'hui, nous sommes plus unis que jamais", a-t-il déclaré dans un communiqué.
Son homologue français Emmanuel Macron a tweeté : "Bienvenue à la Finlande dans l'Otan !", tandis que le président ukrainien Volodymyr Zelensky présentait ses "sincères félicitations" alors que Kiev aspire aussi à rejoindre un jour l'organisation militaire.
En tant que pays dépositaire du traité de l'Atlantique nord, c'est le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken qui a formellement annoncé l'adhésion de la Finlande lors d'une brève cérémonie au siège de l'Otan à Bruxelles.
Il s'était vu remettre auparavant les instruments de ratification de l'adhésion d'Helsinki par la Turquie qui a longtemps bloqué l'entrée du pays nordique et qui s'oppose toujours, ainsi que la Hongrie, à celle de la Suède.
"L'ère du non-alignement militaire dans notre histoire s'achève. Une nouvelle ère commence", a déclaré le chef de l'Etat Sauli Niinistö avant que le drapeau finlandais ne soit hissé au siège de l'Otan entre ceux de l'Estonie et de la France, suivant l'ordre alphabétique.
Le secrétaire d'Etat américain et le chef de l'Otan Jens Stoltenberg ont salué une "journée historique".
"Je suis tenté de dire que c'est peut-être la seule chose pour laquelle on peut remercier (le président russe Vladimir) Poutine, parce qu'il a, une fois de plus, précipité quelque chose qu'il disait vouloir éviter en agressant" l'Ukraine, a commenté Antony Blinken.
"La Finlande est maintenant en sécurité", a affirmé Jens Stoltenberg.
"Ensemble, les Alliés de l'Otan représentent 50% de la puissance militaire mondiale. Donc, tant que nous restons unis, que nous nous protégeons mutuellement et que nous le faisons de manière crédible, il n'y aura pas d'attaque militaire contre un allié de l'Otan", a-t-il expliqué.
L'invasion de l'Ukraine par la Russie a bouleversé la sécurité en Europe et rebattu les cartes, poussant la Finlande et la Suède à vouloir rejoindre le parapluie protecteur de l'Otan.
En adhérant à l'Otan, la Finlande, qui fut envahie par l'Union soviétique en 1939, double la longueur de la frontière avec la Russie de l'Alliance dirigée par les Etats-Unis.
Elle obtient la protection de l'article 5, l'engagement de défense collective selon lequel une attaque contre un membre "sera considérée comme une attaque contre tous les membres".
- Suède -
Les objections de la Turquie et de la Hongrie ont retardé l'adhésion d'Helsinki pendant des mois et bloquent toujours celle de Stockholm.
A l'unisson, les dirigeants de l'Alliance ont d'ailleurs aussitôt appelé à ce que la Suède les rejoignent, du Premier ministre britannique Rishi Sunak au chancelier allemand Olaf Scholz.
"Nous encourageons la Turquie et la Hongrie à ratifier les protocoles d'adhésion de la Suède sans délai afin que nous puissions accueillir la Suède dans l'Alliance atlantique aussi vite que possible", a déclaré M. Blinken.
"J'appelle le président (turc) Erdogan à ne pas ruiner le sommet de Vilnius" en juillet, a lancé son homologue lituanien Gabrielus Landbsergis, en disant espérer y voir à ce moment-là "le drapeau de la Suède flotter à l'Otan".
Hasard de l'ordre alphabétique, les couleurs de la Suède seraient alors hissées entre celles de l'Espagne et de la Turquie.
- "L'Ukraine deviendra membre" -
Les adhésions des deux pays nordiques sont la démonstration que "la porte de l'Otan reste ouverte", a martelé Jens Stoltenberg. "La position de l'Otan reste inchangée : l'Ukraine deviendra membre de l'Alliance", a-t-il poursuivi.
Cependant, a-t-il ajouté aussitôt, "l'objectif principal pour l'heure est sa survie comme un pays souverain et indépendant, sinon parler d'adhésion n'a aucun sens".
Les ministres des Affaires étrangères de l'Otan doivent rencontrer leur homologue ukrainien Dmytro Kouleba et vont discuter du "soutien à long terme" à Kiev.
"L'Ukraine vise le même objectif que la Finlande en devenant membre à part entière de l'Otan, et nos conversations ici à Bruxelles porteront sur la façon dont nous pouvons aller de l'avant", a déclaré le ministre ukrainien à son arrivée.
Une réunion de la Commission Otan-Ukraine a été organisée à cette fin malgré des objections de la Hongrie.
J.Fuchs--HHA