Armada chinoise autour de Taïwan au deuxième de trois jours d'exercices militaires
La Chine effectue dimanche le deuxième jour d'un exercice "d'encerclement total" de Taïwan, des manoeuvres programmées jusqu'à lundi et présentées par Pékin comme un "sérieux avertissement" aux autorités de l'île après la rencontre de sa présidente avec un haut responsable américain.
Baptisée "Joint Sword", l'opération a été vivement dénoncée par Taïwan et les Etats-Unis ont appelé Pékin à la "retenue", assurant garder "ouverts" ses canaux de communication avec la Chine.
Ces manoeuvres ont été lancées après la rencontre mercredi en Californie de la présidente taïwanaise Tsai Ing-wen avec le Speaker de la Chambre des représentants, Kevin McCarthy, à laquelle Pékin avait promis de réagir avec des mesures "fermes et énergiques".
Elles visent à établir les capacités chinoises à "prendre le contrôle de la mer, de l'espace aérien et de l'information (...) afin de créer une dissuasion et un encerclement total" de Taïwan, a affirmé samedi la télévision d'Etat chinoise.
Samedi, le ministère de la Défense taïwanais a indiqué avoir détecté la présence autour de l'île de neuf navires et de 71 aéronefs militaires.
Les moyens mobilisés comprennent des navires de guerre, des vedettes rapides lance-missiles, des avions de chasse, des ravitailleurs et des brouilleurs, selon Pékin.
La Chine considère Taïwan (23 millions d'habitants) comme l'une de ses provinces qu'elle n'a pas encore réussi à réunifier avec le reste de son territoire depuis la fin de la guerre civile chinoise en 1949.
Les manoeuvres "servent de sérieux avertissement contre la collusion entre les forces séparatistes recherchant +l'indépendance de Taïwan+ et les forces extérieures, ainsi que leurs activités provocatrices", a averti un porte-parole de l'armée chinoise, Shi Yi.
Washington a réitéré samedi son appel à "ne pas modifier le statu quo".
"Nous sommes confiants dans le fait que nous avons des ressources et des capacités suffisantes dans la région pour assurer la paix et la stabilité", a indiqué le Département d'Etat.
- "Marquer des points" -
Des exercices à tirs réels se tiendront lundi dans le détroit de Taïwan à proximité des côtes du Fujian (est), la province qui fait face à l'île, ont par ailleurs indiqué les autorités maritimes locales.
Ces exercices, qui revêtent une dimension "opérationnelle", sont destinés à démontrer que l'armée chinoise sera prête "si les provocations s'intensifient" à "régler une fois pour toutes la question de Taïwan", indique à l'AFP l'expert militaire Song Zhongping.
Mme Tsai a dénoncé samedi l'"expansionnisme autoritaire" de la Chine et assuré que Taïwan "continuerait à travailler avec les Etats-Unis et d'autres pays (...) pour défendre les valeurs de liberté et de démocratie".
La Chine voit avec mécontentement le rapprochement ces dernières années entre les autorités taïwanaises et les Etats-Unis qui, malgré l'absence de relations officielles, fournissent à l'île un soutien militaire substantiel.
Pour Pékin, ces exercices militaires sont "une nécessité" pour "marquer des points politiquement" auprès de la population chinoise, affirme à l'AFP James Char, expert de l'armée chinoise à l'Université de technologie de Nanyang à Singapour.
Pour autant, une escalade de la même intensité que celle d'août 2022 semble a priori écartée, selon M. Char qui souligne que Pékin, qui tente de "réchauffer" ses relations avec l'Europe, a attendu la "fin" d'une visite d'Etat du président français Emmanuel Macron pour lancer ses exercices.
L'été dernier, la Chine avait engagé des manoeuvres militaires sans précédent autour de Taïwan et tiré des missiles lorsque la démocrate Nancy Pelosi, qui a précédé M. McCarthy au perchoir de la Chambre, s'était rendue sur l'île.
Les Etats-Unis ont reconnu la République populaire de Chine en 1979 et ne doivent en théorie avoir aucun contact officiel avec la République de Chine (Taïwan) en vertu du "principe d'une seule Chine" défendu par Pékin.
Sur la place de la Liberté au coeur de Taipei, de nombreux jeunes réunis par petits groupes comme chaque week-end ont réagi avec flegme samedi aux manoeuvres chinoises. "Je crois que la plupart des Taïwanais sont habitués. On se dit juste, et voilà, c'est reparti", a expliqué Jim Tsai, un lycéen de 16 ans.
W.Taylor--HHA