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Russie : les forces de Wagner se replient, Poutine affaibli

Russie : les forces de Wagner se replient, Poutine affaibli

Les forces du groupe paramilitaire Wagner se replient progressivement dimanche en Russie après le coup de force avorté de leur chef Evguéni Prigojine qui a, selon Washington, mis au jour "des fissures réelles" au sein de l'appareil d'Etat de Vladimir Poutine.

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Evguéni Prigojine doit partir pour le Bélarus, a annoncé samedi soir la présidence russe, sans qu'on sache dimanche quand ce départ aux allures d'exil est prévu, ni où se trouve le tempétueux patron de Wagner.

Signe que l'urgence de la crise semble passée, les combattants de Wagner ont quitté dimanche les régions de Voronej et de Lipetsk, au sud de Moscou, étapes de leur tentative de rallier la capitale, selon les autorités locales.

La veille, ils avaient quitté le QG militaire dont ils s'étaient emparés à Rostov (sud-ouest), centre névralgique des opérations en Ukraine, sonnant la fin de cette mutinerie afin de faire couler du "sang russe", selon les mots d'Evguéni Prigojine.

Pour autant, dans la capitale russe comme dans sa région, le "régime d'opération antiterroriste", qui confère des pouvoirs accrus aux forces de l'ordre, reste en vigueur dimanche.

D'importantes patrouilles de police étaient déployées le long de la route menant à la sortie de Moscou dans le sud de la capitale, a constaté une journaliste de l'AFP. Lundi sera journée chômée à Moscou.

- Aucune poursuite -

C'est par là que les hommes de Wagner auraient pu arriver s'ils avaient poursuivi leur marche pour obtenir la tête du ministre de la Défense, Sergueï Choïgou, et celle du chef d'état-major, Valéri Guérassimov, ennemis jurés de Prigojine qui les accusent d'avoir sacrifié en vain des dizaines de milliers d'hommes en Ukraine.

Annonçant l'accord conclu avec celui qui, quelques heures plus tôt, avait promis "de libérer le peuple russe", le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov avait salué une résolution de la crise "sans nouvelles pertes".

Les poursuites pénales contre Evguéni Prigojine seront abandonnées et aucun des combattants du groupe Wagner, qui a joué un rôle clé aux côtés de l'armée russe en Ukraine, ne sera poursuivi alors même qu'ils avaient pris les armes contre le Kremlin.

"Personne ne persécutera (les combattants), compte tenu de leurs mérites au front" ukrainien, a assuré Dmitri Peskov.

Les autorités russes n'avaient jusque-là jamais fait preuve d'une telle mansuétude, jetant en prison opposants et anonymes critiquant Vladimir Poutine et son offensive contre l'Ukraine.

Scrutée dans toutes les chancelleries, cette crise "soulève de vraies questions et révèle des fissures réelles" au plus haut niveau de l'Etat russe, a estimé le secrétaire d'Etat américain dimanche.

- Graves faiblesses -

"Le fait que vous ayez quelqu'un de l'intérieur remettant en cause l'autorité de Poutine et questionnant directement les raisons pour lesquelles il a lancé cette agression de l'Ukraine, c'est en soi quelque chose de très puissant", a ajouté Anthony Blinken, premier responsable américain à commenter directement les événements.

Pour un conseiller de la présidence ukrainienne, Mykhaïlo Podoliak, "Prigojine a humilié Poutine/l'Etat et a montré qu'il n'y a plus de monopole de la violence".

Scène extraordinaire samedi soir à Rostov, des dizaines d'habitants ont affiché leur soutien aux insurgés, scandant "Wagner, Wagner!" peu avant que les combattants ne quittent la ville.

"La crise des institutions et de confiance n'étaient pas une évidence pour la plupart en Russie comme en Occident. Aujourd'hui c'est clair", relève Konstantin Kalatchev, un politologue russe indépendant.

"La manière dont la population de Rostov a accompagné le départ de Wagner en dit long", note-t-il.

La Russie a toutefois pu compter dimanche sur le soutien de Pékin. "En tant que voisin amical et partenaire stratégique, la Chine soutient la Russie dans ses efforts pour protéger la stabilité du pays", a déclaré le ministère chinois des Affaires étrangères, dans sa première réaction après la mutinerie que Pékin a qualifiée "d'affaire intérieure".

Sur le front ukrainien, l'armée russe a par ailleurs affirmé avoir "repoussé avec succès" les attaques menées par les forces de Kiev dans quatre zones, notamment dans les régions de Donetsk (est), mais aussi de Zaporijjia (sud).

- "Guerre civile" -

Si les termes de l'accord entre le Kremlin et le chef de Wagner restent sujet à spéculations, le président Loukachenko, proche allié de M. Poutine, semble avoir joué un rôle-clé.

Le Kremlin a exprimé sa "reconnaissance" au dirigeant bélarusse, d'ordinaire dans une relation de dépendance quasi-totale envers Moscou.

Confronté à son plus grand défi depuis son arrivée au pouvoir fin 1999, le président Poutine avait dénoncé une "trahison" de celui qui était chargé des basses oeuvres russes, promettant une "punition" et agitant le spectre d'une "guerre civile".

La diplomatie russe avait mis en garde les pays occidentaux contre toute tentative de "profiter de la situation" et Moscou a prévenu que la rébellion avortée de Wagner n'affectera "en aucun cas" l'offensive russe en Ukraine.

Une attaque aérienne russe sur Kiev menée samedi aux premières heures de la journée a fait cinq morts, selon le bilan actualisé dimanche par le maire de la capitale ukrainienne.

"Le mythe de l'unité de la Russie de Poutine est révolu. Cette escalade interne divise l'alliance militaire russe", a estimé le ministre italien des Affaires étrangères, Antonio Tajani, dans le journal Il Messaggero.

"C'est le résultat inévitable lorsque l'on soutient et finance une légion de mercenaires", a-t-il ajouté.

U.Smith--HHA