Israël mobilise après des attentats meurtriers à Tel-Aviv et en Cisjordanie occupée
Israël a annoncé vendredi soir la mobilisation de policiers de réserve et des renforts militaires après la mort de trois personnes dans deux attentats, sur fond d'une nouvelle escalade des tensions au Proche-Orient.
Vendredi soir, un homme d'environ trente ans a été tué dans un attentat à la voiture bélier sur le front de mer de Tel-Aviv ayant fait également cinq blessés.
Les services de secours ont présenté les victimes comme des "touristes". Le conducteur a été abattu, a rapporté la police.
A la suite de cette attaque, survenue un soir de shabbat et pendant la semaine de la Pâque juive, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu "a donné l'ordre à la police israélienne de mobiliser toutes les unités de réserve de la police aux frontières, et à [l'armée] de mobiliser des forces supplémentaires pour faire face aux attentats terroristes", selon son bureau.
Plus tôt, deux sœurs originaires de la colonie israélienne d'Efrat et âgées de seize et vingt ans avaient été tuées et leur mère grièvement blessée dans une attaque en Cisjordanie.
Avant l'aube, Israël avait mené des frappes militaires à Gaza et au Liban contre des positions du mouvement islamiste palestinien Hamas, en riposte aux tirs de dizaines de roquettes la veille sur son territoire.
Cette nouvelle poussée de fièvre fait suite à l'irruption brutale des forces israéliennes et aux violences mercredi dans la mosquée Al-Aqsa de Jérusalem, troisième lieu saint de l'islam.
Les condamnations internationales se sont multipliées et le Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza, a dénoncé un "crime sans précédent" d'Israël, en plein ramadan.
- "Prix fort" -
M. Netanyahu a affirmé que les forces israéliennes avaient été "contraintes d'agir pour rétablir l'ordre" face à des "extrémistes" barricadés dans la mosquée.
Au Liban, l'armée israélienne a affirmé avoir frappé trois "infrastructures" du Hamas dans la zone de Rachidiyé, où se trouve un camp de réfugiés palestiniens, près de Tyr.
Jeudi, une trentaine de roquettes avaient été tirées du Liban vers Israël, blessant une personne et causant des dégâts matériels.
Il s'agit d'une escalade sans précédent sur le front israélo-libanais depuis 2006.
L'armée israélienne a affirmé que les tirs, non revendiqués, étaient "palestiniens", et probablement du Hamas ou du Jihad islamique, autre groupe armé.
M. Netanyahu a promis de faire payer aux "ennemis" d'Israël "le prix fort" pour "chaque agression" contre son pays.
"Les menaces et intimidations des dirigeants sionistes ne mèneront à rien", a réagi vendredi Naïm Qassem, numéro deux du mouvement chiite Hezbollah, maître de fait du sud du Liban.
"Les Palestiniens au Sud-Liban ne peuvent pas tirer un coup de fusil sans l'accord du Hezbollah", souligne Fabrice Balanche, analyste de l'Université Lumière Lyon 2.
Vendredi soir, l'armée israélienne a dit avoir abattu un drone ayant pénétré dans son territoire depuis le Liban, sans davantage de détails.
Israël et le Liban sont techniquement en état de guerre après différents conflits et la ligne de cessez-le-feu est contrôlée par la Force intérimaire des Nations unies (Finul), déployée dans le sud du Liban.
Celle-ci a dit avoir appelé "toutes les parties à cesser toutes leurs actions". "Les deux parties ont dit qu'elles ne voulaient pas de guerre", d'après elle.
L'armée libanaise a annoncé avoir démantelé, dans le sud, une nouvelle rampe de lancement de roquettes susceptibles d'être tirées sur Israël et le ministère libanais des Affaires étrangères a assuré que le Liban voulait y préserver "le calme".
- Médiation qatarie -
Le Hamas a prévenu qu'il tenait Israël pour "entièrement responsable des conséquences" des frappes.
L'armée israélienne a indiqué avoir mené plusieurs raids aériens dans la nuit sur Gaza, visant dix cibles du Hamas qui y est au pouvoir depuis 2007.
En riposte, plusieurs dizaines de missiles ont été tirés à partir du micro-territoire sous blocus israélien. Un seul a touché une zone urbaine israélienne, Sderot, endommageant une maison, selon l'armée.
Le Qatar, qui a par le passé servi de médiateur entre Israël et le Hamas, "œuvre à une désescalade", a déclaré vendredi à l'AFP un responsable qatari, sous couvert d'anonymat.
"L'objectif principal du Qatar est d'empêcher un carnage inutile et d'éviter des conséquences destructrices pour les Palestiniens et les populations civiles", a-t-il dit.
Le ministère de la Santé de Gaza a fait état de "dégâts" à l'hôpital pédiatrique al-Dorra (dans l'est de la ville de Gaza) à la suite des raids israéliens, condamnant un acte "inacceptable".
Des "cibles proches" de l'hôpital ont été visées, a indiqué à l'AFP un porte-parole militaire israélien, mais "à notre connaissance, il n'y a eu aucun dommage ou impact direct sur l'hôpital".
A.Gonzalez--HHA