Ukraine : un immeuble civil bombardé, le jour où Poutine signe une nouvelle loi sur la mobilisation
Une nouvelle frappe russe sur un immeuble à Sloviansk, dans l'est de l'Ukraine, a fait au moins huit morts vendredi, le jour où le président Vladimir Poutine a signé vendredi une loi facilitant la mobilisation des jeunes Russes dans l'armée.
Un enfant de deux ans, qui avait été sorti vivant des décombres de ce bâtiment civil, a succombé peu après dans l'ambulance, a indiqué Daria Zarivna, conseillère du président ukrainien Volodymyr Zelensky.
Sloviansk se trouve dans une partie de la région de Donetsk sous contrôle ukrainien, à 45 kilomètres au nord-ouest de Bakhmout, près du territoire contrôlé par la Russie.
Selon Kiev, elle a été visée par sept missiles, qui ont endommagé cinq immeubles, cinq maisons, une école et un bâtiment administratif.
Le président Zelensky a accusé la Russie de "bombarder brutalement" des bâtiments résidentiels et de "tuer des gens en plein jour".
Dans un communiqué, le bureau du procureur régional de Donetsk a indiqué qu'une enquête préliminaire avait été ouverte dans le cadre d'une procédure pénale pour violation des lois et coutumes de la guerre.
"Selon les informations préliminaires, les occupants ont utilisé un système de missiles antiaériens S-300 contre la population civile", ajoute le texte.
Des journalistes de l'AFP ont vu des secouristes chercher des survivants au dernier étage d'un immeuble résidentiel de l'ère soviétique et de la fumée noire s'échapper de maisons en feu de l'autre côté de la rue.
"J'habite de l'autre côté de la rue et je dormais quand j'ai entendu cette énorme explosion. Je suis sortie en courant de mon appartement", a raconté à l'AFP Larisa, une habitante de 59 ans.
Elle a précisé que l'impact du bombardement avait brisé ses fenêtres et projeté des éclats de verre dans toute la maison.
- Mobilisé par voie électronique -
Le même jour, à Moscou, le président russe Vladimir Poutine a signé une nouvelle loi facilitant la mobilisation des jeunes Russes dans l'armée.
Selon ce texte, un réserviste pourra désormais être mobilisé par voie électronique, via un portail des services publics russes, ou encore si l'ordre est remis à un tiers, ont indiqué les agences russes.
Jusque-là, les convocations devaient être remises obligatoirement en mains propres.
Le président Poutine a décrété une mobilisation de 300.000 réservistes en septembre 2022, dont la mise en oeuvre a souvent été chaotique.
Si le Kremlin dément vouloir lancer une deuxième vague de mobilisation, nombreux sont ceux en Russie qui s'en inquiètent, alors que l'armée ukrainienne prépare une contre-offensive.
La police a le droit de mener la chasse aux réfractaires, qui encourent des peines de prison. Le service des impôts, les universités et d'autres organismes publics devront fournir les informations personnelles des mobilisables.
Le refus de se présenter au bureau d'enrôlement privera ainsi les Russes de la possibilité de travailler en tant qu'entrepreneur ou indépendant, de recevoir des prêts ou de disposer de leur logement et de leur voiture.
Ces mesures concernent aussi les Russes qui ont fui leur pays et travaillent à distance.
- Fuir -
La précédente mobilisation de septembre 2022 avait en tout cas provoqué la fuite de dizaines de milliers de Russes à l'étranger.
Le bombardement de cet immeuble civil à Sloviansk intervient alors que Moscou a déclaré accroître la pression pour s'emparer d'autres quartiers de la ville ravagée de Bakhmout, plus au sud.
L'armée russe a déclaré que les mercenaires du groupe Wagner avancent vers les quartiers ouest de la ville, soutenues par les troupes aéroportées de Moscou.
"Les unités d'assaut de Wagner mènent des opérations de combat de haute intensité pour conquérir les quartiers ouest de la ville", a déclaré l'armée russe dans un communiqué.
Les parachutistes russes "apportent leur soutien aux unités d'assaut et empêchent l'ennemi de livrer des munitions à la ville et d'y amener des réserves".
Jeudi, Moscou a affirmé avoir coupé la route aux forces ukrainiennes à Bakhmout.
Kiev a démenti, affirmant qu'elle avait accès à ses troupes et qu'elle était en mesure de les ravitailler.
L'Ukraine a promis de continuer à défendre Bakhmout. Mais sur le terrain, des sources ukrainiennes près de la ville ont admis auprès de l'AFP que les forces de Kiev se trouvaient dans une position "difficile".
"Je sais que beaucoup de nos soldats sont portés disparus, que des positions ont été perdues et qu'il a été impossible d'évacuer ou de retirer les troupes", a déclaré une source de l'armée.
Il a assuré que l'Ukraine continuait à "faire entrer des renforts" à Bakhmout.
E.Borstelmann--HHA