Hamburger Anzeiger - Retraite à 64 ans: baroud d'honneur exaspéré des oppositions à l'Assemblée

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Retraite à 64 ans: baroud d'honneur exaspéré des oppositions à l'Assemblée
Retraite à 64 ans: baroud d'honneur exaspéré des oppositions à l'Assemblée / Photo: Ludovic MARIN - AFP

Retraite à 64 ans: baroud d'honneur exaspéré des oppositions à l'Assemblée

Privées de vote sur une proposition d'annuler la retraite à 64 ans, les oppositions ont fait entendre leur colère jeudi face au camp présidentiel, accusé d'"écrabouiller la démocratie parlementaire", au coup d'envoi d'une séance électrique à l'Assemblée.

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"De cet abaissement du Parlement ne peut ressortir que désintérêt pour nos institutions, et dans le pire des cas, colère et violence", a averti Charles de Courson à la tribune.

En retour, le ministre du Travail Olivier Dussopt a pointé une proposition "presque nihiliste" et "vide". "Vous ne proposez rien d'autre que vous défausser car vous n'avez pas de projet alternatif commun", a-t-il lancé aux soutiens du texte, de la Nupes au RN en passant par certains LR.

Dans un hémicycle agité, la séance a démarré par une série de rappels au règlement, ciblant la décision mercredi de la présidente de l'Assemblée Yaël Braun-Pivet de bloquer l'examen de la mesure d'abrogation, jugée inconstitutionnelle car elle crée une charge pour les finances publiques.

"Vous abimez, vous écrabouillez la démocratie parlementaire", a tonné le patron des députés communistes André Chassaigne. Le président de la commission des Finances Eric Coquerel a épinglé "des décisions politiques et partisanes, sur ordre de l'exécutif".

Mais, a rétorqué Eric Woerth dans le camp présidentiel, "le chahut constitutionnel voulu par Liot et LFI, c'est ça la véritable atteinte à la démocratie".

La patronne du groupe RN Marine Le Pen est elle aussi montée en défense du texte: "Vous avez peur du peuple" et "votre réforme des retraites est illégitime", a-t-elle accusé.

"Nous sommes confrontés aujourd'hui à une rupture démocratique majeure et vous en êtes la responsable", a aussi pointé Mme Le Pen à l'adresse de Mme Braun-Pivet.

- "Rien que la Constitution" -

Depuis le perchoir, l'intéressée, issue des rangs macronistes, s'est justifiée à plusieurs reprises: "la Constitution, rien que la Constitution, c'est mon rôle".

La mesure pour un retour à l'âge légal de départ à 62 ans avait d'abord été torpillée en commission lors d'un vote serré, puis réintroduite via des amendements.

La gauche et Liot avaient bon espoir de renverser la vapeur dans l'hémicycle. Mais "à la colère, à l’inquiétude, à l’incompréhension que nous, députés, avons tenté ici de relayer, vous avez répondu par le passage en force", a encore accusé Bertrand Pancher, chef de file des députés Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires (Liot), en brandissant une Constitution.

Faute de pouvoir voter sur une abrogation, "on va prendre à témoin l'opinion publique", avait-il promis mercredi.

Les socialistes souhaitent qu'il y ait un vote a minima sur le seul amendement en lien avec les 64 ans ayant passé le filtre constitutionnel, même s'il ne fait que demander un rapport. "Les députés qui voteront pour cet amendement exprimeront leur rejet de la réforme", estiment-ils.

La cheffe de file des Insoumis, Mathilde Panot, a annoncé son souhait de déposer une motion de censure contre le gouvernement, qui doit encore être débattue au sein de la Nupes.

"Nous entrons dans une zone de non-droit", s'est inquiété le communiste Fabien Roussel, appelant sur RTL les députés LR à s'y joindre "pour préserver notre droit de vote à l'Assemblée".

Même adoptée par l'Assemblée, la proposition d'abrogation n'aurait eu que de faibles chances d'aboutir au plan législatif, n'ont eu de cesse de faire valoir les macronistes. Tout en s'inquiétant du signal politique qu'aurait envoyé une victoire des oppositions.

Avec la fin de cette séquence parlementaire, deux jours après une 14e journée de mobilisation sociale dont la participation a été la plus faible enregistrée en cinq mois de manifestations, l'exécutif espère pouvoir tourner la page des retraites.

Après la "discussion générale" jeudi matin sur sa proposition de loi d'abrogation, il est probable que Liot retire son texte avant même de passer à l'examen de ce qu'il en reste, a indiqué une source au sein du groupe.

L'objectif est de laisser une chance d'être débattus à certains des six autres textes que le groupe a préparés pour sa "niche parlementaire", alors que cette journée réservée devra s'achever quoi qu'il arrive à minuit.

Celle inscrite en seconde position vise à augmenter les recettes de la taxe sur les transactions financières (TTF) en faisant contribuer le secteur financier.

Une autre, portée par le député de Guadeloupe Olivier Serva, concerne l'Outre-mer. Elle propose notamment d'élargir aux actifs de ces territoires des dispositifs existants d'aide à la mobilité.

J.Fuchs--HHA