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Premiers pourparlers russo-ukrainiens, Macron demande à Poutine d'épargner les civils

Premiers pourparlers russo-ukrainiens, Macron demande à Poutine d'épargner les civils

Des délégations russe et ukrainienne ont entamé lundi au Bélarus des pourparlers pour mettre fin au conflit en Ukraine, alors que des combats se poursuivaient notamment à Kharkiv, deuxième ville du pays, et que le président français Emmanuel Macron a demandé à Vladimir Poutine d'épargner les civils.

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Ces premières négociations, qui ont débuté vers 11H00 GMT, interviennent au cinquième jour de l'invasion russe. La Russie de Vladimir Poutine fait face pour l'instant à une vive résistance de l'armée ukrainienne et à des sanctions économiques occidentales d'une ampleur inédite.

Selon la présidence ukrainienne, Kiev comptait demander lors des discussions --organisées dans une résidence du président bélarusse Alexandre Loukachenko, à la frontière ukraino-bélarusse-- "un cessez-le-feu immédiat et le retrait des troupes (russes) du territoire ukrainien".

Il a également demandé à l'Union européenne une intégration "sans délai" de l'Ukraine. "Je suis sûr que c'est possible", a-t-il lancé.

Le président du Conseil européen Charles Michel a cependant souligné qu'il y avait "différentes opinions" sur l'adhésion de l'Ukraine parmi les Vingt-Sept, semblant écarter toute décision rapide.

Le chef de la délégation russe, le conseiller du Kremlin Vladimir Medinski, a lui espéré "trouver un accord" avec Kiev "dans l'intérêt des deux parties", sans révéler ce qu'il entendait mettre sur la table.

L'agence de presse d'Etat bélarusse Belta a diffusé des images des négociations, autour d'une longue table couverte d'une nappe blanche, et les drapeaux des trois pays dans le fond.

Le Bélarus, où sont stationnées d'importantes forces russes, est l'un des principaux alliés de Moscou. Son très autoritaire président, Alexandre Loukachenko, a fait ratifier dimanche par référendum des amendements à la Constitution ouvrant la porte à une nucléarisation du pays - et à l'accueil d'armes nucléaires russes sur son territoire.

- Epargner les civils -

Les pourparlers ont démarré sur fond de combats pour la deuxième ville du pays, Kharkiv (1,4 million d'habitants), proche de la frontière russe.

Au moins onze personnes ont été tuées dans des bombardements russes sur des quartiers résidentiels, selon le gouverneur régional, qui a dit craindre des "dizaines de morts".

Il a qualifié l'offensive de "génocide du peuple ukrainien", tandis que le porte-parole du Kremlin assurait que l'armée russe s'efforçait d'"assurer la sécurité des civils."

Le président français Emmanuel Macron, président en exercice de l'UE, a indiqué, après un échange avec Vladimir Poutine, que le président russe avait "confirmé sa volonté" d'éviter les frappes contre les civils et les axes routiers.

Mais M. Poutine a de son côté réitéré une liste d'exigences à tout règlement du conflit, dont la reconnaissance de la souveraineté russe sur la Crimée, annexée par Moscou en 2014, et une "démilitarisation et dénazification" de l'Ukraine.

Dans la capitale Kiev, la situation semblait plus calme lundi après un week-end sous couvre-feu. Mais beaucoup se préparaient à un nouvel assaut russe.

La ville était hérissée de barricades de fortune et des panneaux électroniques publics prévenaient les Russes qu'ils seraient accueillis "par des balles".

L'armée russe a fait savoir que les civils pouvaient quitter "librement" Kiev et accusé le pouvoir ukrainien de les utiliser comme "boucliers humains", laissant planer le spectre d'une attaque d'envergure.

En l'absence jusqu'ici de victoire majeure de l'armée russe, Vladimir Poutine avait franchi dimanche un nouveau cap dans la menace d'élargir le conflit, dont beaucoup craignent qu'il devienne le plus grave en Europe depuis 1945. Il a déclaré dimanche avoir mis ses forces nucléaires en "état spécial d'alerte" face aux "déclarations belliqueuses de l'Otan" et aux sanctions "illégitimes" imposées à la Russie.

- Sanctions économiques -

Durant le weekend, les Européens ont durci leurs sanctions économiques contre la Russie. Ils ont exclu plusieurs banques russes du système interbancaire international Swift, et interdit toute transaction avec la Banque centrale de Russie.

