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Sébastien Lecornu, pas de bavard à la grande muette
Sébastien Lecornu, pas de bavard à la grande muette / Photo: Ludovic MARIN - POOL/AFP/Archives

Sébastien Lecornu, pas de bavard à la grande muette

Un ambitieux ministre de droite peut en cacher un autre mais si Gérald Darmanin multiplie les embardées médiatiques, Sébastien Lecornu joue sa partition en toute discrétion. En charge des armées, il est pourtant devenu un rouage essentiel pour Emmanuel Macron, parfois évoqué pour Matignon.

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En Ve République, le président est le chef des armées et Sébastien Lecornu, 37 ans, en bonne voie pour faire adopter sa loi-cadre au Parlement, l'a bien intégré.

L'homme se veut aussi discret que son comparse Gérald Darmanin, issu comme lui des Républicains (LR), occupe le devant de la scène. Un classique Place Beauvau. Mais pas vraiment le genre qui sied à l'Hôtel de Brienne, encore moins avec la guerre en Ukraine.

La complicité de ces deux jeunes espoirs de la droite passés dès 2017 chez Emmanuel Macron s'affiche jusque dans la cour de l’Élysée.

Avant d'être macronistes, Gérald Darmanin œuvrait pour Nicolas Sarkozy et Sébastien Lecornu chez Bruno Le Maire. Cinq ans plus tard, ils occupent les deux postes régaliens par excellence du gouvernement.

Mais quand le ministre de l'Intérieur, sur le volet immigration, cherche encore la clé d'un accord avec LR, la partie est plus feutrée pour Sébastien Lecornu et sa Loi de programmation militaire (LPM), qui dote les armées d'un budget de 413 milliards d'euros pour les sept prochaines années. Un vote solennel est prévu mercredi à l'Assemblée.

Une véritable respiration que ce débat parlementaire pour ce "surdoué de la politique" selon l'ancien ministre Jean-Pierre Jouyet, passé comme lui par l'établissement catholique Saint-Adjutor de Vernon (Eure), fief politique du ministre des Armées. "C'est l'un des plus malins dans l'art parlementaire. Il va la faire voter, sa loi", pronostique un député Renaissance.

Même l'opposition salue son attitude, l'écologiste Julien Bayou louant "sa patience, son travail et ses réponses".

Le ministre féru d'Histoire sait enrober une pique entre deux compliments, saluant la "cohérence" des communistes opposés à la dissuasion nucléaire... comme au temps de Moscou. Et prenant soin d'insister sur les divergences au sein de la gauche.

"Il est habile, on a des débats de qualité mais derrière tout ça, il y a toujours la stratégie du gouvernement de chercher à diviser la Nupes et d'être plus conciliant avec le Rassemblement national", modère la patronne des députés écologistes, Cyrielle Chatelain. Pendant les débats, le ministre a rendu un certain nombre d'avis de sagesse sur des amendements du parti frontiste.

- "Il a tout perdu" dans l'Eure -

L'étape de la LPM est en passe d'être franchie: un bon point pour le ministre dont l'entourage estimait l'an passé qu'Emmanuel Macron n'avait "pas engrangé assez de crédit politique de la hausse du budget des armées" du temps de sa prédécesseure, Florence Parly.

"Lecornu rêve de Matignon", affirme un haut gradé. Mais un de ses proches s'en défend: "il avait tellement envie du ministère des Armées, il veut en profiter".

Une première consécration pour ce colonel de réserve dont tout le CV décrit un professionnel de la politique: assistant parlementaire à 19 ans, maire de Vernon à 27, président du département de l'Eure à 28, propulsé au gouvernement à 31, à l'Ecologie puis aux Collectivités, avant l'Outre-mer. Sans négliger de se faire élire au Sénat.

Dans l'Eure, la liste de ses activités présentes et passées noircit six bonnes pages de sa déclaration d'intérêt à la Haute autorité, de la Société des autoroutes Paris-Normandie à l'établissement public foncier de la région, en passant pas la présidence du musée des Impressionnismes de Giverny.

A la tête de l'association de soutien à la réélection d'Emmanuel Macron, "il est très apprécié pour son rôle important de mobilisation des élus pendant la campagne", glisse un ministre. En cas de virage plus assumé à droite, "ça pourrait être un bon choix pour le président, parce qu'il ne prendrait pas trop la lumière", juge un parlementaire.

"Il a tout perdu, ce garçon", relativise un ancien ministre, qui renvoie aux scores historiques de Marine Le Pen outre-mer et aux résultat des législatives dans l'Eure: quatre députés RN et un PS, très loin du grand chelem macroniste de 2017.

"Si Lecornu est Premier ministre, ça consacrera de façon définitive qu'on est un parti de droite", s'inquiète un député Renaissance, favorable au maintien d’Élisabeth Borne.

P.Meier--HHA