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Thaïlande: Pita, réformateur auteur d'un séisme politique et candidat au poste de Premier ministre
Thaïlande: Pita, réformateur auteur d'un séisme politique et candidat au poste de Premier ministre / Photo: Lillian SUWANRUMPHA - AFP/Archives

Thaïlande: Pita, réformateur auteur d'un séisme politique et candidat au poste de Premier ministre

Encore méconnu il y a deux mois, Pita Limjaroenrat incarne le renouveau de la politique en Thaïlande, à la tête du parti Move Forward victorieux des élections législatives de mai, grâce au soutien de la jeunesse avide de changements.

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Durant la campagne, Pita s'est imposé par son charisme apportant un vent frais -- il a 42 ans -- et son énergie pour réformer un système sclérosé après neuf ans sous la tutelle du Premier ministre Prayut Chan-o-cha (69 ans), dont l'attitude est jugée rigide.

Le lendemain de l'éclatante victoire de son parti, que les sondages n'avaient pas prédite, il a lancé aux journalistes: "Je suis Pita Limjaroenrat, le prochain Premier ministre de la Thaïlande".

Deux mois plus tard, rien n'est moins sûr. Il doit surmonter de nombreux obstacles, parmi lesquels le Sénat, dont les 250 membres, nommés par l'armée, réfutent son programme réformiste.

Il est certes soutenu par une coalition de huit partis qui dispose de 312 sièges à l'Assemblée nationale, mais cela ne suffit pas pour atteindre la majorité de 376 votes requise dans les deux chambres du Parlement pour prétendre au poste de Premier ministre.

Pita fait également l'objet d'une enquête au sujet d'actions qu'il possède dans une entreprise de médias, ce qui est interdit par les législateurs. Il risque d'être disqualifié et banni de la vie politique durant 20 ans.

Son parti, Move Forward est un jeune parti né des cendres de Future Forward, qui avait fait une percée dans les urnes en 2019 avant d'être dissous.

- Lèse-majesté -

C'est le seul parti à proposer de toucher à la loi "112", qui régit le crime de lèse-majesté, avec des sanctions estimées parmi les plus sévères au monde.

Sujet extrêmement controversé et sensible, ce texte a longtemps été considéré comme intouchable dans la politique thaïlandaise.

"Quoi qu'il arrive, nous ferons pression pour une réforme de la loi royale sur le lèse-majesté", a affirmé Pita aux journalistes.

Mais sa position a effrayé de nombreux membres du Sénat, qu'il doit convaincre de le soutenir pour qu'il conduise le prochain gouvernement.

Dans le monde politique thaïlandais, dominé par des figures vieillissantes, Pita, qui a été désigné comme l'un des "50 célibataires les plus séduisants" du pays en 2008, est en quelque sorte une anomalie.

Coqueluche de la jeunesse, ce père de famille éduqué en Nouvelle-Zélande et aux Etats-Unis inspire parfois à ses partisans une hystérie digne d'une popstar.

Diplômé de Harvard, il s'est lancé dans les affaires, mais a dû subitement rentrer en Thaïlande à 25 ans pour reprendre les rênes de l'entreprise familiale à la mort de son père.

Il a par la suite assuré la direction de la filiale thaïlandaise de l'application de transport et de livraison de nourriture, Grab, avant de se lancer en politique et d'être élu député en 2019.

La semaine dernière, la commission anti-corruption a révélé que sa fortune s'élevait à 2,4 millions de dollars, et comprenait notamment une collection de montres d'une valeur de 162.000 dollars.

- Fan de Taylor Swift -

En 2012, il a épousé l'actrice de télévision thaïlandaise Chutima Teepanat, avec laquelle il a une fille de sept ans et dont il est divorcé depuis 2019.

Sa fille a occupé une place importante dans la campagne, accompagnant son père sur scène après les discours, pour le plus grand plaisir des foules.

Sur ses réseaux sociaux, suivis par un million d'utilisateurs, Pita partage des images de lui et de sa fille portant des t-shirts assortis et mangeant des glaces ensemble.

Il a fait sauter les compteurs cette semaine lorsqu'il a invité sur Instagram la mégastar américaine Taylor Swift à ajouter Bangkok sur la liste de sa tournée mondiale.

"Hey Taylor! Je suis un grand fan de toi. Sache-le, la Thaïlande est de nouveau sur la bonne voie pour être totalement démocratique après que tu aies dû annuler la dernière fois à cause du coup d'État", a-t-il tweeté, faisant référence à la prise de pouvoir militaire de 2014 par le général Prayut Chan-o-cha.

Rassemblant ses partisans à Bangkok le week-end dernier, Pita a promis qu'il ne cesserait pas de lutter pour la démocratie.

"Si vous ne reculez pas, je ne reculerai pas", a-t-il lancé.

E.Borstelmann--HHA