Hamburger Anzeiger - "Je n'ai plus rien": des habitants de Kherson retournent dans leurs maisons inondées

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"Je n'ai plus rien": des habitants de Kherson retournent dans leurs maisons inondées
"Je n'ai plus rien": des habitants de Kherson retournent dans leurs maisons inondées / Photo: Arthur KHANOV - AFP

"Je n'ai plus rien": des habitants de Kherson retournent dans leurs maisons inondées

"Toute ma vie était dans cette maison. Je n'ai plus rien, rien que des murs mouillés", se lamente Tetiana Pivneva. Sa maison à Kherson, dans le sud de l'Ukraine, a été inondée à la suite de la destruction du barrage de Kakhovka.

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Quand l'inondation a commencé début juin, Tetiana était à Odessa, à 200 kilomètres de là, avec ses deux enfants. Elle est rentrée cette semaine pour voir sa maison et n'en revient toujours pas.

"Je n'ai pas les mots. J'ai pleuré pendant plusieurs jours", confie cette veuve de 41 ans.

"Même si j'avais été là, je n'aurais rien pu faire. Il était impossible d'arrêter l'eau", poursuit cette femme d'affaires, alors que le Dniepr, dont le niveau a monté de plusieurs mètres, se trouve à proximité.

Aujourd'hui, aidée par ses amis, Tetiana vide son logement en marchant dans de la boue qui recouvre son sol.

"Cette maison représente toute ma vie", déplore-t-elle: "Il me reste deux valises avec nos affaires à Odessa, deux enfants, un chat et un chien. C'est tout ce que j'ai".

A l'intérieur, un jeune homme, torse nu, dévisse ce qu'il reste de quelques meubles.

Une femme ramasse des papiers paints tombés sur le sol avant de les jeter sur un tas d'ordures dans la rue qui ne cesse de grossir.

Dans la cour, des matelas roulés sont posés à côté d'une machine à laver.

"Meubles, canapés, plancher, portes, appareils électroménagers, tout se jette, il ne reste rien", énumère Olena Pchetnytchna, une amie venue à l'aide. "Nous ne faisons que sauver les murs pour que la moisissure ne se développe pas. Nous voulons que les sols et les murs sèchent pour préserver au moins ça", dit-elle.

-"Toit arraché"-

Situé dans la zone du sud occupée par la Russie, le barrage de Kakhovka a été détruit dans les premières heures du 6 juin provoquant des inondations en aval du fleuve, qui ont fait des dizaines de morts et poussé des milliers d'habitants à quitter leurs logements dans les zones contrôlées par Kiev et celles occupées par les Russes.

L'Ukraine a accusé la Russie d'avoir fait exploser le barrage pour ralentir sa contre-offensive dans le sud. Et Moscou a rejeté la responsabilité sur Kiev.

Malgré des avertissements sur le danger, Igor et Natalia, un couple de retraités, sont retournés dans leur maison à Kherson pour essayer de "sauver ce qui peut l'être". A l'intérieur, même le plâtre est tombé des murs et du plafond.

"C'était la chambre de notre fils et notre belle-fille", dit-il en montrant une pièce dévastée où des placards salis par la boue jonchent sur le sol.

"Le toit a été arraché par l'eau qui l'a emporté jusqu'à la porte d'entrée", explique le propriétaire.

Le couple est en contact avec les autorités pour se faire enregistrer comme victimes de l'inondation et toucher une aide de l'Etat.

"Nous n'avons pas assez de force pour construire et pas d'argent non plus. Que va-t-on faire ? Je ne sais pas", se désespère Natalia.

Devant un immeuble résidentiel à Kherson, des habitants ont sorti leurs affaires pour les sécher ou les jeter: fauteuils, lits de bébés, tiroirs, aspirateurs. Des vêtements pendent sur des fils accrochés à des branches d'arbres.

"Voilà une cour typique de Kherson", déplore Serguiï Sergueïev, un habitant de quartier et porte-parole d'une brigade militaire locale. "Les gens sont en train de nettoyer leurs domiciles, ils sèchent les murs, leurs affaires, dont 90% seront envoyées à la décharge", explique cet homme de 26 ans en tenue de camouflage.

Si le niveau d'eau a fini par retomber ces dernières semaines, les bombardements russes ne faiblissent pas depuis la reprise de la ville par l'armée ukrainienne en novembre. Jeudi, quatre personnes ont été blessés dans une énième frappe.

"C'est les Russes et leurs bombardements qui deumeurent le problème le plus grave pour Kherson", dit M. Sergueïev.

A.Baumann--HHA