Hamburger Anzeiger - La population "se terre" au Nagorny Karabakh, malgré le cessez-le-feu en vigueur

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La population "se terre" au Nagorny Karabakh, malgré le cessez-le-feu en vigueur

La population "se terre" au Nagorny Karabakh, malgré le cessez-le-feu en vigueur

Les soldats azerbaïdjanais encerclent vendredi Stepanakert, la "capitale" de la région séparatiste du Nagorny Karabakh où la population en majorité arménienne "se terre dans les caves" par crainte de violences, malgré le cessez-le-feu signé avec l'Azerbaïdjan.

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"La situation à Stepanakert est horrible, les troupes azerbaïdjanaises sont partout autour de la ville, elles sont à la périphérie", a déclaré Mme Armine Hayrapetian, une porte-parole des autorités de ce territoire sécessionniste.

"Les gens craignent que les soldats azerbaïdjanais ne puissent entrer dans la ville à tout moment et commencer des massacres", a-t-elle poursuivi.

Stepanakert et d'autres régions du Nagorny Karabakh sont en outre privées de la plupart des services de base depuis l'offensive éclair en début de semaine de l'armée azerbaïdjanaise pour reconquérir cette enclave, a ajouté Mme Hayrapetian.

"Pas d'électricité, pas de gaz, pas de nourriture, pas de carburant, pas de connexions internet ni téléphoniques", "les gens se terrent dans les caves", a-t-elle encore dit.

Accusé de passivité face au voisin azerbaïdjanais, le Premier ministre arménien Nikol Pachinian a reconnu au cours d'un conseil des ministres que "la situation" restait "tendue" au Nagorny Karabakh où "la crise humanitaire se poursuit".

Mais "il y a un espoir de dynamique positive", a ajouté le chef du gouvernement pour qui le cessez-le-feu entré en vigueur mercredi entre les séparatistes arméniens et Bakou est "globalement" respecté, malgré des "violations isolées" signalées jeudi.

Selon le dernier bilan des séparatistes arméniens, l'opération militaire azerbaïdjanaise, qui s'est achevée en 24 heures mercredi à la mi-journée, a fait au moins 200 morts et 400 blessés.

- Nouvelles manifestations -

Vendredi matin, des manifestants hostiles au Premier ministre sont de nouveau descendus dans les rues d'Erevan, la capitale de l'Arménie, pour protester contre la gestion de la crise au Nagorny Nagorny Karabakh par le gouvernement.

Les partis d'opposition accusent Nikol Pachinian d'avoir fait trop de concessions à Bakou et réclament sa démission. Des chefs de l'opposition ont également annoncé leur intention d'ouvrir une procédure de destitution de Nikol Pachinian au Parlement.

Des dizaines de manifestants ont été arrêtés mercredi et jeudi devant les bureaux du Premier ministre à la suite d'émeutes au cours desquelles des manifestants ont jeté des bouteilles et des pierres.

Face aux manifestations, M. Pachinian a exhorté jeudi les Arméniens à emprunter "le chemin" de la paix, même s'il n'est "pas facile".

L'offensive de l'Azerbaïdjan a fait jeudi l'objet d'une passe d'armes entre Erevan et Bakou devant le Conseil de sécurité de l'ONU, réuni d'urgence à la demande de la France.

Le ministre arménien des Affaires étrangères, Ararat Mirzoyana, a affirmé qu'il n'y avait pas "deux parties dans ce conflit mais un agresseur et une victime", accusant Bakou d'avoir déclenché une offensive "injustifiée et planifiée", visant à "finaliser le nettoyage ethnique" au Nagorny Karabakh.

Son homologue azerbaïdjanais, Djeyhoun Baïramov, a dénoncé pour sa part une "campagne de désinformation" menée par Erevan, qu'il a accusé d'"alimenter et de soutenir les séparatistes".

Bakou et les Arméniens du Nagorny Karabakh se sont dit malgré tout prêts à poursuivre les pourparlers sur une "réintégration" de ce territoire sécessionniste à l'Azerbaïdjan, qui ont débuté jeudi à Yevlakh, une ville située à 295 km à l'ouest de la capitale azerbaïdjanaise, Bakou.

La présidence azerbaïdjanaise, qui a qualifié de "constructives" les deux heures de discussions, a annoncé qu'une nouvelle réunion aurait lieu "le plus rapidement possible".

"Les parties ont insisté sur la nécessité de discuter de tous les problèmes existants dans un environnement paisible et ont fait part de leur disposition à poursuivre les réunions", ont commenté les séparatistes dans un communiqué.

- Craintes de départ massif -

Le Premier ministre arménien a accusé de son côté la Russie, dont un contingent est déployé au Nagorny Karabakh depuis la guerre de l'automne 2020, d'avoir failli à sa mission de maintien de la paix. "Je ne pense pas que nous devions fermer les yeux sur l'échec du contingent" russe "au Nagorny Karabakh", a-t-il lâché à la télévision.

Selon l'Azerbaïdjan, six soldats de la paix russes ont été tués dans deux incidents séparés pendant son offensive. Le président azerbaïdjanais Ilham Aliev a présenté "ses excuses" à son homologue russe Vladimir Poutine pour ces morts.

Le succès militaire des Azerbaïdjanais nourrit les craintes d'un départ massif des 120.000 habitants du Nagorny-Karabakh, même si l'Arménie a promis qu'aucune évacuation de masse n'était prévue. Celle s'est néanmoins dit prête à accueillir "40.000 familles" de réfugiés.

Selon l'agence de presse d'État azerbaïdjanaise Azertag, Bakou a envoyé vendredi 40 tonnes d'aide humanitaire dans cette région. Plus de 10.000 personnes, dont des femmes, des enfants et des personnes âgées, ont par ailleurs déjà été évacuées, a affirmé un responsable séparatiste.

Le Nagorny Karabakh a déjà été le théâtre de deux guerres entre les anciennes républiques soviétiques du Caucase que sont l'Azerbaïdjan et l'Arménie : l'une de 1988 à 1994 (30.000 morts) et l'autre à l'automne 2020 (6.500 morts).

burx-vab/bds/pa

Ch.Brandes--HHA