Hamburger Anzeiger - Colombie: le général Sanchez revient sur le sauvetage des enfants perdus dans la jungle

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Colombie: le général Sanchez revient sur le sauvetage des enfants perdus dans la jungle
Colombie: le général Sanchez revient sur le sauvetage des enfants perdus dans la jungle / Photo: Daniel MUNOZ - AFP

Colombie: le général Sanchez revient sur le sauvetage des enfants perdus dans la jungle

Parfois au bord des larmes, des piqures de moustiques sur les mains et dans le cou, le général colombien Pedro Sanchez raconte à l'AFP l'incroyable opération de sauvetage des quatre enfants indigènes perdus pendant 40 jours dans la jungle comme l'une des "plus difficiles" de sa carrière.

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A la tête du Commandement des opérations spéciales conjointes (CCOES) des forces armées colombiennes, il a dirigé les 200 militaires et indigènes engagés dans l'opération "Espoir" visant à retrouver les quatre enfants de 13, 9, 5 et un an disparus dans le sud du pays après le crash le 1er mai du petit avion dans lequel ils voyageaient avec leur mère, un proche et le pilote.

Question: Quel a été le moment le plus difficile?

Réponse: "On a retrouvé l'avion le 15 mai et trois jours plus tard, on avait recueilli tellement d'indices tels le biberon, les ciseaux, le bandeau, un abri, un fruit de la passion fraîchement mangé et des empreintes de pas très récentes, entre 24 et 48 heures, qu'on s'est dit : +aujourd'hui on les trouve+. Nous avons immédiatement déployé plus de troupes (...) et je leur ai dit : +Vous ne devez pas vous arrêter tant que vous n'avez pas trouvé ces quatre enfants. Pendant les prochaines 24 heures de vos vies vous allez tout donner, sous la pluie, dans un terrain extrêmement hostile. Et on n'a finalement rien trouvé, la pluie avait effacé toute trace. Alors je me suis dit : +Mais où sont-ils ? Qu'est-ce qui se passe ? Il y a quelque chose d'étrange, quelque chose qu'on ne fait pas bien+. Je me suis senti impuissant. Et rentré à la maison, j'ai serré mon fils dans mes bras, je le voyais couvert, endormi dans son lit, et mon esprit repartait dans la jungle et j'imaginais les quatre enfants dans des conditions inverses, peut-être proches de la mort".

Q : Des militaires ont-ils été blessés?

Quatre de nos hommes ont été blessés : un à l'oeil, un à la lèvre, un s'est coupé le doigt un autre a été touché dans le dos et nous avons dû les extraire. Ils ont été les seuls blessés sur ce terrain très hostile et avec une menace latente.

Q : Quelle menace latente?

Les dissidents (de l'ancienne guérilla des FARC). Lorsque l'accident s'est produit, il y avait un cessez-le-feu bilatéral avec cette dissidence, mais au milieu des recherches, cet accord a été rompu (en raison de l'assassinat de quatre enfants indigènes par ces rebelles selon le gouvernement). Nous estimons qu'ils étaient à environ 60 km, c'est pourquoi nous avons mis en place un système d'alerte. Il y a des routes de trafic de drogue, principalement de Colombie vers le Brésil avec du trafic de cocaïne et de marijuana. Des armes sont également acheminées du Brésil vers la Colombie.

Q : Combien de temps vos hommes peuvent-il rester dans la jungle?

R : J'ai perdu deux kilos en deux jours (rires). Nos hommes des forces spéciales sont entraînés de manière très rigoureuse pour endurer cela. Il y a eu des fois où ils ont été immergés dans la jungle pendant 45 jours, bien entendu en recevant des rations. Mais pendant de telles périodes ils peuvent perdre jusqu'à 10 kilos et sont également exposés à certaines maladies.

Q: Les enfants avaient-ils de la nourriture lorsqu'ils ont été retrouvés le 9 juin?

R: La seule chose qu'ils mangeaient c'était des fruits sauvages. L'une des filles avait une graine dans la bouche, elle la faisait +mûrir+ dans l'espoir d'avoir quelque chose à mâcher. L'aînée, nous a raconté l'un des membres de la famille, nourrissait la plus petite en cueillant des fruits, en les mâchant, et en les lui donnant avec de l'eau.

Q : Les trois autres passagers de l'avion sont-ils morts immédiatement ?

R : D'après les informations dont nous disposons, les trois adultes sont morts (immédiatement). La probabilité de survie aurait été plus grande s'ils avaient été loin du nez (de l'avion). Les enfants étaient à l'arrière. L'aînée raconte qu'elle a vu sa petite soeur, qui bougeait les pieds, dans les bras de sa mère. Elle a sorti le bébé. Ils ont pris tout ce qui leur était utile et se sont éloignés pendant environ trois jours. Ils sont revenus parce qu'ils pensaient que leur mère dormait et n'était pas morte, mais lorsqu'ils sont arrivés il n'y avait que les trois corps à l'intérieur de l'avion, presque décomposés.

A.Roberts--HHA