Hamburger Anzeiger - Dans Stepanakert, la capitale fantôme du Karabakh

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Dans Stepanakert, la capitale fantôme du Karabakh
Dans Stepanakert, la capitale fantôme du Karabakh / Photo: EMMANUEL DUNAND - AFP

Dans Stepanakert, la capitale fantôme du Karabakh

Une ville intacte mais abandonnée à elle-même, figée dans un silence pesant, sans le moindre souffle de vie: l'AFP a pu exceptionnellement pénétrer lundi pour deux heures et sous escorte azerbaïdjanaise dans Stepanakert, la capitale de l'ex-enclave séparatiste arménienne.

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La ville montagneuse, intégralement vidée de sa population en quelques jours est en passe d'être reconquise par l'Azerbaïdjan, après 30 ans de conflit. Une offensive éclair contre la république autoproclamée du Haut-Karabakh a mené le 20 septembre à la capitulation des séparatistes arméniens.

Passé le petit checkpoint temporaire azerbaïdjanais, "Stepanakert" accueille en caractère arménien blanc sur fond rouge. Puis un portrait un peu fané de Poutine, l'allié historique d'Erevan.

Mais Bakou a déjà remplacé en moins d'une semaine le panneau du bord de route par un flambant neuf "Khankendi", le nom azéri de la ville.

La présence du vainqueur est encore discrète et seuls quelques policiers patrouillent dans la ville.

Mais le réseau mobile azerbaïdjanais fonctionne parfaitement dans certains secteurs et les petites voitures rouges de l'opérateur Bakcell sont à pied d'oeuvre au pied des antennes.

- 55.000 habitants -

Tous les bâtiments, restaurants, hôtels, supermarchés sont vidés et désertés, pour beaucoup fracturés et les étals vides, signe de pillages ou de départs à la hâte.

Plus aucun drapeau arménien n'est visible depuis la route. Aucun civil en vue.

Le seul habitant arménien aperçu sur des kilomètres de traversée est un homme seul, hagard, portant un sceau à la main et entouré d'une meute de six bergers allemands.

Stepanakert, dite affectueusement Stepa, semble avoir été figée par une catastrophe invisible, à la fois intacte, sans traces de combat et de bombardement. Simplement vide.

Les usines à l'allure soviétique, les chantiers des nouveaux pavillons pour classe moyenne, les potagers des maisonnettes, les poubelles et même le bétail sont livrés à eux-même.

Les seuls mouvements significatifs sont ceux, nombreux, des soldats russes du contingent de maintien de la paix déployé depuis 2020. Avec leurs immenses bases, leurs églises orthodoxes à bulbes dorés, ils sont dans Stepanakert comme chez eux.

On les croise en tank, voiture ou à pieds et même à vélo, dans les faubourgs de la ville.

A part eux, qui se trouve encore dans la ville de 55.000 habitants ? Personne ne répond avec exactitude côté azerbaïdjanais.

Mais le dirigeant de l'enclave séparatiste Samvel Chahramanian a promis lundi de rester dans la capitale de ce territoire jusqu'à la fin des opérations de secours pour les victimes du conflit.

- Cannabis et hélicoptère -

A bonne distance de la ville, marquée par l'un des conflits les plus meurtriers des dernières années, les officiels azerbaïdjanais guident jusqu'à un champ, en bordure de l'ancien aéroport de Stepanakert, situé à Khojali, servant aujourd'hui de base aux contingents de Moscou.

Au milieu des odorants pieds verts qui leur arrivent à la taille, les officiels azerbaïdjanais en uniforme condamnent devant les caméras, la présence de 100 hectares de cannabis, une ressource qui a financé selon eux le "terrorisme" séparatiste arménien dans l'enclave.

Pourquoi ce champ prolifère-t-il littéralement au pied de la base russe et pourquoi y conduire la presse ?

"Une enquête est en cours, nous ne faisons pas de commentaires", répond Aykhan Mustafayev, représentant du ministère des Affaires intérieures.

Un hélicoptère militaire de l'armée russe surgi d'ailleurs de nulle part, ébouriffant les officiels, les journalistes et les plans d'herbe avant de se poser, inaccessible derrière des barbelés sur la piste d'atterrissage du vieil aéroport arménien.

Malgré la scène inattendue, le responsable azerbaïdjanais savoure le paysage.

"C'est émouvant, après des années de chagrin, de désespoir, c'est enfin terminé et nous pouvons revenir librement ici", dit M. Mustafayev.

H.Graumann--HHA