Hamburger Anzeiger - Le juge chargé de l'avenir de la pilule abortive aux Etats-Unis, un conservateur hostile à l'IVG

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Le juge chargé de l'avenir de la pilule abortive aux Etats-Unis, un conservateur hostile à l'IVG
Le juge chargé de l'avenir de la pilule abortive aux Etats-Unis, un conservateur hostile à l'IVG / Photo: Moisés ÁVILA - AFP

Le juge chargé de l'avenir de la pilule abortive aux Etats-Unis, un conservateur hostile à l'IVG

En 2015, Matthew Kacsmaryk, juriste au sein d'une organisation chrétienne opposée à l'avortement, regrettait que les foetus "passent après les désirs érotiques" des adultes. Aujourd'hui juge fédéral, il a annoncé vendredi suspendre l'autorisation de mise sur le marché aux Etats-Unis de la mifépristone (RU 486), la principale pilule abortive aux Etats-Unis.

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Ces dernières semaines, les projecteurs étaient braqués sur cet homme de 45 ans, depuis qu'une coalition de militants anti-IVG a déposé plainte à Amarillo, au Texas, contre l'Agence américaine du médicament (FDA) à qui ils reprochent d'avoir autorisé la mifépristone il y a plus de 20 ans.

Matthew Kacsmaryk étant le seul juge fédéral dans cette ville, le dossier, qui porte sur une agence fédérale, avait naturellement atterri sur son bureau. Et son profil avait immédiatement suscité des sueurs froides chez les défenseurs du droit aux interruptions de grossesse.

"Dans un univers rationnel, cette plainte serait balayée en riant pour de multiples raisons", avait souligné Jennifer Dalven de l'ACLU, en notant que la mifépristone -- qui s'utilise en combinaison avec un autre cachet -- avait prouvé depuis l'an 2000 son innocuité et son efficacité.

Malgré tout, "nous sommes inquiets" parce que les plaignants "ont pu sélectionner leur juge" et ont choisi un magistrat "radical", avait-elle ajouté sur le site de cette organisation de défense des droits. La suite a justifié ses inquiétudes.

- "Libertaires athées" -

En même temps les rangs conservateurs ont apporté un franc soutien au magistrat.

"Le juge Kacsmaryk est la dernière cible d'intimidation judiciaire" et son "seul tort est d'avoir défendu les libertés religieuses devant la justice", a notamment écrit Carrie Severino, qui dirige le lobby Judicial Crisis Network.

Avant d'être nommé juge fédéral par l'ex-président républicain Donald Trump, en 2017, Matthew Kacsmaryk a en effet été juriste au sein du First Liberty Institute, une organisation qui défend les vues de la droite religieuse devant les tribunaux.

Elle a ainsi représenté par exemple des pâtissiers qui, au nom de leur foi chrétienne, ne voulaient pas faire de gâteau de mariage pour un couple homosexuel, ou encore un entraîneur sportif dans une école publique licencié après avoir prié avec des élèves.

A ce poste, Matthew Kacsmaryk a décrié la décision historique de la Cour suprême de légaliser le mariage homosexuel et s'est opposé à l'usage par les personnes transgenres des toilettes du sexe auquel ils s'identifient.

Dans un article publié en 2015, il a décrié la "révolution sexuelle (...) prônée par des libertaires athées", pour qui "le mariage, la sexualité, le genre, l'identité et même l'enfant passent après les désirs des adultes".

- "Fait pour ça" -

Lors de son processus de confirmation au Sénat -- compétent aux Etats-Unis pour avaliser les juges choisis par les présidents --, il a été malmené par les démocrates.

"Mr. Kacsmaryk a manifesté une hostilité envers la communauté LGBTQ qui frôle la paranoïa", a notamment lancé le sénateur Chuck Schumer.

Lui a juré qu'une fois en poste, il jugerait en toute impartialité sans laisser ses convictions influencer ses décisions.

Depuis qu'il a pris ses fonctions à Amarillo, il a surtout géré des affaires de droit commun.

Mais il a donné tort à l'administration du président Joe Biden dans un dossier migratoire et raison à un père qui attaquait un programme fédéral finançant la contraception de mineurs sans l'accord de leurs parents.

Sa soeur, qu'il a aidée quand elle a donné naissance à 17 ans à un enfant placé à l'adoption, avait estimé qu'il était la bonne personne pour trancher le dossier mifépristone.

"Il est fait pour ça", avait déclaré Jennifer Griffith, qui reste opposée à l'avortement, dans un entretien accordé au Washington Post. "Il est exactement là où il doit être".

E.Bekendorp--HHA