Hamburger Anzeiger - Statu quo ou rétrogradation? La France suspendue au diagnostic de l'agence de notation S&P

Euronext
AEX 0.33% 898.82
BEL20 0.45% 4293.15
PX1 -0.08% 7497.54
ISEQ -0.21% 9763.69
OSEBX 1.02% 1461.21 kr
PSI20 0.34% 6513.28
ENTEC -0.41% 1416.23
BIOTK 1.11% 2752.6
N150 0.22% 3336.23
Statu quo ou rétrogradation? La France suspendue au diagnostic de l'agence de notation S&P
Statu quo ou rétrogradation? La France suspendue au diagnostic de l'agence de notation S&P / Photo: JOEL SAGET - AFP/Archives

Statu quo ou rétrogradation? La France suspendue au diagnostic de l'agence de notation S&P

Après l'abaissement de sa note par Fitch le mois dernier, la France passe à nouveau au tableau des agences de notation vendredi avec S&P Global qui pourrait sanctionner à son tour le gouvernement pour sa gestion des finances et la récente crise sociale.

Taille du texte:

Le verdict de S&P Global, l'une des trois principales agences de notation américaines dans le monde avec Moody's et Fitch, est attendu dans la soirée, aux environs de 23H00.

L'agence de notation classe la France "AA" sur une échelle d'une vingtaine de crans allant de "AAA", la meilleure note possible, à "D", synonyme de défaut de paiement. Elle pourrait abaisser la note d'au moins un rang, à "AA-", mais aussi maintenir son appréciation inchangée.

Elle peut aussi jouer sur sa "perspective", qui donne la probable évolution à moyen terme. Celle-ci est actuellement "négative", ce qui signifie qu'un abaissement est possible.

Son analyse est surveillée de très près par les dirigeants français soucieux d'afficher depuis l'arrivée à l’Élysée d'Emmanuel Macron l'image de bons gestionnaires et de réformateurs. Une rétrogradation représenterait un camouflet.

Le ministère de l’Économie et des Finances s'est refusé à tout commentaire auprès de l'AFP avant la publication. Mercredi, Bruno Le Maire a confirmé avoir rencontré l'agence américaine afin de présenter les "arguments" français, qu'il estime "convaincants".

"Nous serons intraitables sur le rétablissement de nos finances publiques, sur la réduction des déficits et sur l'accélération de la réduction de la dette publique", s'est engagé le ministre sur France Inter, qualifiant les résultats économiques français de "solides".

"Quelle que soit la décision de S&P, cela ne change rien à notre détermination à tenir nos objectifs de finances publiques" a pour sa part dit jeudi la Première ministre Élisabeth Borne en déplacement à Laval.

A l'épreuve des chiffres pourtant, la France affiche des résultats moins bons que les autres pays notés dans la même catégorie, a relevé l'agence Fitch qui a abaissé fin avril la note française, de "AA" à "AA-".

- Dette et déficit élevés -

Elle détient l'endettement le plus élevé des pays dans la catégorie "AA". Sa dette publique frôle en effet les 3.000 milliards d'euros.

Les déficits publics anticipés pour cette année et l'an prochain sont par ailleurs bien supérieurs aux pays bénéficiant pourtant d'une notation similaire, remarquait Fitch, qui a aussi cité la crise sociale née de la réforme des retraites et les difficultés auxquelles ferait face l'exécutif pour de prochaines réformes comme justification à sa décision.

Sur ce point, le président français Emmanuel Macron a jugé que l'agence Fitch "se trompait profondément dans son analyse politique", lors d'une récente interview au quotidien français l'Opinion.

De son côté, Moody's a souligné dans un commentaire fin avril le "faible mandat" dont disposait désormais le gouvernement pour mener sa politique, sans pour autant réviser la note de la France.

Les inquiétudes du gouvernement quant à ces décisions sont à la mesure des risques qu'une rétrogradation fait souvent peser sur un État: une hausse des taux d'intérêt d'emprunt par des investisseurs réclamant une garantie supplémentaire pour prêter à la France.

La révision à la baisse de la note de Fitch n'a toutefois pas réellement pesé sur les taux français.

Il n'empêche que la situation est déjà délicate: les taux d'intérêt des emprunts à 10 ans naviguent à des plus hauts niveaux depuis onze ans en raison du resserrement monétaire de la Banque centrale européenne qui bataille contre l'inflation et fait mécaniquement remonter les taux d'emprunts des États de la zone euro.

Le remboursement de la charge de la dette est d'ailleurs en passe de devenir le premier budget de l’État en France.

F.Carstens--HHA