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Sénégal: des violences éclatent après la condamnation de l'opposant Sonko à deux ans de prison

Sénégal: des violences éclatent après la condamnation de l'opposant Sonko à deux ans de prison

Des violences ont éclaté jeudi à Dakar et au Sénégal après la condamnation de l'opposant sénégalais Ousmane Sonko, accusé de viols, à deux ans de prison pour "corruption de la jeunesse", une peine qui compromet encore davantage sa candidature à la présidentielle de 2024.

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Deux responsables policiers ont fait état, auprès de l'AFP et sous couvert d'anonymat, de trois morts dans des manifestations à Ziguinchor (sud) et d'un policier tué à coups de pierres par des jeunes dans la banlieue de Dakar. Aucun officiel n'a confirmé publiquement ces informations.

Dans la soirée, plusieurs réseaux sociaux et plateformes de messagerie, dont WhatsApp, subissaient de sérieuses restrictions d'accès.

"Cette situation ressemble à celle observée en 2021" quand le Sénégal avait été en proie à des émeutes meurtrières et "limite probablement considérablement la faculté du public de communiquer", a indiqué le service de surveillance d'internet Netblocks dans un message à l'AFP.

De telles restrictions sont désormais communément appliquées par les autorités à travers le monde dans des périodes de tension.

M. Sonko, adversaire le plus farouche du président Macky Sall, était absent au prononcé de l'arrêt, tout comme lors de son procès. Il est présumé bloqué par les forces de sécurité chez lui dans la capitale, "séquestré" selon lui.

Mais, après deux ans d'une confrontation avec les autorités qui a tenu en haleine le pays, il peut désormais être arrêté "à tout moment", a dit à des journalistes le ministre de la Justice Ismaïla Madior Fall.

Sans attendre une telle arrestation, les troubles redoutés avant le délibéré ont éclaté à Dakar et dans plusieurs villes.

 

Plusieurs cars de la faculté de médecine, du département d'histoire et de la principale école de journalisme du pays ont été incendiés et des bureaux saccagés.

Des groupes de jeunes ont attaqué des biens publics en plusieurs points de la capitale, brûlé des pneus et disposé des obstacles dans les rues, a constaté un photographe de l'AFP.

En dehors de ces foyers de violence, les rues de Dakar ont été désertées.

Des troubles ont été rapportés ailleurs dans le pays, en Casamance (sud), à Mbour et Kaolack (ouest) ou Saint-Louis (nord).

Ils font suite au délibéré rendu jeudi par une chambre criminelle de Dakar contre Ousmane Sonko, accusé de viols et de menaces de mort.

Le tribunal l'a condamné pour "corruption de la jeunesse", qui consiste à favoriser la "débauche" d'un jeune de moins de 21 ans. Elle l'a en revanche acquitté des accusations de viols et menaces de mort.

La plaignante, Adji Sarr, ancienne employée du salon de beauté où M. Sonko allait se faire masser, avait moins de 21 ans au moment des faits qu'elle dénonce.

Elle a quitté le tribunal sans s'exprimer. Menacée et insultée depuis que le scandale a éclaté, et placée sous protection policière, elle a toujours persisté dans ses accusations.

- "Séquestré" -

M. Sonko n'a cessé de nier les accusations en criant à la machination du pouvoir pour l'écarter de la présidentielle.

"Ce verdict sur commande est l'ultime étape du complot ourdi par Macky Sall et ses sbires", a réagi dans un communiqué le parti de M. Sonko, Pastef, qui a appelé les Sénégalais à "descendre dans la rue" et les forces de l'ordre à se joindre à eux.

La patronne du salon Sweet Beauté, Ndèye Khady Ndiaye, a été également condamnée à deux ans de prison ferme pour incitation à la débauche, mais acquittée de complicité de viols.

"Nous sommes satisfaits de la culpabilité de Sonko", a dit à la presse Me El Hadji Diouf, avocat d'Adji Sarr. Mais 20 millions de FCFA de dommages, c'est peu pour les "souffrances" qu'elle a endurées, a-t-il déploré.

L'enjeu est autant criminel que politique. La décision paraît au vu du code électoral entraîner l'inéligibilité de M. Sonko.

L'éligibilité de M. Sonko, 48 ans, est déjà compromise par une récente condamnation à six mois de prison avec sursis pour diffamation contre un ministre.

"Que tous les Sénégalais le sachent: Ousmane Sonko ne peut plus être candidat", a dit un de ses conseils, Me Bamba Cissé.

Depuis février 2021 que l'affaire de viols présumés défraie la chronique, M. Sonko est engagé dans un bras de fer avec le pouvoir pour sa survie judiciaire et politique.

Une vingtaine de civils ont été tués depuis 2021 dans des troubles largement liés à sa situation. Le pouvoir et le camp de M. Sonko s'en rejettent la faute.

A.Wulhase--HHA