Les Etats-Unis ont annoncé une mesure similaire lundi, de sorte que la Banque centrale devrait voir tous ses actifs gelés dans l'UE et aux Etats-Unis.

Les sanctions commencent à peser: la Banque centrale européenne a constaté la "faillite ou faillite probable" de la filiale européenne de la première banque russe, la Sberbank.

Pour défendre l'économie et le rouble, tombé à des niveaux historiquement bas face à l'euro et au dollar lundi, la Banque centrale russe a annoncé relever de 10,5 points, à 20%, son taux directeur.

M. Poutine se concentrait lundi matin sur ces problèmes économiques, selon son porte-parole. "Les sanctions sont lourdes, elles posent problème (...) mais la Russie a toutes les capacités nécessaires pour compenser les dégâts," a affirmé Dmitri Peskov.

Mais des Moscovites s'inquiètent pour leurs économies.

Natalia Prochina, 75 ans, a dit à l'AFP être prête à retirer toute son épargne de la grande banque VTB "pour ne pas perdre de nouveau toute sa fortune", comme cela lui était arrivé pendant la crise financière russe de 1998.

Et l'oligarque Oleg Deripaska, fondateur du géant de l'aluminium Rusal, a appelé à "changer de politique économique et mettre fin à tout ce capitalisme d'Etat," dans une rare critique du Kremlin.

Les Européens ont aussi fermé leur espace aérien aux compagnies russes. La Russie a répliqué en fermant ses portes aux compagnies aériennes de 36 pays.

L'ensemble des marchés mondiaux ont replongé lundi, craignant que le conflit n'alimente la flambée des prix de l'énergie et la reprise de l'inflation.

Si les pays européens sont pour la plupart membres de l'Alliance atlantique --qui a annoncé qu'elle n'enverrait pas de troupes en Ukraine-- ils ont annoncé dimanche des mesures inédites de soutien militaire à Kiev: déblocage de 450 millions d'euros pour financer des livraisons d'armes et envoi d'avions de combat.

Le président américain Joe Biden s'entretiendra à nouveau avec ses alliés à 16H15 GMT, pour "coordonner" une "réponse unie" face à l'attaque russe, a annoncé la Maison Blanche.

Emmanuel Macron participera à cette visioconférence puis aura un dîner avec le chancelier allemand Olaf Scholz et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.

- 500.000 réfugiés -

Le conflit a jeté sur les routes des flots de réfugiés toujours plus nombreux.

Depuis le début de l'invasion jeudi, plus de 500.000 Ukrainiens ont fui vers les pays voisins, a indiqué lundi le Haut-Commissaire de l'ONU pour les réfugiés. L'UE a dit s'attendre à plus de sept millions de personnes déplacées.

Une majorité se rend en Pologne. Mais Roumanie, Slovaquie et Hongrie --tous membres de l'Otan-- sont aussi concernés.

Malgré ses positions anti-migrants, le Premier ministre hongrois Viktor Orban a assoupli les règles d'asile et les Hongrois ont accouru à la frontière ukrainienne pour proposer bols de goulash, offres d'hébergement et réconfort.

De longues files de voiture patientent aux points de passage frontaliers avec la Pologne.

Depuis la Russie, les départs d'Occidentaux devraient aussi s'accélérer. Les Etats-Unis ont recommandé lundi à leurs ressortissants de quitter immédiatement le pays, après l'Italie et la Belgique.

Le bilan de cinq jours de conflit reste incertain.

L'ONU a indiqué lundi avoir enregistré 102 civils tués et 304 blessés, mais averti que les chiffres réels étaient "considérablement" plus élevés.

L'Ukraine a fait état lundi de 352 civils tués et 2.040 blessés depuis jeudi. Elle affirme que plusieurs milliers de soldats russes ont péri.

Les Russes, eux, n'ont donné aucun chiffre.

Les 193 membres de l'Assemblée générale des Nations unies ont entamé à New York une rare "session extraordinaire d'urgence" sur le conflit par une une minute de silence pour les victimes de l'invasion russe.

La France devait soumettre une résolution sur l'aide humanitaire à l'Ukraine au Conseil de sécurité. La Russie y détient un droit de veto qui exclut toute condamnation formelle de l'offensive.

burx-cat/sg

J.Berger--HHA