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Inéligibilités, Conseil électoral aux ordres: le pouvoir vénézuelien se prépare à la présidentielle
Inéligibilités, Conseil électoral aux ordres: le pouvoir vénézuelien se prépare à la présidentielle / Photo: Yuri CORTEZ - AFP

Inéligibilités, Conseil électoral aux ordres: le pouvoir vénézuelien se prépare à la présidentielle

Inéligibilité des principaux candidats d'opposition et institutions électorales aux ordres... Selon les observateurs, le pouvoir vénézuélien fourbit ses armes à un an de la présidentielle qui verra le président Nicolas Maduro briguer un nouveau mandat.

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Une de ces armes, déjà utilisées par le passé, est la disqualification des politiciens rivaux. Dernière en date Maria Corina Machado, une des favorites de la primaire de l'opposition d'octobre, qui a vu son nom s'ajouter à la liste des personnes interdites d'exercer un poste public par le Contrôleur général des comptes.

"On s'attendait à ce que cela se produise et je ne pense pas que cela s'arrêtera là. Il va y avoir une escalade", analyse pour l'AFP Daniel Varnagy, politologue et professeur d'université, soulignant que la bataille pour la présidentielle de 2024, dont la date exacte n'a pas été fixée, a déjà commencé.

Trois autres principaux leaders en lice pour ces primaires sont aussi inéligibles : Henrique Capriles, deux fois candidat à la présidence, Freddy Superlano, qui avait remporté les régionales de 2021 dans l'Etat de Barinas (ouest) historiquement pro-pouvoir, et Juan Guaido, l'ancien "président par intérim" et longtemps figure de l'opposition à l'international.

L'interdiction d'exercer un poste public faite à Mme Machado, députée entre 2011 et 2014, datait de 2015 et portait initialement sur 12 mois. Mais le Contrôleur général a notifié vendredi dernier l'extension de la sanction à son maximum, soit 15 ans, en la liant aux accusations de "corruption" contre Juan Guaido.

Le contrôleur a également fait le lien avec les sanctions américaines et la remise d'actifs vénézuéliens à l'étranger à M. Guaido. En soutenant l'ex-président par intérim, Mme Machado se serait mise hors-jeu.

"Cela ouvre la voie" pour que "la plupart des candidats" aux primaires ayant une envergure électorale "soient possiblement disqualifiés", explique à l'AFP Eugenio Martinez, journaliste et expert électoral.

"Les arguments politiques" du Contrôleur général sont "applicables à tous les députés qui ont fait partie de l'Assemblée nationale (d'opposition) en 2015" et "à toutes les personnes, leaders politiques ou non, qui ont fait partie du gouvernement intérimaire" ou "ont travaillé ou fourni des services", affirme M. Martinez.

La question des inéligibilités était un des principaux points de négociations entre pouvoir et l'opposition lors de pourparlers initiés au Mexique mais à l'arrêt depuis plus de six mois et sans aucun signe de dégel.

L'opposition avait boycotté le scrutin présidentiel de 2018 accusant le pouvoir de frauder et a participé aux régionales de 2021 mais veut désormais des garanties solides pour la présidentielle de 2024.

- Candidats "fantoches" -

"Le candidat qui remportera les primaires sera celui que les Vénézuéliens et la communauté internationale reconnaîtront", a déclaré mardi M. Machado, 55 ans, excluant tout retrait.

Les Etats-Unis, qui sont prêts à lever progressivement leurs sanctions contre le Venezuela en cas de progrès démocratique, ont condamné "la disqualification d'un membre éminent de l'opposition". "Un mauvais message", a estimé jeudi le secrétaire d'Etat américain Anthony Blinken selon lequel les "sanctions (contre le Venezuela) sont un moyen de (...) répondre au désir du peuple vénézuélien de restaurer la démocratie".

Nicolas Maduro a lui justifié les disqualifications, faisant référence à l'inéligibilité de l'ancien président brésilien Jair Bolsonaro (2019-2022).

"Ils le disqualifient parce qu'il a mis en doute la fiabilité du système électoral brésilien en public et devant des ambassadeurs. Ah? Tirons-en les conclusions", a déclaré le président lors d'une émission à la télévision publique.

"Imaginez ces gens qui appellent à l'invasion du Venezuela, ces gens qui appellent à des sanctions pénales contre l'économie et la société vénézuélienne, ces gens qui usurpent des postes...", a-t-il lancé en référence à l'opposition.

Les primaires de l'opposition avaient déjà subi un coup dur avec la démission en bloc des membres pro-pouvoir du Conseil national électoral (CNE), sollicité pour l'organisation du scrutin. Une tactique de "Maduro dans son obsession de rester au pouvoir", selon l'opposant Henrique Capriles : "Depuis le premier jour, ce qu'il cherchait à faire, c'était de faire imploser le processus des primaires".

Par ailleurs, Luis Ratti, un homme d'affaires qui aspire à être candidat en 2024 mais souvent accusé d'être un "sous-marin" du pouvoir, met en cause l'impartialité des primaires de l'opposition.

Pour M. Varnagy, la stratégie du pouvoir est claire: "Le pouvoir veut des candidats de l'opposition fantoches, des marionnettes".

E.Bekendorp--HHA