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Retraites: rencontres à Matignon pour tourner, ou pas, la page
Retraites: rencontres à Matignon pour tourner, ou pas, la page / Photo: JEAN-FRANCOIS MONIER - AFP

Retraites: rencontres à Matignon pour tourner, ou pas, la page

La porte de son bureau va-t-elle claquer ? Elisabeth Borne reçoit mercredi dans un geste "d'apaisement" les syndicats pour tenter de sortir de la crise des retraites, mais ces derniers n'entendent pas passer l'éponge de sitôt, réclamant de concert le "retrait" de la réforme.

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La Première ministre a promis qu'elle serait "à l'écoute de tous les sujets" que les syndicats voudraient aborder lors de cette rencontre qui débutera à 10H00 à Matignon, en dépit de "points de désaccord" sur la réforme des retraites, en particulier le recul de l'âge de départ de 62 à 64 ans.

Si l'exécutif refuse de parler des 64 ans, "on partira", a prévenu le leader de la CFDT, Laurent Berger. "Ca peut durer cinq minutes", a abondé la nouvelle patronne de la CGT, Sophie Binet.

"Demain, le gouvernement qui veut tourner la page va voir qu'on ne veut pas tourner la page", a affirmé auprès de l'AFP un leader syndical, à l'issue d'une réunion mardi de l'intersyndicale en présence de Sophie Binet.

"L'intersyndicale est bien unie, soudée. C'est rassurant, rien n'a changé" depuis le remplacement de Philippe Martinez à la tête de la CGT, a fait valoir ce responsable.

La rencontre avec Mme Borne, qui a lieu la veille d'une 11e journée de manifestations et de grèves contre la réforme, "est déjà écrite", estime un ministre de premier plan, qui table sur une impasse.

- "Impasse" -

Une source syndicale balaie les récentes dissonances entre la CFDT, qui réclame de "retirer ou suspendre" le texte, et la CGT, qui veut le "retrait" pur et simple: "en réalité parler de suspension, c'est comme pour le CPE (Contrat première embauche), c'est ne pas appliquer".

Outre le retrait, la CFDT devrait réclamer une conférence sociale sur le travail et les retraites, selon son secrétaire national Yvan Ricordeau.

"On est dans une impasse" car "tant qu'il n'y aura pas de retrait (...) on ne passera pas à autre chose", a abondé la patronne des écologistes Marine Tondelier mardi à l'issue d'une rencontre avec Elisabeth Borne, qui consulte tous azimuts pour "élargir la majorité" et bâtir un programme de gouvernement pour les mois à venir.

"Et quand on est dans une impasse, il faut faire demi-tour", a renchéri la leader du PS Olivier Faure, qui a trouvé la Première ministre "démunie" de solutions pour sortir de la crise.

C'est la première fois que la Première ministre reçoit les organisations syndicales depuis la présentation le 10 janvier de la réforme.

Celle-ci a généré une mobilisation quasi hebdomadaire inédite allant jusqu'à 1,3 million de personnes dans la rue le 7 mars (selon les autorités), soit davantage qu'en 1995 ou 2010. Et ces manifestations ont connu un regain de tensions après l'adoption sans vote de la réforme au Parlement, via le 49.3.

Les syndicats avaient déjà demandé, en vain, d'être reçus par Emmanuel Macron. Elisabeth Borne les avaient alors renvoyés au ministère du Travail.

- Fatigue -

Côté gouvernement, le souhait c'est de "négocier autre chose" que les retraites, selon un ministre, "inquiet du niveau de tension", en attendant la décision du Conseil constitutionnel lundi.

Elisabeth Borne considère qu'il y a "beaucoup de sujets à aborder" sur "la qualité de vie au travail, sur les fins de carrière, sur la prévention de la pénibilité".

L'exécutif mise aussi sur la fatigue des manifestants alors que les vacances de printemps débutent le 8 avril. "La manière dont les choses se sont passées mardi (28 mars) est plutôt positive : une mobilisation en baisse, des syndicats qui acceptent d'être reçus", estimait un député Renaissance après la 10e journée de mobilisation.

A l'inverse, les syndicats entendent jeudi "montrer que la mobilisation est toujours puissante".

Le leader de la CFDT Laurent Berger espère dans L'Obs que le Conseil constitutionnel "censurera la loi". Car "s'il y a censure de points particuliers comme l'index senior, la pénibilité au travail, etc., mais pas des 64 ans, alors ça ne répondra en rien à la conflictualité sociale en cours", selon lui.

Le Conseil constitutionnel rendra sa décision le 14 avril.

Les syndicats comme la gauche comptent également sur la validation par la Haute juridiction du référendum d'initiative partagée (RIP) sur la réforme.

J.Fuchs--HHA