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L'Equateur élit son président dans la psychose
L'Equateur élit son président dans la psychose / Photo: Cristina Vega RHOR - AFP

L'Equateur élit son président dans la psychose

Sans incident majeur mais sous haute sécurité et dans la psychose, les électeurs équatoriens ont voté dimanche pour des élections générales anticipées bouleversées par l'assassinat de l'un des principaux candidats à la présidentielle et l'insécurité prévalant dans le pays.

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"La situation est très difficile, nous ne sommes en sécurité nulle part, mais nous devons élire un président avec l'espoir qu'il y aura une amélioration", a commenté à Quito Magdalena Maurisaca, résumant l'état d'esprit d'un pays qui fut longtemps un havre de paix en Amérique latine.

"Insécurité et chômage... Nous avons besoin d'une main ferme pour mettre fin à tout cela", a plaidé une autre électrice, Inés Iturralde, une commerçante de 58 ans. "Nous en avons assez des gens corrompus", insistait Carla, une étudiante.

Le scrutin se déroulait 11 jours après la mort à Quito, sous les balles d'un commando de tueurs à gages colombiens, du candidat centriste Fernando Villavicencio, un ex-journaliste de 59 ans et l'un des favoris du scrutin.

- "Mobilisation massive" -

Quelque 82% des 13,4 millions électeurs se sont rendus aux urnes, a indiqué la commission électorale, à la fermeture du vote à 17H00 locales (22H00 GMT). Une mobilisation "massive", d'après la CNE, selon laquelle "il n'y a pas eu un seul incident susceptible d'affecter la démocratie", si ce n'est des "difficultés" rapidement "surmontées" pour le vote par internet depuis l'étranger.

Les Equatoriens votaient pour élire leur président, leur vice-président et les 137 députés du Congrès monocaméral. Les premiers résultats doivent être publiés le soir même.

Les huit candidats ont voté sans incident, mais toujours sous d'omniprésentes escortes, et en gilet pare-balles apparent pour au moins deux d'entre eux.

Meilleur ami du défunt Villavicencio, le journaliste Christian Zurita, 53 ans, qui l'a remplacé au pied levé, a voté sourire aux lèvres à Quito, avec en plus un casque lourd sur la tête.

Une haie de militaires en armes et gardes du corps l'entourait, le cachant presque totalement à la vue des nombreux journalistes présents.

Ce protagoniste inattendu du scrutin a réaffirmé sa "détermination" à "sortir l'Equateur de cette période sombre et difficile". Il n'a cessé ces derniers jours de répéter qu'il "honorerait la mémoire" de son ami en appliquant intégralement son programme anticorruption contre les "mafias".

Tous deux avaient mis au jour ces dernières années de retentissants scandales de corruption, dont l'enquête qui a abouti à la condamnation de l'ancien président socialiste Rafael Correa (2007-2017) à huit ans de prison et à son départ en exil.

- Jungle ou pétrole? -

La rivale de M. Zurita, seule femme dans la course à la présidence, Luisa Gonzalez, 45 ans, se pose elle comme l'héritière de l'ancien président Rafael Correa.

"Tout est entre les mains du peuple équatorien, le plus probable est que nous n'aurons qu'un seul tour", a affirmé celle qui était la favorite des sondages jusqu'à l'assassinat de M. Villavicencio.

Un éventuel second tour est prévu le 15 octobre.

"Nous devons éradiquer la violence (...)", a une nouvelle fois martelé le troisième candidat dans l'ordre des sondages, Jan Topic, ancien de la Légion étrangère française, aussi surnommé le "Bukele équatorien" en référence au dirigeant salvadorien à poigne Nayib Bukele.

Un autre candidat de droite, Daniel Noboa, fils de l'un des hommes les plus riches du pays et benjamin du scrutin à 35 ans, a relayé également ce discours musclé contre les groupes criminels.

Taux d'homicide record, massacres entre gangs rivaux dans les prisons... Jusqu'à il y a peu surtout réputé pour ses bananes, ses crevettes et les emblématiques îles Galapagos, l'Equateur a été contaminé ces dernières années par le trafic de drogue venant de Colombie et du Pérou, sponsorisé par les cartels mexicains.

A cette violence s'ajoute une crise institutionnelle privant le pays de Congrès depuis trois mois après la décision du président Guillermo Lasso d'appeler à ces élections générales anticipées pour éviter sa destitution sur fond d'accusations de corruption.

Trois discours ont dominé ces élections: les promesses par Zurita de lutte contre la corruption, le discours musclé -- en particulier de Topic -- contre la criminalité, et le discours corréiste ou de gauche, aux accents plus sociaux et prônant la lutte contre le chômage pour réduire l'insécurité.

Ce dimanche, les Equatoriens se prononçaient aussi par référendum sur la poursuite ou non de l'exploitation pétrolière dans la jungle amazonienne de Yasuni (Nord-Est), terre indigène et réserve unique de biodiversité. Une consultation "historique" aux yeux des défenseurs de l'environnement et du climat, alors que le pétrole amazonien est le premier produit d'exportation du pays et source de financement majeur de l'Etat.

"J'ai mauvaise conscience de voter en faveur de l'exploitation pétrolière, mais l'Equateur vit de ce pétrole", a commenté Mme Maurisaca.

F.Fischer--HHA