Roquettes tirées du Liban, Israël accuse des groupes palestiniens
Israël a accusé jeudi des groupes palestiniens d'avoir tiré des dizaines de roquettes sur son territoire à partir du Liban, un embrasement du front israélo-libanais inédit depuis la guerre ayant opposé Israël au Hezbollah en 2006.
Le tir de plus de trente roquettes à partir du Liban dans l'après-midi a fait un blessé et causé des dégâts matériels le jour de la Pâque juive.
Le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, a demandé à l'armée "de préparer toutes les ripostes possibles", alors que le Premier ministre Benjamin Netanyahu a réuni jeudi soir son cabinet de sécurité.
Cet accès de violence, ayant suscité condamnations et appels à la retenue, survient au lendemain de l'irruption brutale, en plein ramadan, de la police israélienne dans la mosquée Al-Aqsa de Jérusalem, troisième lieu saint de l'islam, largement dénoncée par les pays voisins et à laquelle plusieurs groupes palestiniens ont promis une riposte.
Israël et le Liban restent techniquement en état de guerre après différents conflits, et la ligne de cessez-le-feu est contrôlée par la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul), déployée dans le sud du Liban pour veiller au maintien de la trêve.
Le ministère libanais des Affaires étrangères a assuré que le Liban voulait préserver "le calme et la stabilité" dans le Sud, appelant la communauté internationale à "faire pression sur Israël pour arrêter l'escalade".
Selon l'armée israélienne, "34 roquettes ont été tirées du territoire libanais", dont cinq sont tombées en Israël et 25 ont été interceptées par la défense antiaérienne.
Jeudi soir, elle a estimé possible que les tirs provenant du Liban, non revendiqués, étaient des "tirs palestiniens": "ce pourrait être le Hamas, ce pourrait être le Jihad islamique, nous essayons encore d'arriver à une conclusion finale sur ce point, mais ce n'était pas le Hezbollah" libanais, a déclaré le lieutenant-colonel Richard Hecht.
"Nous partons du principe que le Hezbollah était probablement au courant de ces tirs, et le Liban a une part de responsabilité. Nous sommes également en train d'enquêter sur une éventuelle implication de l'Iran", a-t-il ajouté.
Jugeant la situation "extrêmement sérieuse", la Finul a appelé "à la retenue et à éviter une escalade supplémentaire".
L'armée libanaise a indiqué que "plusieurs roquettes avaient été tirées depuis les environs des localités de Qlailé, Zebqine et Maaliyé" dans le sud du pays vers Israël.
Elle a a dit avoir "découvert et démantelé des rampes de lancement de roquettes" contenant plusieurs projectiles prêts à être lancés, près des deux premières localités. "L'armée patrouille dans le secteur, en coordination étroite avec la Finul".
- "Réalité en Israël" -
A Fassuta, village arabe du nord d'Israël à deux kilomètres de la ligne de démarcation, un journaliste de l'AFP a vu une base de roquette noircie gisant sur la chaussée et une voiture endommagée.
A une vingtaine de kilomètres à l'ouest, à Shlomi, des journalistes de l'AFP on vu des bureaux criblés d'impacts après l'explosion d'un engin ayant laissé son empreinte au milieu de la chaussée.
"J'ai entendu la sirène, j'ai entendu l'explosion, j'étais à la maison et c'était vraiment terrifiant", témoigne Shlomi Naaman, avocat de 46 ans travaillant dans un de ces bureaux.
"C'était terrifiant" mais "c'est la réalité en Israël", confie Noy Atias, 21 ans, disant avoir entendu pas moins de cinq explosions.
Plus tôt jeudi, le Hezbollah avait proclamé son soutien à "toutes les mesures" que les groupes armés palestiniens pourraient prendre contre Israël en dénonçant "avec force l'assaut des forces d'occupation israéliennes" contre la mosquée Al-Aqsa, à Jérusalem-Est annexée.
- "Droit de se défendre" -
Le Hezbollah, qui contrôle de fait le sud du Liban, entretient de bonnes relations avec le Hamas, au pouvoir à Gaza, et le Jihad islamique palestinien. Le chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh est actuellement au Liban.
"Si les sionistes pensent qu'ils peuvent souiller la mosquée Al-Aqsa, ils doivent comprendre (..) que cela pourra faire flamber la région tout entière", a prévenu Hachem Safieddine, un dirigeant du Hezbollah, cité par la chaîne du mouvement.
Deux roquettes ont été tirées mercredi soir depuis la bande de Gaza vers le territoire israélien, après des tirs similaires la nuit précédente auxquels Israël avait répliqué avec des frappes, sur fond de violences dans la mosquée Al-Aqsa.
Paris a condamné des tirs "indiscriminés" ayant ciblé Israël et appelé "au respect du statu quo historique sur les lieux saints à Jérusalem", alors que Washington a reconnu "le droit légitime d'Israël à se défendre contre toute forme d'agression". Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a de son côté appelé à "la plus grande retenue".
Le dernier tir de roquette du Liban vers Israël remonte à avril 2022, mais les tirs de jeudi représentent l'escalade la plus importante depuis la guerre de 2006 entre Israël et le Hezbollah, qui avait fait plus de 1.200 morts côté libanais, majoritairement des civils, et 160 côté israélien, essentiellement des militaires.
P.Garcia--HHA