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Crise politique en Thaïlande: Pita vers un nouvel échec dans l'accession au pouvoir

Crise politique en Thaïlande: Pita vers un nouvel échec dans l'accession au pouvoir

Une crise politique se dessine mercredi en Thaïlande où le vainqueur des dernières élections, le député réformiste Pita Limjaroenrat, en butte à l'opposition de l'armée, se dirige vers un nouvel échec au Parlement pour l'accession au poste de Premier ministre.

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"Je n'aurai sans doute pas assez de soutiens (au Parlement) pour être nommé Premier ministre", a reconnu le chef de file du parti Move Forward, estimant "évident que le vote du peuple n'est pas suffisant pour gouverner le pays", dans un message publié sur son compte Instagram.

Nouveau coup de théâtre mercredi, dans un royaume pris dans l'engrenage de crises politiques depuis plus de vingt ans, la Cour constitutionnelle a suspendu mercredi Pita Limjaroenrat de ses fonctions de parlementaire, alors qu'il assistait aux débats sur sa deuxième candidature pour devenir chef du gouvernement.

"J'aimerais vous dire au revoir jusqu'à notre prochaine rencontre", a lancé l'intéressé en quittant l'hémicycle sous les applaudissements, le poing levé.

Les juges de la Cour ont suivi les recommandations de la commission électorale, qui accuse le chef de file du parti Move Forward de posséder des actions dans une chaîne de télévision au moment de la campagne, ce qui est interdit par la loi thaïlandaise.

Pita s'est défendu de toute manoeuvre illégale et a rappelé que le média en question, iTV, n'émettait plus depuis 2007. Il risque un bannissement de la vie politique durant vingt ans.

Cette décision inflige un coup quasi-fatal au candidat, dont les changes étaient déjà minces de former le prochain gouvernement.

La Thaïlande divisée, où interventions de l'armée et décisions de justice ont souvent perturbé le cours de la démocratie, à l'avantage des élites conservatrices royalistes, traverse une nouvelle période d'instabilité sans qu'une issue ne se dessine.

- chances minimes -

Plébiscité en mai pour son programme promettant de tourner la page d'une quasi-décennie de domination militaire, en écho aux manifestations pro-démocratie de 2020, Pita Limjaroenrat incarne à 42 ans le renouveau souhaité par les Thaïlandais.

Bien que suspendu comme député, Pita peut toujours se présenter pour devenir Premier ministre, car la loi thaïlandaise permet la nomination de personnalités extérieures à l'hémicycle, tant qu'elles ont été choisies par un parti.

Mais plus de cinq heures après le début des discussions, députés et sénateurs se déchiraient toujours pour savoir s'il devait avoir une deuxième chance, après un premier rejet par le Parlement bicaméral jeudi.

Le camp conservateur brandit un point du réglement qui empêche une motion préalablement refusée par le Parlement d'être présentée à nouveau lors d'une même session.

Pita a besoin du ralliement d'une cinquantaine de sénateurs supplémentaires (sur 250) pour obtenir la majorité requise. Seuls treize d'entre eux l'ont approuvé au premier vote.

Son projet de réformer la loi sur la lèse-majesté a tracé une ligne jaune avec les sénateurs, qui refusent tout compromis avec Move Forward, jugé trop radical vis-à-vis de la monarchie.

Pour le moment, Pita Limjaroenrat est le seul candidat déclaré pour devenir Premier ministre.

- risque de contestations -

En cas de deuxième défaite, il a promis qu'il se retirerait au profit du parti Pheu Thai, deuxième force dans l'hémicycle et membre de la coalition pro-démocratie.

L'homme d'affaires Srettha Thavisin (60 ans), au profil plus consensuel, est le mieux placé pour prendre la suite, mais la présence de Move Forward parmi ses soutiens pourrait dissuader les sénateurs et ainsi le pousser à s'allier avec des mouvements plus conciliants avec l'armée.

La Thaïlande, où subsistent de fortes inégalités, affiche l'un des taux de croissance les plus faibles d'Asie du Sud-Est, qui appelle à des réformes structurelles d'ampleur.

Les milieux économiques s'inquiètent en cas d'instabilité prolongée, qui pourrait impacter le secteur vital du tourisme.

Si le parti perd à nouveau au Parlement, "il y aura un retour de bâton, c'est certain. Il y a déjà quelques manifestations, les soutiens de Move Forward se sentent floués, volés", estime l'analyste politique Thitinan Pongsudhirak.

Environ 200 soutiens de Move Forward font face aux policiers équipés de boucliers devant le Parlement, protégé par un important dispositif de sécurité, a constaté un photographe de l'AFP sur place.

La dissolution de Future Forward en 2020, l'ancêtre de Move Forward, avait conduit à des manifestations massives à Bangkok réclamant plus de démocratie et de transparence.

H.Eggers--HHA