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Thaïlande: Pita face au Parlement, deuxième vote prévu mercredi

Thaïlande: Pita face au Parlement, deuxième vote prévu mercredi

Le réformiste Pita Limjaroenrat, vainqueur des élections législatives en Thaïlande, compte sur un deuxième vote du Parlement, prévu mercredi, pour devenir Premier ministre, après un premier échec lié à l'opposition des généraux au pouvoir qui jugent son programme sur la monarchie trop radical.

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Un responsable de l'Assemblée nationale a indiqué vendredi à l'AFP qu'un nouveau scrutin était prévu le 19 juillet devant les députés et sénateurs, confirmant des informations de la presse locale.

La deuxième économie d'Asie du Sud-Est, empêtrée dans un cycle de crises politiques depuis plus de vingt ans, traverse une période d'instabilité, qui a réveillé le spectre de nouvelles manifestations géantes.

Les sénateurs nommés par l'armée ont rejeté jeudi la candidature de Pita Limjaroenrat pour former le prochain gouvernement, à rebours des résultats des élections du 14 mai qui ont plébiscité le programme progressiste de son parti, Move Forward.

Le député charismatique de 42 ans, coqueluche des nouvelles générations, se heurte aux limites d'un système conçu par les militaires, qui ont pris le pouvoir à la suite d'un coup d'Etat de 2014.

Les positions de Move Forward sur la place du roi et de l'armée dans la société, qui font écho aux manifestations massives de 2020 pour la démocratie, crispent les élites conservatrices qui refusent l'alternance réclamée dans les urnes, selon des analystes.

De nombreuses questions entourent le deuxième scrutin, avec l'hypothèse qu'un autre candidat, issu d'un parti minoritaire, ne fasse consensus à la place de Pita, jugé trop radical.

Le puissant parti d'opposition Pheu Thai, arrivé deuxième aux législatives, fait figure d'alternative la plus crédible, avec comme têtes d'affiches, la fille de l'ex-Premier ministre en exil Thaksin Shinawatra, Paetongtarn Shinawatra, et l'homme d'affaires Srettha Thavisin.

- "pourquoi changer ?" -

Malgré le soutien d'une coalition majoritaire de l'Assemblée nationale, Pita -- seul candidat pour le moment -- assure qu'il trouvera la solution pour rallier la cinquantaine de sénateurs (sur 250) dont il a besoin, s'il est autorisé à se présenter.

"Nous allons comprendre ce qu'il s'est passé et nous allons travailler sur une stratégie pour recevoir assez de soutien", a-t-il déclaré jeudi, à la sortie de l'hémicycle.

Mais ses chances apparaissent minimes, au vu des tensions que Move Forward suscite au sujet de sa réforme phare de la loi sur le crime de lèse-majesté, et des poursuites judiciaires visant Pita.

"Pourquoi les sénateurs changeraient leur vote, avec autant de pression du régime contre eux ?", s'interroge auprès de l'AFP l'analyste politique Thitinan Pongsudhirak.

"Si Pita ne gagne pas, la prochaine étape logique serait une candidature de Pheu Thai", moins clivant sur les questions sensibles liées au roi, a-t-il ajouté.

Le texte sur le crime de lèse-majesté, qui punit jusqu'à quinze ans de prison toute diffamation visant le roi ou sa famille, a tracé une ligne rouge entre Move Forward, porte-voix des jeunes activistes visés par des poursuites au nom de cette loi, et les sénateurs, gardiens autoproclamés des valeurs traditionnelles.

Pita Limjaorenrat est également poursuivi dans deux affaires distinctes, qui laissent planer au-dessus de sa tête la menace d'une disqualification comme une épée de Damoclès.

- menace de suspension -

Le président de la commission électorale a préconisé mercredi, à la veille du vote, une suspension de ses fonctions parlementaires, en raison d'actions qu'il possédait dans une chaîne de télévision au moment de la campagne, en opposition avec la loi.

L'intéressé, qui se défend de toute manoeuvre illégale, a dénoncé une procédure précipitée visant à influencer le scrutin prévu le lendemain en sa défaveur.

Dans un autre dossier, la Cour constitutionnelle a déclaré recevable la plainte d'un avocat qui accuse M. Pita et Move Forward de vouloir "renverser" la monarchie.

Nouvelle Constitution, abolition du service militaire obligatoire, légalisation du mariage pour tous, ouverture de certains marchés... Le programme de Move Forward veut tourner la page d'une quasi-décennie sous l'autorité de l'ex-général putschiste Prayut Chan-O-Cha, qui a vu les libertés fondamentales reculer et l'économie stagner.

La Thaïlande, qui a connu une douzaine de coups d'Etat réussis depuis la fin de la monarchie absolue en 1932, est habituée aux crises politiques alimentées par des interventions de l'armée ou des décisions de justice, parfois émaillées de violences.

Un collectif d'activistes pro-démocratie a appelé à manifester vendredi à 18h00 (11h00 GMT) dans le centre de la capitale Bangkok.

A.Gonzalez--HHA