Hamburger Anzeiger - UE: discussions ardues entre les 27 sur une réforme du système d'asile

Euronext
AEX 0.33% 898.82
BEL20 0.45% 4293.15
PX1 -0.08% 7497.54
ISEQ -0.21% 9763.69
OSEBX 1.02% 1461.21 kr
PSI20 0.34% 6513.28
ENTEC -0.41% 1416.23
BIOTK 1.11% 2752.6
N150 0.22% 3336.23
UE: discussions ardues entre les 27 sur une réforme du système d'asile

UE: discussions ardues entre les 27 sur une réforme du système d'asile

Les ministres européens de l'Intérieur se sont engagés jeudi à Luxembourg dans de complexes discussions sur la réforme du système d'asile, lors d'une réunion que le Français Gérald Darmanin a dû quitter précipitamment à la suite d'une attaque au couteau dans son pays.

Taille du texte:

Le ministre français est parti du centre de conférences en fin de matinée, après l'annonce que cette agression qui a eu lieu à Annecy (est) a grièvement blessé plusieurs enfants en bas âge. Le pronostic vital est engagé pour deux des quatre enfants atteints, et pour un adulte.

L'auteur présumé de l'agression, qui a été interpellé, est un réfugié syrien, a-t-on précisé de source policière à Paris.

Cette réunion à Luxembourg est considérée comme un moment clé pour les difficiles discussions sur le Pacte européen sur la migration et l'asile.

"Cela fait bientôt trois ans que j'ai présenté cette proposition. Cela a été un marathon et il nous reste peut-être 100 mètres", a déclaré la commissaire européenne aux Affaires intérieures Ylva Johansson, appelant les Etats membres à faire "ces derniers mètres pour arriver à un accord aujourd'hui".

La question de la réforme du système d'asile est revenue en haut de l'agenda, avec une hausse des arrivées de migrants dans l'Union européenne depuis la fin de la pandémie et alors que quelque quatre millions d'Ukrainiens sont réfugiés dans l'UE.

La tendance est à une politique migratoire de plus en plus restrictive, dans un contexte où l'extrême droite a engrangé récemment des succès électoraux dans plusieurs pays membres.

- "Doutes" italiens -

La Suède, pays exerçant la présidence semestrielle du Conseil de l'UE, a soumis des propositions de compromis sur deux textes clés du Pacte migratoire.

L'un prévoit une solidarité européenne obligatoire mais "flexible". Les Etats membres seraient tenus d'accueillir un certain nombre de demandeurs d'asile arrivés dans un pays de l'UE soumis à une pression migratoire, ou à défaut d'apporter une contribution financière à ce pays.

Les discussions portent sur une compensation financière de l'ordre de 20.000 euros pour chaque demandeur d'asile non relocalisé, d'après plusieurs sources diplomatiques.

Une tentative de trouver un équilibre entre les pays méditerranéens de première arrivée, qui souhaiteraient des relocalisations automatiques vers d'autres pays, et ceux comme la Hongrie ou la Pologne qui refusent de se voir imposer des demandeurs d'asile.

Mais la solution a été critiquée de part et d'autre. Le représentant polonais, Bartosz Grodecki, a qualifié la contribution financière d'"amende" qui ne sera "pas acceptée par les citoyens".

Le ministre italien Matteo Piantedosi a quant à lui prévenu qu'il était en l'état "difficile d'accepter" le compromis sur la table, exprimant notamment ses "doutes" sur la mise en oeuvre pratique du système de relocalisations et de contributions financières.

La chancelier allemand Olaf Scholz a estimé que l'Italie et la Grèce notamment affrontaient "un défi énorme" avec les arrivées croissantes à leurs frontières. "Nous ne pouvons pas laisser seuls" ces pays, a-t-il souligné dans une interview au Corriere della Sera à l'occasion d'un déplacement à Rome.

- "Esprit de compromis" -

L'autre texte soumis aux ministres contraint les Etats membres à mettre en oeuvre une procédure accélérée d'examen, dans des centres situés aux frontières, pour les demandes d'asile ayant statistiquement le moins de chances d'aboutir au statut de réfugié. Objectif: faciliter le renvoi de ces migrants vers leur pays d'origine ou de transit.

L'Italie, comme de nombreux autres pays, demande que les migrants déboutés du droit d'asile puissent être renvoyés vers des pays "sûrs" par lesquels ils ont transité, même s'il n'y a pas de lien particulier entre le migrant et ce pays. L'Allemagne en revanche est hostile à cette idée.

La ministre allemande Nancy Faeser a aussi réclamé que "les familles avec des enfants en bas âge ne soient pas soumises à la procédure frontalière".

Dans la matinée, avant d'être remplacé à la réunion par l'ambassadeur français, Gérald Darmanin a fait part de son "esprit de compromis" concernant les propositions sur la table. "Tout cela n'est pas parfait mais c'est en faisant ce compromis que nous arriverons à être plus efficace et surtout à faire vivre l'Union européenne", a-t-il déclaré.

Les décisions se prennent à la majorité qualifiée, ce qui signifie qu'il faut un soutien de 15 pays sur 27 pour parvenir à un accord.

O.Rodriguez--HHA