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Thaïlande: vote sous haute tension pour désigner le nouveau Premier ministre
Thaïlande: vote sous haute tension pour désigner le nouveau Premier ministre / Photo: Lillian SUWANRUMPHA - AFP/Archives

Thaïlande: vote sous haute tension pour désigner le nouveau Premier ministre

Vainqueur des élections législatives en Thaïlande, le député progressiste Pita Limjaroenrat soumet jeudi sa candidature pour devenir le prochain Premier ministre, sans la garantie d'obtenir les votes nécessaires de l'Assemblée nationale et du Sénat, dans un contexte de fortes tensions.

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Quelque 500 députés et 250 sénateurs doivent se retrouver dans la matinée dans le parlement flambant neuf, bâti au bord du fleuve Chao Phraya à Bangkok, pour une journée qui s'annonce longue.

La Thaïlande se cherche un nouveau chef de gouvernement, après une quasi-décennie de domination par les militaires, qui a vu les libertés fondamentales reculer et la croissance économique stagner.

Le parti de Pita, Move Forward, a signé un éclatant succès avec 14 millions de voix recueillies sur la base d'un programme faisant écho aux manifestations pro-démocratie de 2020, mais l'alternance réclamée se heurte aux blocages d'une Constitution favorable à l'armée qui l'a rédigée.

Le risque d'impasse maintient le scénario de manifestations géantes, récurrent en Thaïlande où les interventions de l'armée et de la justice nourrissent le cycle de crises politiques.

Pita, seul candidat à briguer le poste de Premier ministre pour le moment, doit composer avec des résistances de la part du Sénat, et des poursuites judiciaires qui pèsent comme une épée de Damoclès au-dessus de sa tête.

- Lèse-majesté en question -

Le jeune candidat (42 ans), coqueluche des nouvelles générations, a été accusé mercredi dans deux affaires distinctes, l'une pour irrégularités et l'autre pour vouloir "renverser" la monarchie.

Son parti pointe du doigt des accusations motivées politiquement, et l'intéressé se défend de toute manoeuvre illégale. Il risque la perte de son siège de député, une peine de prison et un bannissement de la vie politique durant 20 ans.

"Je garde le moral", a-t-il assuré mercredi.

"Je suis prêt à répondre à toutes les questions et j'exposerai ma vision demain (jeudi)", a-t-il poursuivi.

Malgré le soutien d'une coalition majoritaire dans la Chambre basse (312 députés sur 500) qui inclut le puissant parti d'opposition Pheu Thai, le candidat ne dispose pas des clés pour accéder au pouvoir.

Son succès dépend du ralliement d'une soixantaine de sénateurs (sur 250). Or, les membres de la Chambre haute sont nommés par les militaires, qui désapprouvent le programme de rupture de Move Forward jugé trop radical.

Parmi les points de tension, la réforme de la loi de la lèse-majesté, l'une des plus sévères au monde de ce type, soutenue par le mouvement progressiste, le seul à oser évoquer en public ce tabou.

Le camp conservateur refuse toute modification du texte, au nom du statut intouchable du roi, qui jouit d'un statut de quasi-divinité.

- prudence -

Si Pita Limjaroenrat a assuré début juillet disposer de suffisamment de votes des sénateurs, les analystes se montrent plus prudents.

En cas d'échec, députés et sénateurs se réuniront autant de fois que nécessaire, avec le risque qu'un candidat jugé plus consensuel, issu d'un autre parti, rafle la mise.

La Thaïlande, qui a connu une douzaine de coups d'Etat réussis depuis la fin de la monarchie absolue en 1932, est habituée aux crises politiques, parfois émaillées de violences.

Une figure du mouvement pro-démocratie, Anon Numpa, a assuré mercredi que "le combat (...) avait commencé", dans un message sur Facebook.

De son côté, Move Forward a appelé tous ses supporters à porter jeudi un vêtement orange, la couleur du parti.

L'ambassade de France à Bangkok a invité les résidents "à se tenir éloigné d'éventuels rassemblements publics dans les jours et les semaines qui viennent".

Le programme de Move Forward comprend aussi une nouvelle Constitution, ainsi que la fin du service militaire obligatoire pour les hommes, l'ouverture de certains marchés et la légalisation du mariage pour tous.

E.Bekendorp--HHA